Coincée entre la France, l’Allemagne, le Luxembourg et les Pays-Bas, la Belgique est finalement peu connue et quoi de mieux qu’un tour en vélo pour y découvrir ses villes, ses campagnes et ses montées(!) ? Dessinateur bruxellois, Monsieur Iou n’a pas hésité a sillonné le plat pays avec son vélo de course afin de le découvrir et surtout de l’illustrer. Avec ces couleurs noir, jaune et rouge, son « Tour de Belgique » apporte un nouvel aperçu de ce royaume du Nord. Rencontre.
Y’a-t-il une pression plus forte lorsqu’on est dessinateur en Belgique ?
Non pas du tout. Il y a autant d’auteurs français et européens. On lit autant de bandes dessinées ailleurs qu’en Belgique.
D’un autre côté, tout le monde pense que c’est le meilleur endroit pour faire de la BD, mais ça veut aussi dire qu’il y a beaucoup d’auteurs, et donc beaucoup de concurrence.
Est-ce que le fait de travailler au sein d’un atelier (Mille, collectif bruxellois d’une demi-douzaine de jeunes auteurs et autrices de bandes dessinées) donne une vraie dynamique ?
A la sortie de l’école, chacun travaillait dans son coin pendant des années. C’était difficile de cumuler les échecs seuls et de plus, beaucoup de choses de la vie d’un dessinateur ne sont pas apprises à l’école (comment négocier un contrat, comment se vendre…). Ensemble nous avons une émulation pratique. Il n’y a que de l’entraide entre nous, pas de compétition car nous avons des univers très différents.
La Belgique mérite-t-elle son surnom de plat pays ?
Il y a de sacrés montées. La Flandre est plate, la Wallonie est vallonnée. Par contre, il y a souvent des montées. Nous avons une course connue pour ses difficultés : Liège-Bastogne-Liège ou dans la région de Grimbergen. Le tour des Flandres est plus réservé aux sprinters.
Le Signal de Botrange est le lieu le plus haut de la Belgique est à 694 mètres. La dernière étape est dans mon livre se passe dans ce coin-là.
Dessiner les grands espaces, les monuments architecturaux, est-ce votre signature ?
Absolument. Cette manière de décrire un paysage, une atmosphère, me plaît beaucoup. Quand je voyage en Belgique ou en France, je remarque des détails très différents. Je porte beaucoup d’attention au côté social de l’architecture. Si je n’avais pas été auteur de bandes dessinées, j’aurais aimé étudié l’architecture. Je reste même connecté avec beaucoup d’amis architectes.
J’ai plus de difficultés à dessiner les personnages alors que j’ai plus de facilités avec le décor. L’architecture est un plaisir du début à la fin.
Etant citadin, j’ai dû travailler mon dessin par rapport la nature. La forêt dans les Ardennes est différente de tout autre environnement et ce fut un nouvel objectif de retranscrire un tel environnement.
Les couleurs du drapeau belge sont omniprésentes dans l’album. Etait-ce un choix dès le début ?
J’y ai en fait pensé très vite. Graphiquement, les couleurs fonctionnent très bien ensemble. Aux premières images, j’ai adopté le principe. Cela donnait aussi à l’album un ensemble cohérent.
Ce fut un vrai plaisir de réaliser cette histoire.
Le livre vient d’être traduit en néerlandais. Est-ce une réelle envie de boucler ce tour de Belgique ?
J’en suis très fier car deux mondes vivent séparément dans un seul et même pays. Tous les amis sont francophones, je ne connais pas d’auteurs de bandes dessinées donc c’est une vraie réussite pour moi d’avoir une version néerlandaise. J’espère ainsi rencontrer d’autres auteurs, aller dans d’autres festivals.
Qu’avez-vous découvert pendant votre tour de Belgique ?
Etant d’origine asiatique, je remarque les différences d’accueil. Parfois, je passe inaperçu, parfois non. Il y a toujours des petites remarques qui me gênaient au début de mon tour mais au final j’ai découvert que c’était une interprétation de sympathie, une façon de commencer une conversation. Je l’accepte beaucoup mieux qu’avant.
Quels étaient les lieux les plus surprenants durant le tour ?
Le Limbourg. Peu de Bruxellois connaissent et pourtant c’est très beau et calme. Il y a une grande réserve naturelle, un arboretum, un centre culturel dans un ancien bassin minier. Ce fut une belle surprise.
Le tour de Belgique est-il le premier d’une série ?
Dans l’immédiat, avec mes éditeurs, je tente de réaliser un projet sur le Tour de France. J’aimerais raconter ce qu’il y a tout autour de la compétition. J’aimerais observer tout sauf la course.
J’ai également le projet de faire un tour du Vietnam avec mes parents.
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