“Giacomo est l’un des auteurs de bande dessinée vivants les plus intelligents et les plus talentueux. Il est aussi l’un des rares que j’envie.” déclare le dessinateur Gipi.
A notre premier aperçu, les points et les rayures sur le dessin intriguent. Les couleurs chaudes également. Dans le style graphique de Giacomo Nanni, il y a plusieurs couches qu’il faut percevoir. Illustrations de la nature mais aussi de notre vie quotidienne, l’artiste italien originaire de Rimini surprend sur la forme mais sur le fond.
Auteur de l’audacieux « Acte de Dieu » où se racontent un jeune cerf, un fusil et un volcan, Giacomo Nanni expose actuellement à la Galerie Martel à Paris. L’occasion de découvrir son univers graphique.
Entretien.
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Est-ce que ce sont les super héros qui vous ont donnés envie de faire de la bande dessinée ?
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Très jeune, je voulais réaliser de la BD. J’avais une préférence pour DC Comics avec des personnages comme Batman et Superman. Un ami de mon père m’a également fait découvrir Métal Hurlant. Cela m’a passionné car c’était graphiquement révolutionnaire. J’ai notamment admiré le travail réaliste de Moebius.
Cependant, mes derniers travaux en tant que dessinateur ne sont pas inspirés seulement par de la bande dessinée. J’observe aussi le monde qui m’entoure.
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Le dessinateur Igort a été votre professeur. Que vous a-t-il appris ?
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Il m’a fait comprendre que la bande dessinée était avant tout un langage. Vous pouvez tout aussi bien travailler le dessin comme un pictogramme. En une seule image, vous pouvez être capable de tout résumer.
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« Le garçon qui cherchait la peur » a été votre premier album. Inspiré d’un conte des frères Grimm, il raconte l’histoire d’un enfant déficient mental. Le récit peut déstabiliser le lecteur. L’avez-vous été également ?.
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Chaque chapitre a été une découverte pour moi. Les séquences ont même changé de place selon les versions. Je n’étais pas trop content de la version italienne après l’avoir vue publiée, parce que j’avais remanié la séquence des chapitres pour le rendre plus lisible. Mais c’était inutile. At alors, lorsque « Le garçon qui cherchait la peur » est sorti en français, j’ai proposé la version originale.
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« Casanova, histoire de ma fuite » est un livre en noir & blanc et anxiogène. Avez-vous eu envie de changer l’image romantique du personnage historique ?
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J’ai adapté fidèlement les écrits de Casanova. Casanova ayant écrit en français, j’ai décidé de sortir le livre directement dans la langue de Molière. Contrairement à ses mémoires, il ne raconte pas ses aventures amoureuses. Par conséquent, je voulais montrer une autre facette du personnage.
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« Vince Taylor n’existe pas » est également un biopic mais avec beaucoup de fictions. Aimiez-vous dessiner ce personnage libre et sans état d’âme ?
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J’ai travaillé sur le projet avec Maxime Schmitt. Il s’agissait de l’adaptation d’un roman. J’aimais le côté surréaliste voire dada de l’histoire. Ce Vince Taylor n’a aucun sentiment et est sans limite. Même si l’œuvre est avant tout fictive, je pense que le personnage est assez proche de ce qu’était vraiment le « démon noir du rock n roll ».
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Vous utilisez la trame graphique avec seulement quelques couleurs. Est-ce devenue de signature ? Souhaitiez-vous plus d’originalité ?
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De tels dessins demandent beaucoup de réflexion. Il m’arrive de passer beaucoup de temps à observer mes dessins en noir & blanc pour trouver la bonne trame et les bonnes couleurs. Cependant, je ne souhaite pas que cela devienne une marque.
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« Prima di Adama », « Acte de Dieu », « Tout est vrai ». Est-ce que ce sont des œuvres hommages à la nature ?
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Ce n’était pas en tout cas un processus conscient. Cela me plaisait de raconter et d’illustrer ces histoires.
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« Tout est vrai » est-il une suite d’« Acte de Dieu » ?
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Il y a des similitudes graphiques mais aussi des différences. « Acte de Dieu » est un récit choral : de nombreux récits se croisent. Tandis que « Tout est vrai » est une seule et même histoire.
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Pourquoi utilisez-vous des catastrophes dans vos histoires (le tremblement de terre du 24 août 2016 en Italie et les attentats de Paris ?
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J’aime utiliser le réel pour mieux amener le lecteur dans mon récit. Ces événements m’ont également marqué. Je suis originaire de Romagne, un territoire italien assez sujet aux tremblements de terre et j’étais à Paris lors des attentats.
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Paris est-il une ville qui vous inspire ?
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Oui. Je vis ici depuis 11 ans et encore de nos jours je découvre de nouveaux endroits.
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Vous exposez actuellement à la galerie Martel les dessins de votre nouveau livre « Un jour le soir ». C’est une joie de présenter vos œuvres ?
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Après avoir passé des mois à travailler sur un album, présenter votre travail est un moment de détente. Je suis même surpris de voir mes dessins exposés.
Chaque dessin raconte une petite histoire. Au fur et à mesure du projet, « Un jour le soir » est aussi devenu un récit à lui seul.
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