En plein cœur du XIVème arrondissement de Paris, chaque semaine, la RavenSquid Ballet se prépare activement pour deux représentations du célèbre ballet de Piotr Illitch Tchaïkovski. Le 27 et le 28 février 2025, vous pourrez en effet voir ces merveilleux danseurs sur la scène de la MPAA Saint-Germain (XVIème arrondissement de Paris) – La billetterie est ICI.

Vêtu d’un sobre T-shirt où un casse-noisette faire le dab, Gregory Cianci dirige (avec sérieux et humour) ses jeunes prodiges à quelques semaines des représentations. Née en répercussion de l’impact du COVID-19 sur l’offre d’emploi en milieu professionnel artistique et culturel, la compagnie RavenSquid Ballet prouve que la danse est une merveille et une véritable passion pour un grand nombre de jeunes. Les danseurs sont Français, Américains, Russes ou encore Taïwanais.

Entretien avec Grégory Cianci, danseur professionnel et co-fondateur de la compagnie RavenSquid Ballet.
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Portée par une volonté d’ouverture, la RavenSquid Ballet mêle tradition et modernité. Pourquoi un tel défi ?

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Nous proposons à des artistes du XXIème siècle de la danse classique. Avec la porosité des disciplines, la création tire vers le contemporain. Les écoles de formation même supérieures enseignent finalement de moins en moins la danse classique. Avec nous, les danseurs expérimentent davantage cet univers et par conséquent notre goût pour cet art sera affiné.

Notre compagnie est un véritable espace de création où les membres s’expriment. Nous avons un fonctionnement participatif – ce qui permet d’extraire la personnalité artistique de chacun. Les danseurs sont des interprètes.

© Francine Bajande

Les grands classiques sont de nos jours très populaires. Le public a envie de s’évader et sortir d’un quotidien souvent très difficile. De plus, le ballet est un art sincèrement universel. Les contenus peuvent être compris par un grand nombre de personnes.

J’ai eu la chance de travailler dans des villes comme Orly et Sevran afin de montrer le ballet auprès des jeunes. J’ai toujours aimé le dialogue et partout où nous sommes allés, nous avons connu une belle réception. Dans certaines villes à la catégorie sociale plus élevée, le ballet est considéré comme une activité parmi d’autres. A Orly notamment, je constate une grande curiosité et attention. Les élèves me surprennent parfois à m’appeler « maître ». Pour eux, le conservatoire est une chance et donc ils cherchent une certaine tenue. Je vois de plus en plus de jeunes garçons  venir faire de la danse classique. A partir de 12 à 15 heures d’activité par semaine, vous pouvez vous considérer comme un sportif de haut niveau. En danse classique la virtuosité découle  de l’effort certes, mais l’exploit de la performance doit paraître facile et léger. C’est tout l’art de cette pratique artistique.

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Pourquoi avoir choisi le nom de RavenSquid ?

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Nous avons créé la compagnie avec le souhait de permettre à des danseurs de reprendre des activités après la pandémie de Covid-19. Je suis devenu leur coach et nous nous sommes mis d’accord pour mettre en scène un spectacle de danse. Louis était alors un jeune artiste qui bougeait les bras tel un petit calamar. Squid est venu alors à l’esprit. Il m’a alors rétorqué qu’à force d’observer le travail des danseurs avec mes grands yeux, je ressemblais à un corbeau (raven en anglais). L’idée est venue sous la forme d’une plaisanterie. Je voulais également sortir des noms classiques de ballet. De plus, avec un nom anglophone, la compagnie passe très bien à l’étranger.

RavenSquid est aussi un personnage légendaire gothique.

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© Francine Bajande

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Le ballet est un art classique très rigoureux et intouchable. Y’a-t-il eu des réticences ? des appréhensions ?

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Il y a eu en effet des réponses négatives mais c’est de la part de grands responsables parmi le milieu de la danse. La vie culturelle a pourtant besoin de plus d’équilibre. La danse classique a autant sa place que les arts contemporains. RavenSquid accueille un grand nombre de jeunes du lundi au samedi. L’année dernière, nous avons reçu 350 candidatures françaises mais aussi étrangères. Certains jeunes venaient de Chine ou encore du Brésil.

RavenSquid ne rémunère uniquement qu’à la production. Notre compagnie fait appel au sponsoring et au don pour permettre de faire vivre les danseurs. J’investis également beaucoup pour la vie de RavenSquid. 2025 est une année charnière pour notre existence.  
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« Casse-Noisette » est un des trois grands ballets de Tchaïchovski. Pourquoi celui-là ?

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Nous avions déjà adapté sur scène « Giselle » d’Adolphe Adam et « Le Festin de l’Araignée » d’Albert Roussel. Ce dernier grand ballet est cher à mon cœur puisqu’âgé de 7 ans, j’y avais joué une fourmi.

Avec « Casse-Noisette », nous commençons à travailler autour de la trilogie de Tchaïchovski. C’est un ballet qui parle aussi bien aux enfants qu’aux adultes. C’est une partition extraordinaire. De plus, je suis un grand collectionneur de casse-noisettes. Nous avons apporté des nouveautés puisque la mère Gigogne est interprétée par un garçon sur pointes. « Casse-Noisette » est un classique qui doit être sans cesse revisité. Les artistes créent le lieu et l’espace. Nous sommes une compagnie à taille humaine. L’un de nos danseurs créé les costumes et a même créé son atelier de création.
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© Francine Bajande
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Les danseurs continuent-ils de vous surprendre ?

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Absolument. J’ai accompagné plusieurs générations de danseurs. J’ai pu voir des évolutions. Avec la naissance des réseaux sociaux, il a fallu que j’accompagne le mouvement. Certains jeunes avaient besoin de travailler la présentation de leur image. Il ne faut pas que cela prenne de trop de place tout de même. Je conseille toujours de proposer de la qualité plutôt que de la quantité.

Lorsque vous travaillez, vous devez rester vous concentrer sur l’effort et la maîtrise de la danse.

Les jeunes d’aujourd’hui ont une approche très différente. Ils sont moins dans la recherche qu’auparavant. Par conséquent, j’adapte mon enseignement en prenant des exemples actuels. Mais sans le savoir, les jeunes rentrent dans la tradition classique.

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© Francine Bajande
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Pendant les spectacles, êtes-vous aussi un spectateur ?

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Je me trouve à la régie. A la fin de chaque spectacle, au moment des saluts, je pleure et je relâche toute la pression. Lors du Festival de Cluny, le spectacle se déroulait dans une église romane. Les danseurs utilisaient vraiment le lieu. Les niches servaient de forêt. J’espère que nous reviendrons dans un tel lieu.  

Même lors de notre venue dans le Wisconsin aux Etats-Unis, ce fut une vraie joie de jouer au sein d’un campus. Le lieu de spectacle ressemblait à un bastille devant plus de 2 000 spectateurs. 
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© Francine Bajande
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Photo de couverture : Francine Bajande

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