Parmi les tags, les graffitis et autres œuvres street art, certaines figures animales ou/et poétiques s’illustrent dans notre paysage urbain. Il s’avère que même dans le milieu rural, on peut retrouver cette touche artistique si particulière et signée Agrume (alias Alban Rotival).
Familier de la ville de Lyon, l’artiste s’illustre un peu partout selon les voyages et les projets. Il y a beaucoup d’autoportraits dans son style mais également de l’hommage à ceux qui nous entoure : l’environnement.
Entretien avec Agrume, un artiste à suivre sans cesse.
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Comment êtes-vous devenu street artiste ?
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C’était une manière de faire évoluer mon travail. Je réalisais des dessins au stylo bic ou à l’encre noir. Originaire de la Drôme, en arrivant à Lyon pour mes études, j’ai découvert l’art urbain. En me baladant sur les pentes de la Croix Rousse, j’ai pu notamment voir les collages.
Je me suis alors confronté à un nouveau public et je suis devenu un artiste « sauvage » en m’exposant dans la rue.
La feuille et une toile, en tant que moyen d’expression, ont ses limites car totalement vierge et neutre. Dans la rue, on peut interagir avec l’architecture, le milieu et les couleurs. Certains endroits ont un sens et permettent un dialogue.
Je me suis intéressé de plus en plus à intégrer mon art éphémère dans le milieu rural.
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Pourquoi avoir choisi le pseudonyme Agrume ?
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Etant artiste urbain, j’ai décidé de cacher mon nom. Au fil du temps, je me suis rendu compte que je n’étais pas seulement un artiste urbain. Par conséquent, j’utilise également mon prénom, Alban. Les deux peuvent coexister totalement.
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En quoi votre vie vous inspire graphiquement ?
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Tous les artistes s’inspirent de leur vécu. Tout ce qu’on lit, on entend et on lit peut devenir une idée. Auparavant, j’avais coutume de représenter des oiseaux sans forcément connaître l’espèce ou leur place dans l’art.
Peu à peu, j’ai appris à observer. Je me nourris quotidiennement des informations que je reçois. A présent, je représente ce que je connais.
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En quoi la mémoire est-elle importante à intégrer dans la rue ?
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J’ai participé au projet des fantômes de l’Histoire lors des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Je me suis beaucoup enrichi de récits historiques et de témoignages de soldats. Je n’arrivais pas comprendre les événements. La guerre me paraissait tellement absurde.
Par conséquent, j’avais besoin d’étudier et de travailler sur le sujet afin d’accepter les faits. Avec le papier, support éphémère, j’ai voulu faire apparaître ces hommes aujourd’hui disparus dans le sol – ces fantômes de l’Histoire.
Je suis allé dans la zone de Verdun et j’ai investi les forts.
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Les yeux sont-ils une façon d’accrocher le passant ?
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Le regard transmet en effet une émotion. Cependant, je n’ai pas utilisé les yeux pour la série Les fantômes de l’Histoire. Par le symbole, une scène peut faire place à l’imagination – ainsi le spectateur a plus de place à l’interprétation et à l’identification.
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Vous utilisez également l’autoportrait.
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C’est fort utile car vous êtes disponible (rires). Ce fut un vrai exercice dès le départ. J’ai ainsi élargi mon vocabulaire d’images.
Avec le temps, c’est parfois lassant car vous pouvez très facilement vous enfermer dans l’autoportrait. J’essaye à présent d’utiliser d’autres personnages.
Je n’aime pas refaire ce qui a déjà été fait. Il est très important d’évoluer. Je veux sans cesse être dans la recherche.
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Quelle est la place de l’animal dans votre art ? Rendez-vous hommage au sauvage ?
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L’animal est en effet un thème de plus en plus présent. J’aime explorer la dualité entre l’humain et le sauvage et parfois créer une unité . Ce dernier est de plus en plus rare. La représentation du sauvage peut nous rappeler des souvenirs d‘un lien passé. Le domestique a perdu en mystère.
J’ai un grand intérêt pour les oiseaux car, même petits, ils résistent en permanence.
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Comment s’est passée la collaboration avec les artistes Levalet et Philippe Hérard ?
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C’était à l’occasion d’une exposition à Marseille. Nous nous sommes entendus pour réaliser un collage ensemble. Ce fut un bel exercice.
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Quels sont vos projets ?
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Je vais réaliser de nouveaux collages. J’aimerais développer plus de travail sur le sauvage en milieu rural. C’est un défi car je travaille avec du fusain sur des matières telles que le calcaire et la roche. Dès la première pluie, votre travail disparaît. J’aime développer l’art très éphémère.
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