Au cœur des grottes ou dans les abris sous roche depuis la nuit des temps, « l’art des parois » suscite encore de nos jours fascination et admiration. Il y a des millénaires, les artistes préhistoriques ont souhaité transmettre leur vie quotidienne, leurs croyances ou les animaux qu’ils rencontraient. Face à la paroi, ils ont su jouer avec les bosses et les creux – rendant leurs figures pariétales admirables. La grotte de Lascaux reste le lieu emblématique de l’art préhistorique.

Lasco, artiste lyonnais, a adopté le principe sur les murs de nos villes, dans les skateparks ou encore dans le métro. Hommages mais aussi continuité artistique, ses œuvres tout droit sorties de « l’âge de pierre » sont incroyablement modernes et universelles. Le street art a décidemment des ressources surprenantes.

Entretien avec Lasco.

.
.
.
.
Depuis quand remonte votre lien avec le street art (en tant qu’artiste mais aussi en tant que spectateur) ?

.
.
.
.

J’ai commencé à m’intéresser plus profondément à l’art via des rencontres avec des étudiants de l’Ecole lyonnaise de dessin Emile Cohl en parallèle de mes études purement scientifiques, puis au street art comme spectateur un peu plus tard. Ce n’est qu’en 2017 que j’ai franchi le pas de peindre dans la rue à la bombe aérosol.

.
.
.
.

Nos lointains ancêtres peignaient sur les parois des cavernes les animaux qu’ils chassaient et qu’ils vénéraient. Est-ce votre façon de justifier le street art ?

.
.
.
.

Les buts de ma démarche de Street art préhistorique sont multiples ; je souhaitais à la fois vulgariser l’art pariétal au grand public, mais aussi interroger à la fois sur l’origine de l’art et sur le paradoxe qu’il existe entre cet art ancestral protégé et le Street art interdit. C’est cette réflexion qui m’a en quelque sorte donné la force dans mon envie d’aller graffer dans la rue de manière illégale. J’ai décidé d’utiliser cet anachronisme pictural pour m’adresser aux publics des rues.

.
.
.
.

Mammouth – Clermont
.
.
.
.

Votre dessin a été travaillé pendant de longs mois avant d’apparaître sur les murs et c’est venu assez naturellement ?

.
.
.
.

Le Street Art m’intéressait ainsi que l’art préhistorique, mais au début de ma réflexion artistique, je n’avais pas encore associé ces 2 arts et les premiers dessins que j’avais préparé pour être peint dans la rue ne légitimaient pas que je peigne en vandale sur des murs. A partir du moment où grâce à mon travail j’ai été extrêmement touché par la vision d’art pariétal dans des grottes ornées véritables et factices, j’ai souhaité réaliser des peintures dans la rue, et c’est apparu comme une évidence de partir sur un projet de Street Art préhistorique.

.
.
.
.

Pour quelles raisons avez-vous choisi Lyon avant tout comme votre territoire ?

.
.
.
.

Je vis actuellement à Lyon et c’est donc naturellement que j’ai commencé de graffer dans mon environnement urbain. Je peins aussi à la bombe aérosol au cours de mes déplacements personnels et professionnels.

.
.
.
.

Antilope africaine – Lyon

.
.
.
.

Ours, taureaux, chevaux, girafes, sangliers… Choisissez les lieux selon les animaux ou vice versa ?

.
.
.
.

Les 2 sont étroitement liés. Je repère un mur qui me plait pour une fissure, des aspérités, des manques de matière… ou bien un élément urbain, une sensation que cela m’évoque…et j’appose une peinture à la bombe aérosol de l’animal que m’inspire ce lieu.

Parfois c’est un animal que j’ai en tête et je me mets en quête d’un mur qui me conviendra pour le peindre du fait de sa localisation, de sa structure ou d’un élément plus personnel.

.
.
.
.

Votre signature (LASCO) est-elle aussi pensée pour être brut ?

.
.
.
.

Brut et naturelle. C’est une signature en clin d’œil à la célèbre grotte ornée de Dordogne que j’ai élaboré en trempant mon doigt dans de la peinture et exécuté en lâcher prise afin d’avoir un geste naturel et fluide  ou chaque lettre se présente comme un  élément figuratif traçable maintenant en un seul mouvement à la bombe aérosol.

.
.
.
.

Vache rouge – Paris

.
.
.
.

Le choix des couleurs est-il parfois un véritable casse-tête ?
.
.
.
.

C’est un plaisir de trouver les bonnes associations plutôt qu’un casse-tête. J’aime peindre dans les tonalités ocres : du jaune au brun en passant par les oranges, rouges pour rester dans la couleur des pigments utilisés durant la préhistoire. A l’époque glaciaire, le noir pouvait provenir de charbon de bois ou de dioxyde de manganèse, j’utilise pour ma part des bombes aérosols noires pour mes contours. Actuellement je travaille beaucoup sur des représentations animales du continent africain et utilise les bombes aérosols un peu différemment que lorsque que je peins des bêtes du continents européens. J’aime trouver des techniques pour patiner les pièces que je réalise.

.
.
.
.

Quels sont vos projets ?

.
.
.
.

Mon projet est de continuer d’apporter mes réinterprétations et création d’animaux issues de l’art pariétal préhistorique mondial au grand public via mes peinture à l’aérosol dans les rues de France et d’ailleurs.

En parallèle, je continue de réaliser des œuvres sur toile travaillées à l’enduit et de collaborer sur différents projets de fresque avec des Musées de préhistoire, d’archéologie autour des thèmes de l’art pariétal et du Street Art. Je suis aussi investi dans la sensibilisation à ces 2 arts via des ateliers de peintures préhistoriques pour les jeunes dans des écoles, collèges, musées et périscolaire…

.
.
.
.

Tableau sur toile – Travail avec enduit et bombes aérosols

.

.

Photo de couverture : Le Breuil Saône-et-Loire 71 Skate park.

PARTAGER