Depuis Alexandre Dumas et Walter Scott, les romans historiques ont su passionner. Mêlant fiction et faits réels, ces récits ont toujours su enrichir l’imagination des lecteurs.
Pour beaucoup d’entre eux, « Les Pilleurs de Sarcophages (1984) fut un roman qui a su sublimer le temps des pyramides. Premier roman jeunesse d’Odile Weulersse, il fut ensuite suivi de multiples autres livres qui mêlent à la fois aventures d’enfants et récits historiques précis et passionnants. Comment la fiction s’intègre à notre passé ? Comment les civilisations anciennes font-elles échos à nos interrogations ?
Entretien littéraire à travers les siècles avec Odile Weulersse.
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Avant d’être écrivain, vous avez été professeure de philosophie et maître de conférences spécialiste du cinéma. Écrire des romans historiques est-ce aussi d’une certaine manière être enseignant ?
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C’était en effet une manière d’apprendre mais, m’adressant à des enfants, je ne m’exprimais pas de la même façon qu’en cours. De plus, mes romans me permettaient d’être plus personnel. J’ai toujours été attachée au combat pour la liberté. Même si de nos jours cette dernière n’est pas réellement menacée en France. Il faut tout de même rester vigilant.
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Au début des années 80, l’historien Pierre Miquel vous propose votre premier roman jeunesse “Les Pilleurs de sarcophages”. Vous n’étiez pourtant pas spécialiste de l’Egypte. Dès le départ, votre travail devait-il être minutieux ?
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J’ai en effet tenu à ce que l’histoire que j’écrivais soit minutieuse. Chaque détail devait être vrai ou au moins plausible. Tout cela créait une certaine distorsion – à tel point que j’ai pu étonner le lecteur. Je revendiquais une certaine liberté d’écriture.
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Vos voyages ont-ils une grande influence sur votre travail ?
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Je n’ai pas écrit un livre sans partir en voyage. A la lecture des livres, vous comprenez que des monuments sont hauts et que des paysages sont magnifiques mais il est nécessaire de le constater avec vos propres yeux. J’ai par exemple visité trois fois l’Égypte. Ce que vous ressentez est différent lorsque vous descendez ou montez la Vallée des rois, lorsque vous longez le Nil. J’ai voulu retranscrire toutes ces impressions.
Cependant, les livres m’ont beaucoup aidé à retranscrire les civilisations anciennes. Rien qu’en lisant, j’ai l’envie d’écrire.
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Pour quelles raisons la plupart de vos personnages ont un prénom qui commence par un T ?
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Il s’agit d’un caprice. Pour mon premier roman « Les Pilleurs de Sarcophages, j’ai nommé le personnage principal, Tetiki sans arrière-pensée. Puis j’ai choisi de nommer les héros avec un prénom commençant par un T afin d’aider mes jeunes lecteurs à mieux rentrer dans l’histoire.
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Le messager d’Athènes, le cavalier de Bagdad, l’aigle de Mexico, les chevaliers du roi Arthur,…vous portez une grande importance dans le choix du titre?
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Oui mais ce fut toujours bien difficile à trouver le bon. « Les Pilleurs de Sarcophages » reste mon meilleur titre.
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En plus de l’intrigue et des personnages correspondant assez à l’image d’une époque (esclave, gladiateur, chevalier, arlequin,…), vous aimez décrire avec précisions des lieux et des coutumes. Est-ce là votre travail préféré ?
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J’ai toujours aimé chercher et mettre en scène. L’écriture est un processus particulier. Lorsque j’avais pour sujet un pays ou une civilisation en particulier, je ne lisais que des livres qui le traitait. Quand j’écrivais sur la Grèce, je ne lisais que des choses sur la Grèce.
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Avec votre passion pour le cinéma, vos histoires ont-elles eu un aspect cinématographique ?
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C’est en effet une question que je me suis posée. Il est certain que la manière dont l’on présente une histoire au cinéma n’est pas la même en littérature. Cependant, vous vous inspirez par ce que vous lisez mais aussi par ce que vous avez vu. Même si en général, je me suis surtout inspirée des livres plutôt que des films, j’ai pu être influencée par une ou deux scènes de cinéma.
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Avez-vous parfois été surprise lors de vos recherches ou par l’intrigue même de vos romans ?
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C’est arrivé à chaque fois (rires). C’est une joie d’écrire car vous ne savez pas vous-même comment votre propre histoire va se terminer. La clé de mes romans c’est que nous suivons un personnage qui désire quelque chose de particulier. Puis, finalement, après plusieurs péripéties et après la découverte de nouvelles cultures et coutumes, il trouve… mais autre chose.
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Vous n’avez eu envie d’écrire des romans plus adultes ?
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Non car en écrivant ces romans, d’une certaine manière, j’aborde une partie de jeunesse.
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« Nasreddine » est-il une leçon contre les moqueries ?
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Oui mon personnage comprend qu’il est impossible de plaire à tout le monde. Face aux moqueries, elle prend la décision de suivre son père qui, lui, suit son chemin comme si de rien n’était. En s’appuyant sur quelqu’un de plus âgé et d’expérimenté, Nasreddine trouve une manière de lutter contre les moqueries.
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Quel est le roman le plus important pour vous ?
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« Les Pilleurs de Sarcophages » car il s’agit de mon premier roman. Tetiki est un personnage en quête, très intéressant. Les difficultés qu’il vit ne sont pas celles qu’il a imaginées.
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Avec les romans à propos du temps de Louis XIV, on sent un amour du vieux Paris. Êtes-vous nostalgique du passé ?
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Nous avons une idée fausse du XVIIème siècle. La monarchie absolue avait par exemple ses limites. J’ai tenu à ce que mes personnages se trompent sur le rôle du roi. Nous savons à présent que Louis XIV a été en partie ridicule. Je laisse aux enfants le droit à l’erreur quand celle-ci fait partie de l’époque.
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« Il est long et difficile de se connaître » écrivaient les philosophes grecs. Apprend-on avant tout par les autres et par les voyages ?
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Oui. On ne peut apprendre tout seul dans son coin. Je voyage pour rencontrer des personnes qui sont différentes de moi et qui ne sont pas non plus d’accord avec moi.
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© Dernière photo et photo de couverture : ©Brieuc CUDENNEC.
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Un grand merci à Murielle Lévy pour son aide à la réalisation de cet entretien.