Avec une avalanche de couleurs et des formes à la fois nobles et douces, Kate Voronina envoûte le lecteur. Nourrie par une certaine poésie mais aussi un talent certain, l’artiste russe expatriée à présent en France a pu participer au Parisianer spécial sports. Kate Voronina est également l’autrice du livre « Où allons-nous ? » Dans ce livre pour enfants, la quête des secrets est questionnée par une faune et une flore fantasmées.

Entretien avec Kate Voronina au fil de l’eau (parisienne).

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Quel a été votre rôle dans la réalisation de l’animation « Camilla » ?

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Je suis partie vivre en Israël en 2016. Durant les 5 premiers mois, j’ai travaillé pour le studio Poink. Même si à l’époque je ne parlais pas du tout anglais, la production israélienne m’a embauché. L’expérience a été vraiment spontanée. Je n’arrivais pas à imaginer que je travaillais pour un studio d’animation à l’étranger. « Camilla » est un court métrage. J’y ai participé en tant qu’artiste de fond. J’ai dû adapter mon propre style artistique pour cela et j’ai beaucoup appris.

En 2018, « Camilla » a été sélectionné pour être compétition au Festival de Cannes. Ce fut une vraie récompense pour nous.

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A Berlin, vous avez notamment réalisé des fresques dans l’espace public. Avec ce nouveau format, avez-vous été un artiste différent ?

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J’ai déménagé à Berlin en 2018. Ma carrière d’artiste muraliste a alors commencé. J’ai d’abord dessiné sur les murs de cafés et de studios. Plus tard, suite à un concours que j’ai remporté, j’ai pu réaliser ma plus grande fresque murale. Elle est toujours sur la façade d’un immeuble de 10 étages. Le projet s’appelait « Brave wall » et a été organisé par Amnesty International et l’Urban Nation Museum de Berlin. J’ai ensuite pu réaliser des peintures murales aux Pays-Bas et en France. J’espère que j’aurai l’occasion de continuer dans cette direction artistique et de réaliser plus de fresques dans le monde :).

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Brave wall
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Quelles sont vos couleurs ?

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J’aime jouer avec certaines couleurs et je les adapte à chaque projet. Quand il y a 4 ou 5 couleurs ensemble, elles se complètent mutuellement – à tel point qu’on peut avoir l’impression qu’il y en a beaucoup plus. Les yeux ne se lassent pas de la diversité.

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Qu’est-ce qu’était le projet Sunday Sketching Berlin ?

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C’est une période importante de ma vie. J’ai lancé ce projet avec mon amie Susannah Garden. C’est une artiste australienne qui avait décidé de partir vivre à Moscou. Elle a vécu 10 ans en Russie. Nous nous sommes rencontrés à Berlin. En tant qu’expatriées (elle avait aussi été comme moi à Tel Aviv) et ayant des amis en commun, il était pour nous évident de travailler ensemble.

Nous étions des artistes pleins d’enthousiasme et très actives. D’autres nous ont rejoint. C’était comme si nous avions constitué toute une communauté d’artistes. Deux fois par mois, le dimanche, nous nous retrouvions dans un endroit de Berlin pour faire de l’art. Pour chaque séance, il fallait se mettre d’accord sur le lieu, la technique, les matériaux utilisés, la conception et l’influence souhaitées. C’était comme si nous vivions dans une autarcie éducative et artistique.

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La ville de Paris est une grande inspiration pour vous ?

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Bien sûr. Paris est un lieu si dynamique, très artistique et avec un grand nombre d’événements. Chaque jour, il y a quelque chose à faire ou à voir. Ici, tout le monde semble se précipiter pour se rendre autre part. J’aime cette ambiance et j’adore la culture française. C’est même une vraie joie d’apprendre une nouvelle langue. Le français est très métaphorique.

Parfois, l’énergie de Paris me fait penser à celle que j’ai pu connaître à Moscou.

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Quelle fut votre idée pour illustrer votre dessin publié dans The Parisianer ?

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La maison d’éditions m’a donné comme thème : le handball. En France, on donne beaucoup de liberté aux artistes. J’ai pu donc être très indépendante dans mon interprétation.

Tout d’abord, j’ai réalisé plusieurs dessins. Il fallait représenter un lieu reconnaissable de Paris. L’intérieur de Musée d’Orsay est très connu. J’ai donc cherché sur Internet des images typiques du lieu. Puis, j’ai pensé illustrer la statue de David puis la tête de Goliath. Cette dernière est si ronde qu’on a l’impression que l’on pourrait jouer avec telle une balle. Qui aurait besoin d’une tête ? Des cambrioleurs.

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Quelle est l’idée principale de votre livre « Où allons-nous ? »

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Tout est parti d’une seule illustration. Celui du paysage de montagnes. Le dessin est une référence à mes doux souvenirs d’enfance. En voyageant avec mes parents et en passant devant la nature, assise dans la voiture, j’aimais regarder les montagnes et les arbres à gauche et à droite de la route. Avec la distance, ils ressemblaient à des chats que je voulais caresser.

« Où allons-nous ? » est un concentré de mes rêves et mes souvenirs d’enfance.

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Les secrets sont-ils beaux car ils ne peuvent être révélés ?

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Bien entendu.  Quand j’étais jeune, j’avais dessiné un homme qui depuis sa fenêtre essayait d’attraper avec un filet du poisson. Comme il n’attrapait rien, il était triste. Puis subitement un autre poisson mord à l’hameçon de sa canne à pêche posée sur le sol. L’idée est aussi absurde que s’il s’agissait d’un poisson volant.

Même quand vous vous concentrez sur un rêve, d’autres choses irréelles et incroyables peuvent surgir subitement dans votre vie. Il est important d’apprécier de telles opportunités. Lorsque vous vous concentrez sur une chose, vous ne laissez pas la place à d’autres événements importants. C’est l’idée de « Où allons-nous ? » : Ne soyez pas obsédé par les secrets. Certaines grandes choses arrivent tout à fait par hasard.

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Où allez-vous à présent ?

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Je souhaite que cela reste un secret 😉.

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Pour en savoir plus : Le site de Kate Voronina about – Kate Voronina

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