Pour les primaires citoyennes auront lieu le 22 et le 29 Janvier 2017, Alexis Bachelay, Député PS de la 1ère circonscription des Hauts-de-Seine (Colombes, Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne) a choisi son candidat, Benoît Hamon. Rencontre avec celui qui est devenu son porte-parole.

 

– Vous êtes à côté de Benoît Hamon dans l’hémicyle de l’Assemblée nationale, cela vous a rapproché politiquement?

 

Je dirais que c’était un heureux hasard. Cela nous a surtout rapproché humainement. Avant d’être un camarade, un collègue, Benoît, est une personne attachante, il est organisé dans sa pensée politique et sur le plan humain. Même avec des fonctions politiques importantes, il est resté lui-même et garde les pieds sur terre.

Nous avons déjà travaillé ensemble sur le burn out et en même temps, nous pouvons avoir de beaux moments de détente. Les préjugés sur les différents courants socialistes se sont cassés et j’ai découvert un autre Benoît que j’avais imaginé auparavant.

Et aujourd’hui, nous avons fait le choix de travailler ensemble pour les primaires.

 

– Benoît Hamon souhaite appliquer un revenu universel d’existence. Quel serait concrètement le projet et il serait de quel montant?

 

Ce n’est pas de l’utopie. Nous avons eu beaucoup de réflexion et il s’agit d’un vrai projet de société avec des étapes à franchir.

Il serait de 750€ ce qui correspond à peu près au seuil de pauvreté. Aujourd’hui, il y a une multitude d’allocations versées (RSA, handicap,… ) et une dépense publique considérable. Finalement, en voulant trop spécifié, le système est devenu quasi illisible. Et d’autre part, certaines personnes ne bénéficient pas d’aides sociales. 40% de ceux qui ont droit au RSA ne le reçoivent pas faute de démarche volontaire. Il faut remettre à plat la fiscalité et il faut atteindre l’objectif de sortir les gens de la précarité mais aussi soutenir les travailleurs qui n’ont que du temps partiel ou des missions très courtes. Ainsi, il y aurait un revenu en complément pour ceux qui peinent à vivre.

Il y a une montée sans précédent des inégalités et l’effort ne suffit pas pour en sortir. En France, les inégalités, la précarité augmentent alors qu’en même temps, le pays s’enrichit progressivement. Quel paradoxe!

Il faut apporter une réponse face au risque de rupture de notre cohésion. Il faut éviter les tensions entre les territoires, Paris contre la Province, villes contre villages, campagnes contre banlieues. La solidarité nationale est nécessaire.

Avec le revenu universel d’existence, nous considérons qu’il faut des expérimentations avec des territoires témoins puis une généralisation à l’échelle nationale. Il faut penser la solidarité du futur.

 

– Vous aviez soutenu François Hollande pour les premières primaires citoyennes en 2011. Que retenez-vous de cette époque où il était candidat et que retenez-vous de l’action du Président?

 

En 2011-2012, il y avait un immense désir de changement avec un candidat de gauche. J’avais choisi de soutenir François Hollande car la situation était dégradée par le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Il fallait un vrai redressement, donner un discours économique de vérité aux Français sans oublier les questions de service public, de faits de société ou d’éducation. François Hollande semblait faire la synthèse de ces impératifs.

Président, il s’est enfermé dans un discours technocratique et économique qui ne parlait pas aux Français. Il fallait traiter de tout avec pédagogie. La situation de la France aurait dû être mieux expliquée. Il n’y a pas la réforme fiscale promise, pas de vote pour les étrangers aux élections locales ni d’ecotaxe. Tous ces renoncements n’ont pas été compris. Nous n’étions pas prêts à gouverner.

A l’exception de la déchéance de nationalité, le Parlement n’a jamais empêché le Président de gouverner. La loi Macron, la réforme des régions, la loi travail; malgré les débats, les projets ont tous été votés. Le passage en force avec le 49.3 a également dégradé l’image du Président.

Il y a tout de même du positif avec les actions de François Hollande pendant les attentats, la réponse face à la menace au Mali, la COP21. Mais même sur le plan international, Hollande n’a pas su s’opposer à Angela Merkel. Ce qui est une autre défaite.

 

– Benoît Hamon propose d’abroger la loi Travail mais pour quelle autre réforme?

 

Nous sommes attachés au modèle scandinave qui a des syndicats forts qui traitent avec intelligence avec un patronat à l’écoute. En France, les syndicats sont divisés et les patrons caricaturaux.

La loi Travail est un échec sur la forme car incomprise. Tout n’est pas mauvais mais elle a été mal perçue.

Nous n’avons pas la solution toute faite mais nous savons écouter tous les acteurs. On ne peut mépriser les syndicalistes.

 

– Comment lutter contre le burn out qui touche de plus en plus de personnes?

 

Il faut reconnaître le burn out comme une maladie professionnelle et assouplir les symptomes. C’est un sujet scientifique qui fait toujours débat. 2  millions de personnes seraient touchées de près ou de loin.

Il y a un blocage de la part de certains chercheurs et des entreprises qui craignent l’ingérence extérieure dans leur fonctionnement. Le burn out est un problème psychique qui a un impact sur la santé et la vie familiale.

L’éxécutif de gauche comme de droite doit être à l’écoute de tels sujets.

Avec Benoît Hamon, nous souhaitons la mise en place d’un droit d’initative citoyen qui permettrait la création d’une proposition de loi après 40 000 signatures. Le débat est possible avec un tel soutien populaire. Voici un enjeu démocratique qui doit être traité pendant les primaires.

 

– Quel est, selon vous, l’avenir des gauches? Sont-elles irréconciliables?

Les gauches sont toujours réconciliables. C’est dans notre histoire d’être divisés. Il y a 100 ans, il y avait les révolutionnaires face aux Socialistes qui acceptaient de gouverner. Aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon est moins révolutionnaire que Jules Guesde. L’écart est moins fort entre les gauches mais les tensions perdurent ce qui est paradoxal.

Le peuple a toujours brisé ces ruptures et imposent les accords comme en 1936. Valls et Mélenchon ne sont pas si différents. Nous sommes réconciliables et nous devons trouver cette voie.

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