« Dans la grande forêt, un petit éléphant est né, il s’appelle Babar ». Ainsi commencent les premiers mots des aventures du célèbre roi pachyderme. C’est aussi par ce conte que l‘auteur-illustrateur français Jean de Brunhoff conçoit une nouvelle approche de l’album jeunesse. De petit éléphant orphelin à vieux souverain, Babar a su faire rêver les plus jeunes des années 30 jusqu’à nos jours. Entretien avec Isabelle Nières-Chevrel, Professeure émérite de littérature à l’Université Rennes 2.

 

 

 

Quelles sont les origines de Babar ?

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Le premier album de Jean de Brunhoff (déc. 1999 – oct. 1937), Babar le petit éléphant, édité en décembre 1931 aux Editions du Jardin des Modes, trouve son origine dans un épisode de la vie familiale. Une cousine de Jean de Brunhoff, qui vivait au Kenya, lui avait raconté que la femme de l’ambassadeur de Belgique avait recueilli un éléphanteau dont la mère avait été tuée lors d’une partie de chasse. Un soir, Mathieu, son second fils alors âgé de quatre ans, se plaint d’avoir mal au ventre. Sa mère improvise une histoire pour le distraire ; elle imagine que l’éléphant s’enfuit vers la ville, trouve un porte-monnaie, entre dans un grand magasin, s’achète des vêtements. Ses cousins rejoignent et le persuadent de revenir dans la jungle. Mathieu est emballé. Il se précipite pour raconter l’histoire à son frère ainé, Mathieu, puis tout deux à leur père. Le père joue à faire quelques croquis, se prend au jeu et fabriquera, sous la forme d’un cahier, un petit « livre familial », appelé aujourd’hui « la maquette » et précieusement conservé à la Morgan Library à New-York.

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Quelle est la place de l’illustration dans les livres de Jean de Brunhoff ?

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La place des illustrations est centrale puisque tous ses livres sont des albums. Jean de Brunhoff, qui ambitionnait initialement une carrière de peintre, fut l’écrivain et l’illustrateur de tous ses livres. Les illustrations ne sont donc pas des images qui viennent s’ajouter après coup à un texte ; elles sont crées dans le même temps et lui sont consubstantielles. L’artiste répartit avec une grande liberté son information, explicite ou implicite, entre ce que le lecteur (adulte ou enfant) va voir et ce qu’il va lire. De ce simple fait, le jeune lecteur est invité à être actif, à devenir un partenaire. Il va de soi que tout ne se dévoile pas, que tout ne peut immédiatement se lire et se comprendre. Les albums de Jean de Brunhoff font partie de ces livres sur lesquels il faut revenir, qu’adulte ou enfant, nul n’épuise en une lecture. En ce sens, ils relèvent pleinement de ce que nous appelons « la littérature ».

Bien évidemment, le très grand format de ses albums, la qualité de leur papier et de leur impression en couleurs, leur solide reliure firent des livres chers (35 Frs), cadeau d’étrennes pour des enfants de milieux aisés.

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Le grand format souligne-t-il l’aspect monarchique et éléphantesque de Babar ?

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Le très grand format des albums me semble sans lien avec l’intention de mettre en valeur une majesté royale. On peut bien sûr s’amuser à souligner (je l’ai fait) le contraste entre le petit format de Peter Rabbit, le premier album de Beatrix Potter (dont ses fils, Laurent et Mathieu possédaient un exemplaire) et celui de Histoire de Babar dont l’ample format détermina celui des albums suivants (à l’exception de l’A.B.C. de Babar, publié en 1934). Le format des albums (27×37) découle très directement du matériel de peintre qu’utilisait Jean de Brunhoff, ces grands cahiers de croquis préparatoires (26,5 x 27) qui lui étaient d’un usage quotidien. Quant à faire appel à cet ample format pour souligner la majesté royale de Babar, Jean de Brunhoff en jouera effectivement dans deux doubles pages du Roi Babar (1934) : la grande réception dans des jardins façon Versailles et une soirée au théâtre façon Comédie-Française. Mais c’est fondamentalement l’ampleur de ces grandes  pages – simples ou doubles – qui libéra son invention graphique, qui le conduisit à mêler petits détails et grands espaces, continuité graphique et narrative entre page de gauche et page de droite, subdivisions de la page ou, à l’inverse, « panoramique » comme dans cette double page où Babar inaugure sa belle voiture rouge…sur les rives de la Marne.

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La question du deuil est abordée avec la mort de la mère de Babar. S’agit-il surtout d’une renaissance pour l’éléphanteau ?

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Votre formulation me semble quelque peu hésitante : le 1er album, Histoire de Babar, ne « traite » ni de la mort de la mère, ni de la « renaissance » de l’éléphanteau. C’est la mort debabar orphelin sa mère (beau triomphe des loisirs imbéciles du colonisateur) et la menace qui pèse sur Babar qui pousse celui-ci à s’enfuir. La Vieille dame qui l’aperçoit dans la ville se trouve dans un premier temps en position de donatrice (le porte-monnaie) : Babar entre à quatre pattes dans le grand magasin et il s’humanise en s’achetant des vêtements (masculins-adulte) et en se dressant sur ses pattes arrières. Dans une seconde étape, la vieille dame l’accueille chez elle, se fait mère nourricière et éducatrice. Puis elle va (comme un parent positif ?) lui offrir l’instrument de sa (future) liberté, la belle voiture rouge avec laquelle il découvre la campagne autour de la grande ville, et reviendra triomphal, à la fin de l’album, au pays des éléphants. Comme dans un conte merveilleux, il est couronné roi et il épouse la princesse.

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La Vieille dame est-elle une amie ou une seconde mère pour Babar ?

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Une seconde mère, à l’évidence : la Vieille dame remplit dans Histoire de Babar, le petit éléphant une fonction de mère adoptive. On la retrouve dans Le Voyage de Babar, accueillant dans la nuit Babar et Céleste qui viennent de s’échapper de la ménagerie du cirque où Babar était condamné à jouer de la trompette et Cécile à danser, vêtue d’un tutu blanc. Quelle heureuse coïncidence que ce cirque  qui s’est précisément arrêté dans la ville où habite la vieille dame !

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La question du costume des animaux marque-t-il le passage du sauvage à la civilisation ? Babar combat-il le sauvage ?

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Habiller les animaux, les dresser sur leurs pattes arrières, leur donner des accessoires humains (canne, chapeau, lunettes) comme le fit Grandville, fut une mode graphique très présente dans la presse et dans les recueils pour adultes de la seconde moitié du 19e siècle. Par contre, du côté de l’enfance, il semble que ce soit Beatrix Potter qui invente au tout début du XXe siècle le premier héros animal – enfant et pour enfants – dans The Tale of Peter Rabbit (Warne, Londres, 1902) ; de même, une génération plus tard, Jean de Brunhoff aux Editions du Jardin des Modes avec Histoire de Babar (fin 1931). Il ne nous est difficile de percevoir aujourd’hui quelle nouveauté cela fut alors.

Le statut d’humain qui est conféré à Babar et Céleste se trouve réinterrogé dès l’ouverture du second album, Le Voyage de Babar (1932), qui est censé être un voyage de noces ! Jean babarchameaude Brunhoff y reprend plusieurs topos du roman d’aventures (il fut grand lecteur de Jules Verne). Une violente tempête fait échouer leur ballon sur une île qui semble déserte. Ils sont trempés, ils se déshabillent et Céleste met soigneusement les vêtements à sécher sur une corde (à linge !) tendue entre deux oliviers ; ils cuisinent leur repas et savourent leur piquenique. Céleste s’endort pendant que Babar part explorer les environs. C’est alors que l’enfant lecteur découvre six têtes bien noires sur le haut de la page de gauche, six hommes munis de 5 lances, un arc et deux boucliers, tandis qu’une voix d’adulte lui lit la part de texte correspondante : « C’est alors que les habitants de l’île/, de féroces sauvages cannibales/ l’aperçoivent soudain./ » Quelle est cette grosse bête ?/ Nous n’en avons jamais vu de pareille,/ se disent-ils./ Sa chair doit être succulente. » Pour figurer ses Noirs, Jean de Brunhoff reprend les stéréotypes d’abord : lèvres épaisses et très rouges, yeux au globe oculaire très rond et très blanc, ceux qui furent vulgarisés dans le monde anglo-saxon par la poupée imaginée par Florence K. Upton dans The Adventures of Two Dutch Dolls and a Golliwogg (1895) et en France par la publicité du cacao « Y’a bon Banania » (1915), inspiré d’un tirailleur sénégalais. 

C’est le narrateur qui les qualifie de « féroces sauvages cannibales. » Or, à y bien regarder, que voient-ils ? Ils voient une éléphante endormie, qu’il devrait être facile de capturer. Tout comme les Européens chassent et mangent du gibier, les Africains mangent ce qu’on appelle de la viande de brousse.

J’ai mis très longtemps à comprendre la logique de cette scène, d’autant que je savais que le milieu de Jean de Brunhoff était un milieu globalement « de gauche » (Rien à voir avec le colonialisme que manifeste Hergé dans la version initiale de Tintin au Congo, publiée dans Le Petit Vingtième (juin 1930-juin 1931), qui sera réécrite à l’occasion de sa mise en couleurs en 1946). Il y avait une contradiction. Je n’en ai trouvé la clé qu’après la publication de mon livre. Babar, un animal, est un type de héros nouveau dans le domaine de l’album pour enfants. À la fin d’Histoire de Babar, les enfants peuvent se demander : « Mais, alors, Babar finalement, c’est un animal ou un humain ? ». Une de mes filles me dit un jour : « Je ne comprenais pas comment il pouvait enfiler des chaussures ». A mon avis, c’est pour masquer le problème que Jean de Brunhoff a mis des guêtres à Babar !  

Si l’on relit l’album guidé par cette question « animal ou humain », on remarque que, recueilli par un paquebot, Babar est mis dans la soude et déclare furieux « On nous couche sur la paille ! […] Nous mangeons du foin, comme des ânes ! ». Le capitaine les vend à un cirque et Babar se retrouve éléphant, habillé en homme, jouant de la trompette. Lorsqu’il sera enfin de retour dans son royaume, ce sera pour découvrir que la guerre est là. Il réendosse sa royale fonction : Faisant appel aux techniques du camouflage (très pratiquées pendant la première guerre mondiale), il déguise ses éléphants avec peinture et perruque, faisant ainsi de leurs fesses des faces monstrueuses qui sèment la déroute parmi les rhinocéros : « Le roi Babar est un grand général. » C’est le statut ambigu de ses héros que Jean de Brunhoff problématise au sein même de son album.

Reste que la représentation stéréotypée des Noirs et le terme cannibale qui revient par deux fois dans la même séquence ne peuvent que choquer. Plusieurs éditions au cours de la Seconde Guerre mondiale ou plus récemment ont supprimé le terme « cannibales », voire ont récrit tout le passage. Aujourd’hui sans doute bibliothécaires et enseignants font le choix de « contourner » cet album. On comprendra que je me sois quelque peu attardée sur ce point « sensible » !

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Babar est-il à la fois un roi et un dieu du savoir ?

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Babar n’est ni un « dieu » ni un « dieu du savoir ». On peut d’ailleurs remarquer que nous sommes devant une œuvre totalement laïque. À la fin de Histoire de Babar, le petit éléphant, Babar est proposé comme roi par le conseil des anciens et choisi par acclamations, mais il n’est en rien un dieu du savoir. Jean de Brunhoff s’attache par contre à le mettre en scène dans Le Roi Babar (1933) comme un roi bâtisseur qui fonde et dessine les plans de sa ville. Célesteville est inspirée par la réflexion des urbanistes français de l’entre-deux-guerres qui s’attachaient à concilier habitat, travail et loisirs : le Palais du Travail regroupe école, bibliothèque et ateliers, le Palais des Fêtes, musique, cirque, théâtre, cinéma, danse. Lorsque l’album détaille les activités de chacun, la salle de classe fait écho aux innovations pédagogiques contemporaines, et Jean de Brunhoff imagine une société dans laquelle les adultes « travaillent le matin/ et l’après-midi ils font ce qu’ils veulent./ Ils jouent, se promènent, lisent, rêvent. ». Nous sommes trois ans avant la mise en place des premiers congés payés. La seconde partie de l’album me semble là pour dire les limites du politique : la meilleure des sociétés ne peut épargner à l’homme ni l’angoisse, ni la maladie, ni la mort.

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« Les Vacances de Zéphyr » (1936) présente une autre ambiance, celui des singes. Est-ce l’antithèse de la société monarchique de Babar ?

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Avec Le Roi Babar, Jean de Brunhoff eut le sentiment d’avoir épuisé les ressources que lui offrait son héros, sauf à glisser sans vergogne dans une production en série destinée à nourrir les ventes, ce qui était d’ailleurs en train de devenir une tendance forte du marché de l’édition pour enfants. En 1934, Jean de Brunhoff publie un remarquable abécédaire sous le zephirtitre ABC de Babar, mais il n’ira pas au-delà. En juin 1936, les Editions du Jardin des modes vendent ses droits sur les albums de Jean de Brunhoff à la Librairie Hachette, mieux armée pour diffuser des livres. Or Jean de Brunhoff travaillait alors à un nouvel album dont le héros était un petit singe qu’il avait prénommé Zéphir. À la massive silhouette grise ancrée au sol, Jean de Brunhoff substitue la légère, souple et fine silhouette ocrée d’un jeune singe. La gamme des couleurs se renouvelle. Nous sommes maintenant dans un monde du vertical, des arbres, de la nuit, de la mer avec sirènes, monstres et minotaure, dans cette mythologie grecque que Jean de Brunhoff aimait tant. Loin de tout propos civilisateur, Jean de Brunhoff invente dans Les Vacances de Zéphir un conte merveilleux (pour parler comme les folkloristes) dans lequel la princesse Isabelle, prisonnière des Gogottes, est délivré par Zéphir grâce à l’aide d’une sirène. Cet album, peut-être un temps prévu pour paraître aux Editions du Jardin des modes, sera finalement publié chez Hachette en décembre 1936. Pour beaucoup, dont je suis, cet album est son chef d’œuvre. Son seul défaut ? Ne pas  faire place à Babar et ne pas comporter le nom Babar dans son titre. L’éditeur anglais corrigera les choses en 1937. Il titre sa traduction Babar’s friend Zephir et peu importe que Babar soit absent de l’album.

Une commande passée par un quotidien anglais conduisit Jean de Brunhoff à revenir au héros qui fit sa célébrité. Babar at Home et Babar and Father Christmas paraissent en prépublication dans The Daily Sketch entre septembre 1936 et janvier 1937. Mais la publication à un rythme quotidien d’une séquence narrative et d’une illustration en noir et blanc exclut tout effet global de mise en page, tel que Jean de Brunhoff  pouvait l’avoir imaginé pour la future publication en album.

L’état de santé de ce magnifique artiste, touché par la tuberculose en 1928 (en un temps où l’on ne connaissait guère d’autres remèdes que le repos et l’air pur des montagnes), va brusquement se dégrader. La presse française annonce sa mort le 16 octobre 1936. Hachette publia Babar en famille en décembre 1937. C’est l’occupation de Paris dès juin 1940 par les troupes allemandes qui amena Hachette à ne publier Babar et le Père Noël qu’un an plus tard, en avril 1941. La mise en page est mal maitrisée et le texte qui se révèle être une médiocre traduction du texte anglais paru dans le Daily Sketch. Il n’est pas impossible que le texte original de cet ultime album ait disparu.
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Comment est abordée la mort de Babar dans « Babar et le Père Noël » (1941), cet ouvrage paru en pleine guerre et après le décès de Jean de Brunhoff ?

 

 

 

Rien dans ce dernier album ne met en scène stricto sensu la mort de Babar. Pour répondre à une demande de ses enfants, Pom, Flore et Alexandre (nés dans Babar en famille), qui apprennent qu’au pays des hommes, existe un personnage à barbe blanche et habit rouge babarperenoelqui distribue des cadeaux à Noël, Babar part en quête de ce mystérieux personnage. Le schéma narratif se révèle être dans cet ultime album celui d’une quête initiatique qui mène Babar, accompagné d’un petit chien, de Paris jusqu’au fin fonds de la Bohême, toujours plus seul, toujours plus loin, toujours plus haut, luttant contre les tourbillons de neige : « Le vent souffle si fort que la neige pique les yeux et la peau. On ne distingue plus rien. » Pour se protéger et survivre, Babar se construit un iglou. Mais Le sol soudain cède sous son poids et Babar se retrouve directement dans la salle à manger du Père Noël.

Mathieu de Brunhoff, le second fils de Jean, qui m’a accompagnée tout au long dans mon enquête sur l’œuvre de son père, dit avoir été surpris que ses deux filles lui disent qu’elles éprouvaient dans leur enfance une « tristesse profonde en lisant ce livre ». Je ne peux que souscrire à cette tristesse que l’une d’elles résume par ces mots : « Ce livre est une marche vers la mort qui apparait comme une quête du Père. »

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Comment expliquer que Babar reste aussi populaire encore de nos jours ?

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Si popularité il y a – j’en suis moins certaine que vous – il y a malheureusement à cela plus de mauvaises raisons que de bonnes. La maison Hachette a inlassablement réédité les aventures de Babar sous de multiples formes peu respectueuses de l’œuvre originale. Laurent de Brunhoff a publié à son tour des albums qui continuent à donner vie au personnage inventé par son père au risque de créer une confusion entre les titres de l’un et de l’autre. Babar est par ailleurs devenu un support « publicitaire » pour des jouets destinés à de jeunes enfants, pour des timbales, des draps de lit, des serviettes de plage, etc. La télévision s’en est mêlée, Chantal Goya fit de Babar le héros d’une de ses chansons. Connaître le nom et la silhouette du personnage avec son habit « d’une agréable couleur verte » est une chose, trouver en librairie l’édition d’un album qui, à défaut du grand format initial, respecte au moins le texte, la mise en page et le rendu des couleurs de l’œuvre original en est une autre. Mieux vaut souvent aller regarder de préférence du côté des bouquinistes et des sites de vente en ligne.

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Pour en savoir plus :

« Au pays de Babar- les albums de Jean de Brunhoff » Presses Universitaires de Rennes 2017 http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4480

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