Depuis des dizaines d’années, le manga est devenu partout dans le monde une véritable passion. Issu d’un Japon toujours aussi intriguant, ce genre unique a su en effet faire sa place même en Occident bousculant la bande dessinée franco-belge jusqu’au marché de l’art. Le manga a certes des codes bien définis mais il est également ouvert à tous les styles et inspirations. Le dessinateur Thomas Bouveret explore le genre avec passion. Co-auteur de la série « Elément R« , il a de plus décidé d’adapter la série mythique « Les Mystérieuses cités d’or » en manga. Esteban, Zia et Tao n’ont pas fini de nous faire voyager.
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Rencontre avec Thomas Bouveret.
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Le manga est devenu une véritable identité japonaise. Est-ce un vrai défi de le transposer dans un univers français ?
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Je le voulais depuis très longtemps. C’était une façon d’amener le genre manga dans une autre ambiance. Comme je vivais à Paris, c’était également plus facile de créer cet environnement.
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Qu’est-ce que la touche française dans le manga ?
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D’un point de vue graphique, il y a ce côté hybride mêlant le style japonais avec le côté franco-belge. La narration peut également être différente. Je pense également à des bandes dessinées éditées chez Delcourt qui ont ces mélanges.
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Est-ce difficile de s’adapter aux codes du manga ?
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Le manga papier est très souvent en noir & blanc. La finition d’encrage tout comme faire du volume sont les principales difficultés car justement la couleur est absente. Un traitement de hachures va également déterminer les ombres, les visages ou les décors.
L’aspect narratif a un rythme plus lent. Le manga prend le temps de raconter ses histoires. Par leur éducation, les Japonais ont un rythme de travail bien plus important que nous en Europe. Lorsque vous voulez présenter un projet à un éditeur français, un synopsis et quelques pages de dessin peuvent suffire. Au Japon, il faut bien souvent présenter un « chapitre pilote » afin de prouver que le projet est déjà bien abouti.
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Qu’avez-vous appris de vos voyages au Japon ?
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Ayant un fort intérêt pour le pays, j’ai décidé d’apprendre la langue japonaise. J’ai pu rencontrer plusieurs dessinateurs japonais. J’ai également participé au festival Comiket et j’ai pu présenter mon propre travail.
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Avec la bande dessinée « Élément R », vous avez effectué un travail en équipe. Est-ce que ce fut un vrai plaisir ?
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Comme vous travaillez en équipe, vous devez discuter des idées. En premier lieu, certaines ne semblent pas bonnes puis au fil du temps, vous changez d’avis. J’ai beaucoup appris dans la création d’un scénario. Chacun perçoit l’ambiance et les personnages différemment. Il faut réussir à lier les idées ensemble. Je trouve même que les deux derniers chapitres d' »Élément R » sont plus intéressants graphiquement que les premiers.
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Le manga peut être perçu comme violent et surtout réservé aux adultes. Est-ce un genre qui aime bousculé son lecteur ?
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Il y a en fait une grande diversité dans le manga. Certains sont réservés pour les garçons et d’autres pour les filles. Quelques uns sont violents d’autres non. Le seinen (City Hunter, Ken le Survivant) est quant à lui réservé à un public averti car très violent.
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Comment s’est passée votre collaboration au Japon ?
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J’ai d’abord collaboré avec deux assistants dessinateurs français à distance pour les 2 premiers volumes, et cela s’est bien passé.
Pour les volumes suivants, j’ai collaboré avec un assistant japonais, ce fût une superbe expérience. J’ai voyagé à Tokyo pour faire un recrutement, et à force de communiquer en japonais, cela m’a beaucoup aidé et j’ai bien progressé.
Concernant l’organisation, nous avons dessiné les planches séparément et cela m’a permis de voir aussi sa manière de travailler, c’était vraiment intéressant.
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Entre 2013-2015, vous décidez d’adapter en manga « Les Mystérieuses Cités d’or ». Comment en avez-vous eu l’idée ?
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Au cours d’une conversation avec un ami. Nous avions remarqué qu’il n’y avait pas eu d’adaptation du dessin animé en bande dessinée. Nous avions envisagé d’adapter « Ulysse 31 » ou « Clémentine » mais « Les Mystérieuses Cités d’or » permettait d’avoir un public plus large.
Je trouvais bien d’intégrer les personnages dans le format manga. J’ai pu ensuite grâce à mon ami rencontrer ceux qui avaient les ayant-droits des « Mystérieuses Cités d’or » et j’ai travaillé avec Bernard Deyriès, le créateur originel. Il m’a notamment corrigé sur le personnage de Mendoza. Je l’avais dessiné trop jeune à son goût. J’ai même pu voir Jean Chalopin, l’autre créateur.
Je devais rester fidèle aux épisodes. La saison 2 du dessin animé était en préparation.
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Vous avez senti une certaine pression ?
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Oui au début notamment. Je travaillais avec des assistants qui dessinaient les décors. Le premier rendu a été assez flippant car j’utilisais pour mes personnages beaucoup plus épais. Avec les dessins du décor, cela manquait d’harmonie. J’ai pu échanger davantage avec les assistants puis tout s’est arrangé.
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Comment peut-on apporter une touche personnelle à une telle adaptation ?
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Il était difficile de trouver l’alchimie entre la fidélité par rapport au dessin animé et un nouvel apport. Je ne voulais pas faire de copier-coller. J’ai notamment remodelé les visages des personnages et je leur ai donnés des yeux plus gros. Les cheveux d’Esteban ou encore de Tao ont également modifié pour qu’ils soient moins touffus.
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Vous enseignez également le manga aux plus jeunes. C’est un vrai plaisir ?
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Oui. Je le fais depuis longtemps et c’est agréable de voir mes élèves s’améliorer. Il ne faut pas seulement travailler le dessin mais aussi l’aspect narratif ainsi que l’encrage. Il y a de plus en plus de jeunes qui assistent aux cours.
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Comment est venu votre projet « Guide » ?
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C’était le premier projet où je me suis occupé de tout (histoire, décor, encrage,…). J’ai donné plus de moi dans ce projet.
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