Jusqu’alors situé au niveau du Jardin Atlantique, au-dessus de la gare Montparnasse, le Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris- Musée Jean Moulin a fermé ses portes au public le 1er Juillet 2018. Il sera inauguré le 25 août prochain dans le 14ème arrondissement au-dessus de l’ancien poste de commandement du colonel Rol Tanguy, responsable régional des FFI pour l’Ile-de-France et un des meneurs de la résistance parisienne durant la Libération.

Cette transition s’alimente également d’une nouvelle réflexion pour ce musée de la Ville de Paris. En apparence « au repos », il reste pourtant actif pour son déménagement et sur internet en particulier sur les réseaux sociaux. Sylvie Zaidman, directrice du Musée du général Leclerc et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin, nous a reçus pour nous donner des nouvelles sur l’avenir de ce lieu de mémoire parisienne.

 

 

 

Quels sont les principaux défis du déménagement du Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris- Musée Jean Moulin ?

 

 

Ce musée municipal existe depuis 1994. A l’époque, deux musées avaient été inaugurés : d’un côté le Musée Jean Moulin, de l’autre le Mémorial du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris. Ces deux entités étaient réunies dans un seul établissement. On avait pensé qu’il était important d’installer ces deux musées au-dessus de la gare de Montparnasse, lieu de la signature des cessez-le-feu le 25 août 1944 par le général von Choltitz, commandant militaire du Gross Paris.

 

Au fil du temps, se sont posés des problèmes d’accessibilité. Il est difficile de se rendre au musée, notamment pour les personnes âgées. La signalétique insuffisante présente des difficultés pour trouver le musée. Résultat : ce musée n’a pas la fréquentation qu’il mérite.

 

L’idée est venue d’installer ce musée dans un endroit plus visible. La Ville de Paris disposait d’un site d’une grande valeur patrimoniale et historique peu mis en valeur malgré son lien avec la Libération de Paris. Une étude a été faite pour aménager les pavillons Ledoux en tant que nouvel emplacement du musée. Elle a conclu qu’il était possible et intéressant de transférer le musée dans ces pavillons de la place Denfert-Rochereau.

Nous profitons également de ce déménagement pour repenser la muséographie et la scénographie. Le public d’aujourd’hui n’est pas le même que celui qui visitait le musée il y a 25 ans.

 

 

 

Les pavillons Ledoux sont en effet des lieux de mémoire. A-t-on une approche différente au sein des murs d’un monument historique ?

 

 

 

Ces deux magnifiques pavillons ont été conçus par Claude Nicolas Ledoux quelques années 44574552_173454520253958_4201732416521371648_navant la Révolution française pour servir d’octroi. Ils marquaient l’entrée de Paris. Les façades sont très belles et le premier enjeu a été de les restaurer. La DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) a aidé financièrement cette opération. Les lieux sont respectés et la restauration est aujourd’hui  terminée.

 

Tout l’enjeu muséographique est d’utiliser les contraintes imposées par le monument historique pour créer une nouvelle scénographie et pour trouver une cohérence entre le parcours et le lieu.

 

 

Quelles sont les spécificités d’un musée parisien ?

 

 

Les 14 musées de la Ville de Paris sont regroupés dans un établissement public, Paris Musées, depuis 2013. Il y a une dynamique de groupe qui s’est créée entre les musées (Carnavalet, les catacombes, le Petit Palais,…).

Paris est une ville-monde et l’offre est immense. Il faut à la fois se singulariser et être sûr de notre place. Nous racontons le parcours du général Leclerc et celui de Jean Moulin. Le premier 3304090-retour-a-jean-moulinest une figure emblématique de la résistance extérieure, le second de la résistance intérieure. Ils ne se sont jamais rencontrés mais chacun d’eux avait un engagement total. Nous racontons aussi l’histoire d’une capitale occupée pendant quatre ans et sa libération au mois d’août 1944.

A la fois musée d’histoire et musée citoyen, nous sommes soutenus financièrement par le ministère des Armées et des mécènes qui nous font confiance pour réaliser un parcours pédagogique et scientifique. Nous avons un positionnement fort en terme historique. C’est pourquoi ceux qui ont participé aux combats pour libérer la France nous confient leur mémoire ou leurs objets, qui racontent chacun une partie de l’histoire. Nous faisons l’aller-retour entre le passé et le présent. Nous dialoguons avec la mémoire en proposant un cadre scientifique.

 

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Avez-vous des liens avec d’autres musées français et étrangers ?


 

Nous avons des échanges avec les autres musées parisiens partenaires tels que le Musée de l’Ordre de la Libération, le Mémorial de la Shoah, le Musée de l’Armée ou encore le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) à Lyon.

Nous travaillons également avec une historienne britannique et un historien allemand.

Actuellement nous cherchons à cultiver de nouveaux liens qui nous permettraient d’illustrer, dans le futur parcours du musée, la participation américaine à la libération de Paris. Je souhaite traiter de ce sujet à partir d’objets ayant appartenu à un soldat américain. Nous espérons un témoignage écrit, des photos, des objets d’un américain ayant participé à la libération de Paris. Je profite de votre question pour lancer un appel en ce sens.

 

 

 

Montrer les coulisses du futur musée, la réserve et ses objets, ou encore proposer des quizz, est-ce la volonté d’avoir un musée qui existe hors de ses propres murs ?

 

 

Il y a deux enjeux : le premier est de montrer au public que nous continuons de travailler sur les collections, le parcours, la recherche en elle-même. Nous avions besoin de fermer le musée à la visite pour nous concentrer sur les collections, y compris sur celles qui étaient présentées dans les vitrines.

Nous voulons aussi créer une complicité avec le public pour l’inciter à venir. Nous faisons du « hors les murs » pour amener les gens « dans les murs ».

 

 

Les anciens combattants et leurs familles participent-ils à la conception du musée ?

 

 

Les anciens combattants ont un attachement fort au musée. Chaque semaine, des propositions de dons nous sont faites, parfois en mémoire d’un parent ou d’un ami décédé.

Nous avons des liens particuliers avec la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque. Nous sommes dans l’échange constant. La fondation est hébergée dans nos locaux suite à une convention avec la ville de Paris.

Les familles viennent aussi chercher des informations dans nos archives. Ce que vous avez ici ne se retrouve pas ailleurs.

 

 

Que peut-on attendre du 75ème anniversaire de la Libération de Paris le 25 août 2019 ?

 

 

Le 75ème anniversaire sera l’occasion de rendre hommage aux derniers survivants. Ce sera le moment de mettre en avant cette page fondamentale de l’Histoire. C’est l’enjeu du futur parcours, de l’offre culturelle et de la visite de l’abri souterrain que nous sommes en train de préparer. Cet abri de défense passive, qui a servi de QG au Colonel Rol Tanguy, chef régional des FFI d’Ile de France, devrait être une des belles surprises de la visite.

Enfin, l’inauguration du musée le 25 août 2019, jour anniversaire de la libération de Paris, nous donnera une belle visibilité et suscitera je l’espère l’intérêt du plus grand nombre pour découvrir à nos côtés ce moment fort de notre histoire.

 

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Pour en savoir plus :

https://chantiermuseeliberation.paris.fr/

Le compte Facebook du musée : https://www.facebook.com/MuseeLeclercMoulinLiberationdeParis/

 

Photo de couverture :Liesse après la Libération de Paris, août 1944 © Coll. Archives US, Musée du général Leclerc et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin

1ère photo : © Ch. Batard, Agence Artene

 

 

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