Depuis la nuit des temps, la faune a fasciné. Sur les parois des cavernes pendant la Préhistoire, sur les tapisseries médiévales ou encore au sein des édifices religieux, l’animal a été représenté par l’homme.

La photographie saisit également les gestes, les postures ou encore les regards d’une envoutante nature menacée. Depuis des dizaines d’années, Laurent Baheux, photographe émérite et auteur notamment du livre « Animalité » (Atlande Editions – 2018) , capture de la beauté et de l’essence de la faune sauvage. En noir & blanc, l’animal est ainsi magnifié dans son propre environnement.

Entretien avec Laurent Baheux, précieux témoin du sauvage.

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Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette aventure captivante ?

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J’ai débuté ma carrière en tant que journaliste et photographe dans le domaine du sport, une expérience qui a duré une quinzaine d’années. Cependant, vers l’âge de 30 ans, j’ai ressenti le besoin de me tourner vers des horizons plus essentiels. Ayant grandi à la campagne, j’ai toujours été fasciné par la nature et les animaux. Ainsi, j’ai entrepris un voyage en Afrique de l’Est pour explorer les territoires des grands mammifères terrestres. Ce fut une révélation instantanée pour moi, et depuis plus de deux décennies, je suis tombé amoureux de cette expérience africaine, une véritable African dream.

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Vous avez vraiment vécu ce rêve africain de manière intense. Pourquoi avoir choisi de photographier en noir et blanc alors que la faune sauvage est souvent associée à une palette de couleurs vibrantes ?

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Le noir et blanc a toujours été une partie intégrante de mon parcours photographique. Autodidacte, j’ai appris tous les rouages de la photographie argentique dans une chambre noire. Bien que j’aie également embrassé la photographie numérique avec l’évolution de la technologie, le noir et blanc a toujours résonné avec mon esthétique personnelle. En plus, je suis admiratif des grands artistes qui ont opté pour ce support. Le noir et blanc offre une certaine intemporalité et une profondeur émotionnelle à mes images, surtout lorsqu’il s’agit de capturer la majesté de l’Afrique.

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Avec des animaux sauvages comme sujets, la patience et l’humilité semblent être des qualités indispensables. Comment gérez-vous ces aspects lors de vos séances de photographie ?

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La patience est une vertu que j’ai apprise en travaillant avec des athlètes dans le domaine du sport. Chaque match apporte son lot d’incertitudes, et c’est pareil avec la faune sauvage. Dans les zones protégées d’Afrique, il est parfois plus facile de s’approcher des animaux, car ils ne ressentent pas la menace de la chasse. Cependant, chaque rencontre est unique et demande une certaine dose d’adaptabilité. Je suis toujours émerveillé par les postures, les regards et les instants que la nature offre, peu importe l’espèce que je photographie.

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Y a-t-il une expérience particulièrement mémorable que vous avez réussi à capturer à travers votre objectif ?

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Absolument. Il y a une photo en particulier qui me vient à l’esprit. J’ai capturé l’image d’un jeune zèbre bondissant au-dessus d’un adulte d’une manière tout à fait improbable. C’était un de ces moments magiques où la nature nous offre des scènes extraordinaires. Chacun de mes voyages réserve son lot de surprises et d’instants uniques.

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Votre passion pour la faune sauvage est évidente. Cependant, avec les menaces croissantes qui pèsent sur les habitats naturels, voyez-vous un avenir incertain pour ces animaux que vous aimez tant ?

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Malheureusement, les activités humaines ont un impact considérable sur les habitats naturels et la faune qui les peuple. Que ce soit en Afrique ou même en France, nous assistons à une réduction alarmante des territoires sauvages. La protection de ces habitats et de leurs habitants est plus cruciale que jamais.

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Vous avez également exploré les régions arctiques pour votre série « Ice is Black ». Pouvez-vous nous parler des défis que vous avez rencontrés en photographiant dans ces environnements glaciaux ?

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Explorer les régions arctiques a été une expérience à part entière. Contrairement à l’Afrique, où la faune est plus facilement observable, l’Arctique présente un défi différent en raison de sa faible densité de population animale. Chaque rencontre avec des rennes ou des ours polaires ressemble à une véritable traque, et les conditions climatiques extrêmes ajoutent une dimension supplémentaire à la préparation nécessaire pour capturer ces moments intimes.

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Vos expériences sont vraiment fascinantes. Avant de conclure, quelles sont vos prochaines aventures et projets photographiques ?

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Je suis actuellement en train de préparer une exposition sur les chevaux qui se tiendra à Genève d’ici la fin de l’année. De plus, j’ai des projets pour mettre en lumière la faune européenne, car je crois fermement que les merveilles de la nature ne se trouvent pas seulement à l’autre bout du monde, mais aussi dans nos propres forêts et campagnes.

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