Je ne connais pas de référence naturiste au XVIIe siècle, mais dès l’Antiquité, dans la plupart des civilisations, la nudité simple ne posait aucun problème. Chacun se rendait bien compte des effets bienfaisants pour la santé (en évitant les excès bien sûr) de la baignade, du grand air et du soleil en nudité intégrale. Les vraies références médicales par rapport au naturisme datent plutôt chez nous de la fin du XIXe siècle, en Allemagne puis en France, surtout en réaction face à des comportements sociaux délétères sur le plan de l’hygiène et du respect du corps humain. En tout cas, aujourd’hui encore évidemment, la santé et l’hygiène sont des motivations majeures, comme le bien-être physique et psychologique d’ailleurs.
– Quelle est la différence entre naturiste et nudiste?
Je reprendrai les définitions données par Marc-Alain DESCAMPS dans son livre « Psychosociologie du naturisme » (Éditions Trimegiste):
« – le naturisme étant un idéal, le naturiste est un nudiste animé par un idéal; il s’agit de combattre les abus de la société industrielle, de consommation et urbaine, par un retour à l’inspiration naturelle; » (les valeurs écologiques ne lui sont pas étrangères)
« – le nudiste est celui qui se met parfois intégralement nu et refuse de s’encombrer de tout cet idéal naturiste. » (des comportements mauvais pour la santé et/ou pour la planète peuvent ne pas le gêner par ailleurs).
J’y ajouterai aussi le nudien, qui est quelqu’un
vivant presque toujours nu (à domicile, au sport, en vacances, avec ses amis et en famille), ne s’habillant que pour des raisons de protection contre les intempéries ou pour des raisons pratiques, de sécurité ou sociales, mais finalement sur une minorité de son temps. Personnellement, je me considère plutôt comme un nudien naturiste.
– Les nouvelles générations sont-elles plus pudiques ou y’a-t-il un retour du naturisme?
On ne peut pas vraiment considérer comme de la pudeur une opposition à la pratique naturiste. La véritable pudeur est une retenue et une maîtrise dans l’expression et la manifestation de ses sentiments; la pudeur est une valeur positive qui existe évidemment chez les naturistes, même et surtout lorsqu’ils sont intégralement nus. Mais le plus souvent, on a affaire chez les ennemis du naturisme à de la pudibonderie, à du puritanisme ou à de la peur (nudophobie). Tout cela étant lié à des endoctrinements culturels, éducatifs, le plus souvent totalement étrangers aux grandes religions et philosophies. Cela touche certains groupes humains, certaines régions, et pas d’autres. Les nouvelles générations n’ont aucune raison d’être opposées au naturisme, si elles ont les bonnes informations sur ce en quoi il consiste et surtout si elles ont la possibilité de l’expérimenter librement. Le naturisme étant un art de vivre, une éducation voire une élévation d’esprit, avec une dimension universelle, il ne peut que se développer dans une civilisation florissante, de liberté, de tolérance, de connaissance et d’intelligence. Il y a actuellement un essor plutôt qu’un retour de ces valeurs, et dans tous les pays du monde (plus ou moins rapidement cependant…).
– Le naturisme a-t-il toujours un aspect social et écologique?
Oui, dans la mesure où ce mouvement, né au tournant des XIXe et XXe siècles, a été défini et expérimenté dans le respect de ces valeurs en particulier (mais pas seulement). La santé, l’hygiène et le bien-être, comme le bon entretien du corps et de l’esprit en sont aussi des bases essentielles. La recherche d’une plus grande égalité entre les individus est une conséquence visible dans les structures naturistes (associations, centres de vacances). L’écologie, lorsqu’on souhaite mieux s’intégrer à la nature, coule de source. Le naturisme, dans sa définition même, vise au respect de l’environnement sans lequel il ne peut y avoir un véritable équilibre (même s’il existe un naturisme urbain, sa pratique en milieu naturel est toujours préférée, quand c’est possible).