Apparu dans le monde de la bande dessinée en 1967, Valérian, agent spatio-temporel est devenu un héros de science-fiction incontournable. Jeune sauvageonne, Laureline va l’accompagner dans toutes ces aventures. Pour la série « Valérian vu par… », après Mathieu Lauffray et Manu Larcenet, Virginie Augustin est devenue la nouvelle dessinatrice d’un album. Sous la plume de Pierre Christin, scénariste d’origine de la saga, « Là où naissent les histoires » propose une nouvelle version des aventures de Valérian et Laureline. L’album porte une symbolique forte puisque lors de sa réalisation, Jean-Claude Mézières, le dessinateur d’origine, est décédé.

Entretien avec Virginie Augustin à propos de cette nouvelle épopée de Valérian et de Laureline.
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Vous êtes la première femme à dessiner les aventures de Valérian et de Laureline. Comment êtes-vous arrivée dans le projet ?

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François Le Bescon, éditeur chez Dargaud, m’a envoyé un mail me proposant de dessiner le nouvel album de Valérian. Ayant beaucoup apprécié ses différentes collaborations avec Annie Goetzinger, le scénariste Pierre Christin voulait travailler à nouveau avec une dessinatrice.

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Était-ce logique qu’une femme puisse travailler tôt ou tard sur les aventures de Valérian et de Laureline, le projet étant depuis le début féministe ?

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Au fil des années et des rencontres, j’ai pu me rendre compte de l’impact laissé par Valérian. Beaucoup de femmes sont entrées dans le monde de la bande dessinée via le travail de Pierre Christin et de Jean-Claude Mézières. Dès l’enfance, je lisais les BD de Valérian. Mézières a été le dessinateur « doudou ». Beaucoup l’ont comparé à Moebius, artiste plus cérébral. Je peux le dire : entre les deux, je préfère Mézières.

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Vous avez également réalisé les couleurs avec Delf. Comment succède-t-on à Evelyne Tranlé, sœur de Mézières et coloriste historique de Valérian ?

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On ne peut pas (rires). Son traitement de couleurs qui paraît si simple était finalement très complexe. Avec Delf, nous avons fait le choix d’être plus sages. « Là où naissent les histoires » se passant essentiellement sur Terre et sur des endroits très référencés, nous nous sommes inspirées de photos.

Comme pour le dessin, nous avons souhaité garder le style d’Evelyne pour le reste.

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Comment travaille-t-on avec Pierre Christin sur une histoire dont les personnages principaux sont des enfants ?

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Après lecture du scénario, j’ai fait part à Pierre de mon regret de dessiner une aventure de Valérian et de Laureline qui se passe essentiellement sur Terre. Je craignais que le lecteur soit surpris par un tel choix. Pierre m’a tout de suite convaincue en rétorquant : « Je ne vais pas faire ce que les fans attendent ».

J’apprécie lorsqu’un auteur repense et réinvente son travail et surtout va là où on ne l’attend pas. Chez Pierre, il y a une réelle vivacité d’esprit et de jeunesse.

Le fait que Valérian et Laureline soient devenus des enfants amenaient à une autre histoire et un autre ton.

Le titre « Là où naissent les histoires » a été choisi au moment où nous étions en train de terminer l’album. Pierre a abandonné notre titre de travail pour cette idée de décrire cette histoire humaine se déroulant en Asie mineure.

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Quelle fut la part de Mézières dans votre travail sur l’album ?

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Même si je travaille sur d’autres projets BD, j’entends encore sa voix. Cependant, dès ma participation au projet, Jean-Claude est parti du principe de me donner la liberté la plus totale. Il m’a juste dit qu’il avait aimé mon travail sur « Conan le Cimmérien – Chimères de fer dans la clarté lunaire » (2019).

Au cours d’une de mes visites chez Pierre Christin, j’ai pu voir Jean-Claude. Nous avons alors pu discuter sur certaines de mes planches. Jean-Claude a été respectueux de mon travail et a toujours été très disponible. Nous avions prévu d’échanger davantage sur la couverture « Là où naissent les histoires ». Malheureusement, Jean-Claude est décédé entre temps.

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La couverture a été difficile à réaliser ?

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Non car Pierre Christin a trouvé la bonne idée.

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Comment avez-vous conçu les créatures ?

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Que ce soit pour les vaisseaux et les créatures, je suis restée très fidèle au travail de Mézières. La seule originalité fut pour les Delphes, androïdes possédant le talent de raconter des histoires et qui sont chargés d’écrire les sitcoms qui cartonnent sur toutes les chaînes de Point Central. Je suis partie sur l’idée qu’il s’agissait d’automates ultraperfectionnés. D’ailleurs, ce que j’apprécie le plus dans le travail de Mézières, ce sont les bestioles.  

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On peut également apercevoir le pénis du surfeur…

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Dans la version française oui. Pour les autres, le sexe a été effacé. Lorsque je travaille sur un script, je dessine les choses de façon claire. Le surfeur étant pensé comme un sex friend – par conséquent je l’ai vu comme un toy boy pour sa patronne.

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Vous mélangez science-fiction et les paysages de la Géorgie. Est-ce que ce fut un plaisir de mêler imagination et réalité historique ?

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Grand voyageur, Pierre Christin a eu l’occasion de visiter le pays. Quant à moi, j’ai juste illustré ce qu’il me racontait et ce que je trouvais sur Internet. J’aime beaucoup les rencontres et je m’en inspire. J’ai notamment connu les propriétaires d’un restaurant géorgien dans le quartier parisien de Saint Michel.

La Géorgie semble être à la fois un pays complexe et très accueillant. 

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Vous avez également participé au numéro 3 de la nouvelle version de Métal Hurlant (avec la courte histoire – « Red »). Était-ce un honneur de participer à un tel monument de science-fiction ?

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Oui. Je ne pouvais pas refuser. Je travaillais au même moment sur l’album sur Valérian. C’est amusant car Métal et Valérian étaient les seuls projets de science-fiction que je ne pouvais refuser. Ils sont arrivés en même temps. « Red » et « Là où naissent les histoires » se sont inspirés mutuellement.

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Allez-vous dessiner une autre histoire de Valérian ?

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Non car en principe chaque dessinateur ne peut faire qu’un album. Cependant, il n’est pas impossible que je puisse retravailler avec Pierre Christin mais ce n’est pas pour tout de suite. J’ai mes propres projets et lui aussi.

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