De nos jours, le street art est un monde riche et d’une grande variété. On peut retrouver dans nos rues toutes les formes d’expression : colère, tristesse, revendication politique mais aussi joie et fantaisie. Les bisounours, sympathiques ursidés de toutes les couleurs des années 80, ont fait leur apparition dans l’espace public il y a peu. Streetoonours s’est en effet mobilisé pour colorer nos villes. Les bisounours rendent hommages, jouent avec les noms de rues mais aussi fêtent Halloween ou prochainement Noël. Mais jusqu’où iront-ils ?
Entretien (en écriture inclusive!) avec ce fameux Streetoonours.
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Fresques, mosaïques, sculptures,… Le street art était-il en manque de mignonerie selon toi? Quelle est la genèse de Streetoonours ?
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Ce qui est amusant dans le streetart c’est qu’il y a de tout, de l’art engagé comme de l’art très abstrait. Concernant Streetoonours, ce projet a été créé avec un mélange de plusieurs choses : un projet de tatouage, un œil aguerri pour le streetart et le constat amère que le streetart n’est pas du tout représenté de la même manière en fonction des quartiers de Paris. Certains en sont remplis et d’autres en manquent cruellement ! Une volonté est donc née, celle d’apporter, dans absolument tous les quartiers de Paris, du street art mais avec deux contraintes non négociables : d’abord celle d’amener Streetoonours dans toutes les rues de Paris mais aussi qu’iel puisse toucher les plus petits comme les plus grands. En même temps, tout le monde a besoin de douceur et de mignonnerie dans ce monde de brutes !
Le projet Streetoonours était donc lancé !
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Pourquoi cet ours sur un nuage en particulier ?
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Je cherchais à faire un nouveau tatouage pour lequel je me suis fortement inspiré·e des bisounours. Pour moi, ces personnages rappellent l’enfance, ils sont encore présents après 40 ans et sont
tellement adorables et colorés. Quand le projet Streetoonours mûrissait dans ma tête et que j’en cherchais le visage, j’ai instinctivement pensé à cet ours, désormais présent sur mon corps, qui, en étant transformé et coloré à ma guise, pourrait être un vecteur d’émotions dans les rues.
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Au-delà du jeu avec les plaques de rues, Streetoonours est-il un hommage à Paris et à l’Histoire ?
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Streetoonours a d’abord vocation à attendrir mais aussi à permettre de s’interroger, de jouer. Ce projet a débuté à Paris car c’est ma ville, mais il n’a pas de frontières… Alors oui c’est un hommage à Paris et à
l’histoire mais c’est surtout un hommage aux personnages de nos plaques de rues qui sont souvent méconnus du grand public. C’est un hommage à leur(s) histoire(s).
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Couleurs des drapeaux ukrainien et iranien, portrait de Pierre Soulages,… Il est important de réagir à l’actualité ?
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Il est important de réagir à l’actualité pour différentes raisons. Tout d’abord, cela place l’art dans le présent mais c’est aussi une façon pour Streetoonours de s’engager, de montrer qu’au-delà des couleurs et des
arc-en-ciel, ces petits oursons ont un sens plus profond. Cela me permet aussi d’être stimulé.e en devant réagir vite aux événements du quotidien et de créer des streetoonours un peu différent.e.s de ceux des
plaques de rue.
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Quelle est la réaction des passants ? Des autres streetartistes ?
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Quand je ne colle pas dans la nuit vide de monde, les passants sont, dans 99% des cas, attendris et curieux, souvent ils me parlent et me posent des questions. Cela me stimule et m’enjoint à continuer à apporter de la mignonnerie dans ce monde bien sombre. Malgré tout, je ne suis pas encore passé·e dans les quartiers plus rigides et fermés sur le streetart, nous verrons bien !
Concernant les autres streetartistes, je n’ai eu que de bons échos et je m’amuse avec certains : j’ai créé un mode « collab’ sauvage » dans lequel le m’amuse à créer des streetoonours en lien avec l’univers
d’autres artistes (qui ne sont pas au courant au départ) ou bien je colle simplement mes ours à côté d’autres œuvres déjà présentes pour créer une œuvre commune. Leurs retours sont plus que positifs et j’ai même, grâce à cela, pu collaborer « officiellement » avec certains d’entre eux.
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En peu de temps les streetoonours ont été partout dans Paris.Pourquoi une telle vague ?
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L’idée était de frapper vite et fort. Tout nouveau dans la rue il fallait que l’on m’identifie. De plus, mon support qui est le collage est de nature éphémère et donc peut vite être dégradé et/ou retiré et j’aime cette idée dans l’art que rien n’est éternel.
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Citrouilles, fantômes, vampires,… Halloween a été un moment important pour les Streetoonours. Ce sera la même chose pour Noël et le début de l’année 2023?
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J’essaye au mieux d’être là pour tous les événements majeurs, donc oui je n’y manquerais pas…
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Les streetoonours finiront-ils par grandir (en taille)?
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Une question au cœur du débat pour moi en ce moment. Certain.e.s Streetoonours ont déjà un peu grandis mais je vais très prochainement faire un.e Streetoonours de 2m50 de haut pour 2m30 de large.
Actuellement, le/la plus grand.e fait 1m50 de hauteur et de largeur.
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Quels sont tes projets ?
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Je n’en ai qu’un depuis le début : mettre du streetart dans tous les coins et recoins du monde en partant de Paris. Pour emprunter une partie des mots de Sacha du Bourg Palette : « je parcourrai la terre entière, traquant avec espoir les rues mortes et leurs mystères le secret de leurs histoires »
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