Qui est Roald Dahl (1916-1990) ? Ce formidable écrivain britannique est surtout connu pour ses histoires courtes telles que « Le Bon gros géant », « Matilda », « Charlie & la Chocolaterie » et tant d’autres. Même encore de nos jours, Roald Dahl reste une référence en littérature. Le 13 septembre (jour de sa naissance) est même célébré comme le jour de Roald Dahl. Il reste l’un des écrivains les plus lus dans le monde avec plus de 250 millions d’exemplaires vendus. Pourtant, Roald Dahl n’était pas seulement un écrivain et un poète, il a également été pilote d’avion pendant la Seconde Guerre mondiale, fut même un historien du chocolat et un inventeur hors pair. La fantaisie à son plus beau degré.

Entretien avec Jacob M. Held de l’Université d’Arkansas, auteur du livre « Roald Dahl and Philosophy : A little Nonsense then & now » à propos des livres pour enfants de Roald Dahl.

 

 

 

Que ce soit dans les livres pour enfants ou dans les autres de ses livres (romans, scénarios), y’a-t-il un véritable style d’écriture chez Roald Dahl ?

 

 

Comme je connais davantage la littérature pour enfants, je m’exprimerais surtout sur cet aspect même si, en tant que fan de James Bond, je dois avouer que Roald Dahl a écrit l’un des meilleurs scénarios de la saga, « On ne vit que deux fois » (1967). En termes de livres pour enfants, il est difficile de noter un style particulier. Ses histoires doivent être souvent lues comme une série de séquences plus moins ou longues. Que ce soit « James et la Grosse pêche » (1961), « Charlie et la Chocolaterie » (1964) ou « Charlie et le Grand ascenseur de verre » (1972), toutes ces histoires sont construites comme des séries d’événements vaguement liés les uns aux autres. Elles sont avant tout divertissantes pour les enfants. De tels récits vous transportent ailleurs en peu de lignes. Lorsque vous avez terminé le livre, vous le refermez et pouvez le réouvrir à tout moment. Je pense que pour les enfants c’est avant tout une vraie joie de plonger et de replonger dans ces récits.

 

 

En tant que pilote de la Royal Air Force (RAF) pendant la Seconde Guerre mondiale, Roald Dahl avait entendu parler de ces gremlins. Créatures souvent invoquées par les équipages afin d’expliquer les problèmes mécaniques. « The Gremlins » (1943) est le premier livre pour enfants écrit par Roald Dahl. Etait-ce une façon amusante d’aborder la guerre auprès des enfants ?

 

 

Je ne suis pas certain que « The Gremlins » traite vraiment de la guerre. Ce n’est clairement pas de la propagande pour l’effort de guerre comme les studios Disney ont réalisé à cette époque. La guerre est juste le contexte de l’histoire des gremlins. Dans le roman, nous suivons les aventures et les frasques de ces petites créatures. Si vous écrivez un conte qui se passe de nos jours, il y aura certes des personnes qui porteront des masques chirurgicaux mais cela ne traitera pas forcément du Covid. Le contexte est juste un support de compréhension pour que les enfants puissent se jeter plus aisément dans l’histoire.

 

 

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Roald Dahl a écrit également des histoires macabres pour les adultes (certaines furent même adaptées dans la série télé « Alfred Hitchcock Présente »). Roald Dahl voulait-t-il surprendre ses lecteurs et d’une certaine manière lui-même ?

 

 

Certaines histoires écrites pour les enfants sont elles aussi macabres. Petites filles et petits garçons sont même parfois victimes d’abus, de violences ou au moins de négligences. Les enfants sont souvent menacés d’être frappés voire d’être tués. La souffrance est un sujet constant dans les histoires de Roald Dahl. Ce sont des récits à la fois durs et violents. C’est justement l’intérêt de lire Roald Dahl. Ses histoires ont du sens et doivent être lues par les enfants car elles les avertissent des différents dangers qu’ils pourront croiser au cours de leur vie. Roald Dahl ne dépeint pas un monde merveilleux avec des rayons de soleil et des roses. Ses histoires montrent au contraire un monde que les enfants connaissent très bien. Un monde d’épreuves et de déceptions où il faut être déterminé, individualiste, persévérant et même être le meilleur. Des personnages comme James, Matilda, Charlie ou Danny sont de parfaits exemples d’enfants qui connaissent les codes pour réussir à s’en sortir.

 

 

L’absurde est-il le moteur des écrits de Roald Dahl ?

 

 

Le terme est sans doute inapproprié. Si c’était vraiment de l’absurde, les histoires de Roald Dahl n’auraient aucun impact dans nos vies. Ce qui me parait vraiment absurde c’est par exemple lesroald_dahl kids vidéos sur Tik Tok… L’absurde chez Roald Dahl c’est surtout des pitreries, de l’inattendu qui nous amène jusqu’aux frontières de la réalité. Nous arrivons à mieux comprendre cette réalité car nous nous identifions aisément aux personnages de Dahl. Ce qu’ils vivent dans les histoires nous permet d’en apprendre davantage sur nos propres vies et le monde qui nous entoure. L’absurde chez Roald Dahl permet de voir notre réalité comme plus malléable. Finalement, très peu de choses sont vraiment sérieuses alors amusons nous.

 

 

Bien que Roald Dahl est reconnu comme un écrivain talentueux, il fut également critiqué pour son racisme et sa misogynie. Ses écrits étaient-ils plus tolérants que l’écrivain lui-même ?

 

 

Je pense qu’il faut faire attention à ne pas trop critiquer des travaux du passé avec nos yeux d’aujourd’hui. Ne cherchons pas le mal dans tout ce que nous pouvons lire. Ce n’est pas parce que les sorcières sont des femmes que nous devons penser que l’auteur est misogyne. Lessorcières femmes peuvent être méchantes et ce n’est en aucun cas sexiste de le dire. Il faut bien entendu être plus vigilant, plus inclusif et donc débattre des sujets polémiques. Je pense tout de même qu’il est incroyablement arrogant de juger les penseurs et artistes d’autrefois avec l’actualité d’aujourd’hui. Nous ne sommes pas les enfants d’aujourd’hui et en aucun cas nous ne savons pas tout. Peut-on arriver à reconnaître les thèmes polémiques que Roald Dahl a voulu clairement aborder dans ses livres ? Tout ce que nous lisons est toujours lu avec notre propre point de vue, selon notre propre époque. Nous faisons et disons également nous-mêmes de terribles choses. Alors restons humbles et reconnaissants envers le travail de Roald Dahl. il ne faut pas se concentrer uniquement sur le négatif que l’on peut trouver ici et là dans ses écrits. Comme de grands philosophes d’autrefois, Roald Dahl a pu en effet exprimer des opinions contraires à nos croyances d’aujourd’hui. Cela ne veut pas dire que ses idées n’ont toujours pas de valeurs ou même ne sont plus pertinentes.

Aristote défendait la notion même d’esclavage et prétendait que certaines personnes étaient nées pour être esclaves. Pourtant, son œuvre entière n’est pas rejetée. Il y a tellement d’autres choses qui doivent être lues de lui. L’influence d’Aristote reste encore de nos jours très importante et nous ne devons pas l’oublier.

En d’autres termes, Roald Dahl parle à nous tous. Il nous parle d’indépendance et d’audace, de persévérance et d’amitié. Il nous enseigne l’empathie.

 

 

Dans les livres pour enfants de Roald Dahl, que symbolisent les adultes ?

 

 

La plupart du temps, ce sont des mauvaises personnes. Ils semblent symboliser l’obstacle ou la menace. Les adultes répriment les enfants et étouffent leurs envies d’aventure. Ils sont terre-à-terre, autoritaires et brutaux. A l’opposé, les enfants sont plein de vie et joyeux. Il y a tout de même un bon adulte dans l’univers de Roald Dahl : C’est la grand-mère dans « Sorcières » (1983). Elle fait attention à son petit garçon, s’occupe de son éducation et encourage même son esprit d’aventures. Finalement, la grand-mère l’aide à grandir mais aussi à lui faire accepter les dures réalités du monde sans saper ou détruire ses rêves. Les parents Wormwood dans « Matilda » (1988) sont quant à eux le parfait exemple de mauvais adultes : Ils sont stupides, arrogants et tyranniques. Ils méprisent tout ce que est différent et parce qu’ils sont mal dans leur peau, petits et mesquins, les parents Wormwood s’en prennent à ce qui est spécial ou prometteur – à savoir leur fille Matilda.

La grand-mère dans « Sorcières », quant à elle, aime son petit-fils pour ce qu’il est. Elle va même tout faire pour l’aider lorsqu’il se transforme en souris. La grand-mère lui aménage un espace où il peut grandir sans le moindre souci. Elle est vraiment l’archétype du bon adulte.

 

 

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La gourmandise est un terrible péché dans les histoires de Roald Dahl (« Matilda », « Charlie & la chocolaterie », « Fantastique Maître Renard », « Le Bon gros géant »). Est-ce une façon de prévenir les enfants de ne pas plonger dans de terribles excès ?

 

 

Je pense que la modération a toujours été perçue comme une vertu, au moins depuis Aristote. Vouloir à tout prix quelque chose est problématique. Cela vous met en rivalité avec les autres. Le manque est omniprésent sur cette planète. Les ressources sont limitées par conséquent vouloir la plus grande part pour vous-même sera au détriment des autres. Les fermiers de « Fantastique Maître Renard » (1970) pillent les ressources dont Maître Renard et ses compagnons ont besoin pour survivre. Augustus Gloop (« Charlie & la chocolaterie ») ne peut retenir son appétit et cela lui pose des problèmes.

Cela peut être vrai pour nous tous. Si nous n’arrivons pas à nous contrôler, nous finirons par tomber malades ou nuire aux relations avec autrui. Comment pouvons-nous gérer nos frustrations et devenir plus modérés et plus compréhensifs envers les besoins de ceux qui nous entourent ?

La gourmandise est un vice car elle nous fait finalement du mal ainsi qu’aux autres. Un grand nombre d’histoires de Roald Dahl traite de l’évolution des comportements. La vertu éthique est un sujet. Tout cela doit être compris et être pris au sérieux par les enfants.

 

 

Bien qu’il soit plus « âgé que nous ne le pensons », Willy Wonka (« Charlie & la chocolaterie ») est-il un homme qui n’a jamais grandi ?

 

 

willywIl a grandi dans le sens où il est devenu mature et responsable. Willy est également drôle, curieux et aventureux. Cependant, il n’est pas infantile. Willy dirige une usine couronnée de succès et prend soin de ses employés (même si le statut des Oompa Loompas laisse à désirer…). C’est un adulte responsable. Mais il diffère de la figure de l’adulte type de l’univers de Roald Dahl. Willy n’est ni autoritaire, ni cruel ni trop sérieux. C’est justement parce qu’il n’est pas sérieux qu’il connaît la joie de vivre.

 

 

« Fantastique Maître Renard » est-il plus qu’une simple adaptation du Roman de Renart ?

 

 

« Fantastique Maître Renard » est une superbe histoire. Cela traite certes de la cupidité et de la justice mais c’est surtout du fun. Roald Dahl l’a avant tout écrit pour cela. Est-ce proche de l’univers du Roman de Renard ? Je ne sais dire mais en tout cas ce n’est pas du plagiat. L’œuvre se suffit à elle-même. Si on se concentre trop sur l’originalité nous risquons de manquer quelque chose. Finalement, l’artiste crée pour mieux partager une expérience avec nous. Si c’est sincère et authentique, nous nous engageons amplement. Qu’importe s’il s’agit d’une adaptation ou non.

 

 

Est-ce que « Georges et le Bouillon magique » (1981) est un souhait de retrouver plus de fantaisie dans la science ?

 

 

Il pourrait juste s’agir d’un délire d’enfant: « Et si je pouvais réaliser une potion qui pourrait éliminer tous les problèmes? » pourrait-on penser. Mais votre remarque est juste. La fantaisie est tout à fait nécessaire dans la science. Bien qu’il s’agit d’une matière très ancrée dans la réalité, il faut parfois aller au-delà de ce que justement la réalité nous propose. La science n’est pas seulement de la découverte – cela doit être aussi de l’invention.

 

 

Comment peut-on expliquer que les livres de Roald Dahl restent toujours aussi populaires ?

 

 

Car ils traitent, au même titre que les écrits du Dr. Seuss que j’aime également beaucoup et dont les écrits sont universellement reconnus, de questions fondamentales à propos de l’enfant et de l’être humain en général. Roald Dahl nous parle de la souffrance et de la douleur mais également de la force et de l’ingéniosité. Ces émotions existeront tant que les humains resteront des humains. Aussi fantastiques que sont les histoires de Roald Dahl, elles ne sont liées à aucune époque ou à aucune culture spécifique. Elles résonnent en nous aisément car elles nous touchent en tant que personne. Tout comme « l’Ethique à Nicomaque » d’Aristote ou « L’Apologie de Platon », les livres de Roald Dahl nous parleront toujours.

 

 

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Les illustrations sont de Quentin Blake.

Joy & suffering : Roald Dahl’s children’s fictions 

 

 

Who is Roald Dahl (1916-1990) ? This wonderful British novelist is best known for his short stories ‘The BFG’, ‘Matilda’, ‘Charlie and the Chocolate Factory’ and many more. Even nowadays, Roald Dahl is clearly a litterature model. September 13th (the day he was born) is even Roald Dahl Day. For some  was the world’s best storyteller – his books have sold more than 250 million worldwide. Roald Dahl wasn’t just a short-story writer and poet though, he was also a wartime fighter pilot, chocolate historian and a medical inventor. Fantasy at its best…

Interview with Jacob M. Held (University of Central Arkansas), author of the book ‘Roald Dahl & Philosophy :  A little nonsense then & now’, about Roald Dahl’s children’s fictions.

 

 

 

Whether children’s fictions or any other fictions (novels, screenplays), was there a real Roald Dahl’s writing style ?

 

 

I’m most familiar with his children’s literature, so I’ll speak to that. I’m less familiar with his other works, although as a huge James Bond fan must note that he did write the screenplay for You Only Live Twice, which may be one of the best films in the franchise. But in terms of his children’s books, it’s hard to pin down a style. Structurally, they often read as a series of vignettes, such that they could be as long or as short as he wanted to make them. So, James and the Giant Peach, Charlie and the Chocolate Factory, Charlie and the Great Glass Elevator, these all are constructed as a sequence of happenings, loosely connected, but all entertaining. I think this is great for children. You can jump in, read a bit, have some fun, and put it down and get back to it whenever. I think for children that’s a bonus.

 

 

As a Royal Air Force fighter pilot in WW2, Roald Dahl heard of the Gremlins, often invoked by the crew members as an explanation of mechanical troubles. ‘The Gremlins’ (1943) is his first children’s book. Was it a funny way to talk about the war to the children ?

 

 

I’m not sure that one could really say that it talks about war to children. It’s not obvious propaganda like much of Disney’s work at the time, and the war setting is almost incidental to it. War is the background reality of the time so it’d make sense for that to be the backdrop, but it’s kind of just a silly adventure of Gremlins, their hijinks, and dealing with them. If he wrote a tale today I’m sure there’d be people in masks, but that’s not to say it’d be about Covid, it’d just be recognizing the conditions of the world in which the children who will read the book are in.

 

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Roald Dahl also wrote macabre adult short stories (Some of them were adapted in ‘Alfred Hitchcock Presents » TV series). Did Dahl want to surprise the readers and even himself ?

 

 

His children’s stories are pretty macabre as well. The children are usually the victims of abuse, or at least neglect. Often they are threatened with bodily harm if not death. And suffering is a perpetual theme. His stories are rough, they are brutal. But I think that’s the charm of Dahl, and why his stories both resonate but are also exemplary as good children’s literature. They don’t paint a fantastical world of sunshine and roses. They paint a world most children know, one of struggle and disappointment, but where a determined, spirited individual can persevere and even excel. Consider, James, Matilda, Charlie, Danny….

 

 

 

Is nonsense a real motto in Roald Dahl’s fantasy?

 

 

Nonsense may be a bit of a misnomer. If it were truly nonsensical, it wouldn’t make sense or be relevant at all to our lives. It’d be like so many non-sequitur, Tik Tok videos. Theroald_dahl kids nonsense in Dahl is actually more about silliness, what is unexpected, or what pushes reality to the limit, but in so doing it helps us understand reality better, as both flexible but also manageable. If his characters were truly surrounded by non-sense how would we relate to them and their struggles, and so how could we learn about our lives and our world from them? I think non-sense then is both about seeing reality as malleable, and our responses as infinite, as well as a proper perspective on things, namely, that not everything, in fact very few things, are deadly serious, so have a bit of fun.

 

 

Though Roald Dahl was a very talented novelist, he was criticized for racism & misogyny. Does his work a more tolerant space ?

 

 

I think we need to be wary of judging artistic works of the past by standards of the present, and of uncharitable readings colored by current sentimentalities. For example, just because the witches were women doesn’t mean it’s misogynist. Women can be villains.sorcières That’s not sexism. It is important of course to become more aware and sensitive to issues of inclusion, and in this regard, discussion of troublesome themes or depictions is educational and instructive. But in general, I think the desire to re-read and critique past thinkers or artists in terms of contemporary standards demonstrates an incredible arrogance about our own time’s brilliance or sensitivity as though unlike past thinkers we weren’t also children of our own time, or are somehow omniscient and infallible. Can we recognize that there may be troublesome themes or attitudes expressed in Dahl’s writings? Sure. But keep in mind we’re reading it from our perspective, from our time, and I’m sure we’ve got some things terribly wrong as well. So let’s operate from a bit of epistemic humility and recognize the value in what he did. Don’t focus solely and emphatically only on the negative. Like philosophers of the past, or anyone for that matter, they, as children of their time may express views antithetical to even our most deeply held beliefs today, but that’s not to say that some of their ideas don’t hold some value, some merit, and some continued relevance. Aristotle spoke favorably of slavery and noted that some people are natural born slaves. Yet, his body of work can’t be dismissed because he advocated such a view over 2000 years ago. There’s too much still worth reading in him, and his impact to great. We need to remember. Simply put, Dahl speaks to us all. He speaks to independence, and daring. He speaks to perseverance, and friendship. He teaches about empathy. Regardless, of any problematic ideas one may find, these are common, laudable themes throughout his work. Even if he was, as we all are, a flawed human, that doesn’t mean we can’t garner these messages from his work and live them in our lives.

 

 

In Roald Dahl’s children’s books, what do the adults symbolize ? 

 

 

Often the adults aren’t good characters. They seem to symbolize obstacles or threats. They stifle children and their adventurous spirits. They are mundane, authoritarian, and brutal. The children are lively and playful.

An example of a good adult would be the grandmother in the Witches. She cares for the boy, she nurtures his education and his sense of adventure, she helps him grow but also helps him accept the harsh realities of the world, without letting that dampen or crush his spirit. The Wormwoods in Matilda exemplify the bad adult: stupid, arrogant, harsh bullies. They despise what is different, and because they are insecure, small and petty they lash out at what is special, or promising, namely, Matilda. But the grandmother in the Witches, she loves her grandson for what he is and helps him be the best he can be, even with his limitations as mouse. She makes a space where he can develop and grow, but in a safe and structured environment. That’s being a good parent, care giver, or adult.

 

 

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Gluttony seems to be a terrible sin in Roald Dahl’s work (Mathilda, Willy Wonka & the chocolate factory, Fantastic Mr Fox, the BFG). Was it a kind of prevention for the children against excessive deeds ?

 

 

I think moderation has always been envisioned as a virtue, at least since Aristotle. Being overly desirous is problematic. It puts you at odds with others. Scarcity is the rule on this planet. There are limited resources, so whenever you try to claim the largest share for yourself you’re doing so at the expense of others. The farmers hoard resources so Mr. Fox and others must steal to survive (sort of). Augustus Gloop can’t control his appetite, and that leads to problems, but that’s true of all of us. If we can’t control our appetites, we end up unhealthy or harming important relationships. How many problems in our lives could be avoided if we could simply manage our desires, moderate our wants, and consider the needs of others in addition to our own? Gluttony is a vice because it harms ourselves and our relationships to others. So much of Dahl’s stories are about developing proper characters, dispositions, and so are virtue ethical. And these are lessons it is good for children to hear, and important for them to take seriously.

 

 

Though he is « much older than we think », Is Willy Wonka a man who has never grown up?

 

 

He is a grown up, in the sense of being a mature, responsible adult. But he’s also fun,willyw curious, and adventurous. Yet he’s not infantile. He runs a factory, legacy plans for its continued success, cares for his employees (although the status of the Oompa Loompas is dubious and morally questionable), and so is clearly a functional adult. But he’s different from the stereotypical adult in Dahl’s stories because he’s not authoritarian (kind of), he’s not cruel, and he doesn’t take things too seriously, that is, so seriously that he fails to experience the joy of life.

 

 

Is ‘Fantastic Mr Fox’ more than a adaptation of Reynard the Fox ?

 

 

‘Fantastic Mr. Fox’ is a great story. It’s fun, and I think there’s good stuff in there about greed and distributive justice. But mostly it’s just great fun. Dahl wrote it for this purpose. Was he familiar with Reynard? I don’t know. But it’s not like he plagiarized in any way, nor does it detract from my appreciation of his work to know that in the medieval period there were tales of a trickster fox circulating around Europe. The work stands on its own. I think if we focus too narrowly on originality or what have you we miss something. The artist creates to share an experience with us. If they do so in a genuine and authentic way, and we have a meaningful engagement with their work, then all’s well. So whether or not it’s an adaptation of Reynard the Fox, I don’t think that affects my evaluation of it, or the enjoyment it brings.  

 

 

Is ‘George’s Marvelous Medicine’ a wish of more fantasy in science ?

 

 

It may be more of just simple, childish wish fulfillment. “If I could just make a potion that solved all these issues,” one might think.  But your point is well taken. Fantasy is needed in science very much so. Although the scientific method is rooted firmly in reality and empirical verification, the possibilities of science, seeing beyond what is to what could be is very much a necessary part of the enterprise. It’s not just discovery but invention.

 

 

To you, why is Roald Dahl’s work still successful today ?

 

 

Like Dr. Seuss, whom I’m also quite fond of, the works are universally applicable since they speak to general, probably essential, truths about being human, and being a human child. They deal with pain and suffering. They deal with insecurity and fear. But they also speak to strength and ingenuity. These are experiences humans will have so long as they are human, and character traits that will be valuable so long as humans are human. As fantastical, Dahl’s stories are not tied to any particular time frame, culture, or other limiting factor. So they will remain accessible and relevant since they speak to what we at root are as people, regardless of where or when we are. Just as Aristotle’s Nicomachean Ethics or Plato’s Apology will forever speak to us so will the works of Roald Dahl.

 

 

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Illustrations by Quentin Blake

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