Né d’un coup de foudre, l’histoire entre Agnès, la narratrice, et « Skipper » va pourtant devenir un cauchemar. Le conte de féés se brise telle une petite poupée de porcelaine. Voici l’histoire de « L’Emprise – Histoire d’une manipulatrice« . L’album de bande dessinée imaginé par Camille Eyquem et Fiamma Luzzati résonne avec la triste actualité. Les autrices installent avec une maîtrise certaine un décor et une atmosphère qui se referment peu à peu sur l’épouse victime.

Avec un échange sur son style graphique et son histoire franco-italienne, nous échangeons avec la dessinatrice Fiamma Luzatti sur la réalisation de « L’Emprise – Histoire d’une manipulation ».

Entretien.

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Comment est né le projet ?

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D’une rencontre. Camille Eyquem – qui est devenue une amie – m’a raconté son histoire. Elle avait l’idée d’en faire un livre et on a fini par le faire ensemble.

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Le livre « L’Emprise » est tiré de faits réels (pseudonyme de l’autrice). La fiction devait-elle cependant être une part importante du récit ?

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Camille voulait à tout prix protéger son anonymat, son pervers narcissique la guette toujours et -même si elle n’est plus sous emprise – il est en mesure de nuire, cela impliquait donc de modifier son récit. En tant qu’autrice, j’avais aussi envie de me sentir libre d’incarner les personnages et de leur faire prendre de l’autonomie.

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Comment avez-vous imaginé le personnage de Skipper ? Séducteur, généreux et passionné, Skipper devient progressivement une personnalité ambiguë. Le dessin devait-il s’accorder sur ces changements de comportement ?

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Les pervers narcissiques sont par nature des histrions. Ils savent percevoir et exploiter les failles de leurs victimes et également s’adapter en toute circonstance à leur interlocuteur. Ils se métamorphosent et peuvent devenir des séducteurs éblouissants comme des bourreaux culpabilisants. Leur aspect physique change en conséquence et bien sûr le dessin s’adapte.

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Comment a été conçue la couverture rouge vif ?

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Nous voulions une image coup de poing, explicite, capable d’illustrer les différentes facettes contradictoires et paradoxales de la personnalité du manipulateur.
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Comment avez-vous imaginé les décors de « L’Emprise » ?

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J’ai fait beaucoup de recherches préalables sur les différents lieux. Par exemple, le bureau de la start-up où travaillent Skipper et Agnès devait être un lieu vaste et hype, l’appartement parisien, je voulais qu’il soit imposant, un haussmannien fastueux.

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Agnès est-elle selon vous une victime totale (elle perd contact peu à peu avec toutes les personnes qui l’avaient prévenue de se méfier) ?
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Le mode opératoire du manipulateur implique d’isoler sa victime de son milieu familial, amical et social pour pouvoir en prendre le contrôle. Agnès rompt donc avec sa meilleure amie et décide d’aller vivre à la campagne parce qu’elle est persuadée de faire les bons choix.
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« L’Emprise » est-elle la version d’Agnès ou vous avez voulu vous détacher son point de vue ?

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Comme je le disais, la part de fiction a été à la fois une nécessité et une volonté. Je souhaitais que les personnages évoluent en imposant leur personnalité. Un récit est réussi quand les personnages surprennent leur auteur.

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