Véritable témoin de la victoire de la guerre d’Espagne et la reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, David « Chim » Seymour (1911-1956) a apporté au monde de la photographie une inventivité unique. Co-fondateur de l’agence Magnum, « Il Professore » a en effet vécu les événements à la fois de manière technique (l’artiste passe pour un scientifique) et intimiste (il embrasse les causes qu’il reporte).

Frère d’armes de Robert Capa et d’Henri Cartier Bresson, Seymour multiple les identités (Il collectionne les surnoms) et les fonctions (c’est lui qui rédige les statuts de Magnum). A travers ses photographies, Chim continue de s’exprimer et de nous rappeler que l’image est indubitablement une œuvre à part entière.

Entretien avec Carole Naggar, historienne de la photographie et auteure du récit « Tereska et son photographe : Un récit avec les photos de David Seymour » (Eyes Publishing – 2019) et « Searching for the Light, David Chim Seymour 1911-1956″ ( De Gruyter – 2022).

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Juif polonais, réfugié pendant toute sa jeunesse… Dawid Szymin (David Seymour) a-t-il eu une enfance abimée ?

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En 1911, quand Dawid Szymin est né à Varsovie dans une famille juive polonaise,  la Pologne est encore sous la domination de l’Empire russe. Sa famille est traditionnelle mais pas excessivement religieuse et vit dans un quartier bourgeois- loin du shtetl. Benjamin Szymin, son père, est un des associés de la maison d’édition Central, qui publie des livres en yiddish et en hébreu ainsi que des traductions de classiques comme Rousseau, Hugo, Tolstoï, Maupassant… Elle est la première à établir des liens avec des communautés juives au-delà de la Russie.

A l’exception de son problème de santé, un rhumatisme aux jambes, son enfance dans une famille unie est d’abord heureuse : avec sa sœur, qui a 10 ans de plus que lui et le protège, Dawid a la chance de voir de nombreux intellectuels, artistes et écrivains venir à la maison. Il était censé devenir éditeur et libraire comme son père. Dawid, lui, n’a qu’une ambition : devenir pianiste. Il est aimé et entouré, on lui donne souvent des petits noms de Dik ou Didek. Ce sera aussi le cas durant ses années Magnum, où il devient Chimy, Chimou, Chimsky, Il Professore, Il Papabile…

En effet, comme vous le dites, la douceur de son enfance est bientôt ruinée : en août 1914, à l’orée de la première guerre mondiale, Varsovie est sous les bombes : Le père de Dawid entraîne la famille à Minsk, en Ukraine, une ville alors connue comme un centre important du judaïsme et surnommée « la Jérusalem du nord ». L’extrême instabilité politique oblige la famille à émigrer à nouveau à Odessa – qui elle-même se trouve bientôt engouffrée dans une guerre civile dont l’issue est la domination russe. En 1918 la Pologne retrouve finalement son indépendance et la famille peut regagner Varsovie.  Dawid a sept ans.

Au-delà de l’enfance, on peut même dire que toute sa vie a été mouvementée et difficile, marquée par l’insécurité et l’exil ; il a traversé une révolution, une guerre civile, et deux guerres mondiales ; il changera de nom deux fois : de Szymin à Chim, puis David Seymour quand il obtient la nationalité américaine pour services rendus pendant la Seconde Guerre mondiale. Toute sa famille, à l’exception de sa sœur Hala et son beau-frère, a péri dans l’Holocauste : après la seconde guerre mondiale, il devient donc un orphelin et un survivant.

En 1929, Szymin part à Leipzig afin d’apprendre les métiers du livre : typographie, mise en page, techniques de pointe de l’imprimerie, y compris en couleur. Il devient un technicien hors pair. Il fait un stage dans un journal, et commence à pratiquer la photo. Contrairement à Robert Capa, c’était un vrai technicien. Il a également l’occasion d’assister à deux expositions internationales de photo, Film und Foto à Stuttgart et Foto Auge à Berlin et de participer à un atelier de Moholy-Nagy. Il termine ses études en 1931.

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Paris a-t-il été une seconde naissance pour David Seymour ?

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Oui, absolument¡ une seconde naissance libératoire marquée par son choix d’un nouveau nom, Chim, et un engagement politique important. Ses convictions sont à gauche et les évènements politiques des années trente,1934 à 1936, ainsi que la montée de la profession de photojournaliste, et l’arrivée des appareils photo portables comme le Leica sur le marché vont porter ces convictions.

D’abord retourné à Varsovie, il se décide à suivre une de ses petites amies à Paris et, soutenu financièrement par sa famille, poursuit des études scientifiques de physique-chimie à la Sorbonne. Mais la situation politique en Pologne dégénère avec la montée du nationalisme et un antisémitisme grandissant : la maison d’édition de son père se trouve au bord de la faillite.

St Cloud, 9 août 1936. Rassemblement pacifiste pour le désarmement des nations © David Seymour Estate/Magnum Photos 

Dawid doit donc gagner sa vie. il devient photographe indépendant et vend ses photos par l’intermédiaire de l’agence Rap. Ses reportages sont dorénavant signés Chim, un nom plus facile à prononcer en français et qui marque sa laïcité, et sa distance avec son milieu traditionnel. Depuis 1933, pigiste pour le magazine illustré communiste Regards, il photographie la vie quotidienne de Paris et prend notamment pour sujets les mendiants, les chômeurs, les travailleurs d’usines, les chauffeurs de taxi, les artisans….

Ensuite sa carrière fait un bond en avant. Il rencontre le milieu intellectuel et artistique parisien et d’autres reporters comme Capa et Taro et fait partie du groupe AEAR (Association des écrivains et des artistes révolutionnaires). Il suit de près une actualité intellectuelle et politique mouvementée. Plus tard il montera un petit atelier qui permettra à d’autres photographes tels que Henri Cartier Bresson, probablement rencontré lors d’une réunion politique, de faire leurs tirages

Chim couvre tous les évènements dont les Congrès pour la défense de la culture et les affrontements violents des factions politiques, socialistes contre groupes nazis et groupes de droite, qui aboutissent à de gigantesques manifestations dont une de 500.000 personnes à Paris. Puis c’est l’alliance socialiste-communiste et l’arrivée au pouvoir du Front Populaire, avec Léon Blum comme premier ministre. Chim publie une vingtaine de reportages principalement dans Regards. Il passe du statut de pigiste à celui de reporter à plein temps de l’équipe du magazine.

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De 1936 à début 1939, Chim couvre la Guerre d’Espagne (il était déjà venu en 1935). Il photographie les Républicains avant et pendant le combat, la modestie paysanne et ouvrière, la souffrance des civils pendant les bombardements, le rôle des femmes dans les usines d’armement, certaines au front… Est-il un témoin bouleversé par les événements ?
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Oui, tout à fait. La lutte des Républicains contre Franco lui tient profondément à cœur. Il est un témoin engagé, éthique et plein d’empathie, il souhaite faire partie d’un groupe qui partage ses convictions.

Envoyé spécial pour Regards, il demande et obtient de la rédaction que l’on engage ses amis Robert Capa et Gerda Taro ; tous trois partent couvrir la Guerre d’Espagne, Chim accompagné par le journaliste George Soria. Les trois amis se rencontrent peu car ils couvrent simultanément différents évènements dans diverses parties du territoire espagnol. Taro est tuée au combat. Chim réalisera 27 reportages en trois ans, puis le retour des Républicains espagnols en France

Oui, Chim vit clairement les événements, avec lucidité. Il a une personnalité sensible et fine. C’est aussi un photographe qui construit sans cesse des narrations subtiles. Capa est avant tout un journaliste qui se préoccupe peu de style.. Cartier-Bresson préfère l’image unique, et fera aussi deux films de propagande. Chim est peu intéressé par lla photo unique. Il est un narrateur.

Lors de la pandémie, l’agence Magnum m’a donné l’accès à toutes planches contacts de Seymour de 1934 à 1956. J’ai pu ainsi étudier comment il se déplaçait, comment il arrivait à trouver son style…

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Le fait de suivre les réfugiés espagnols jusqu’au Mexique prouve-t-il l’attachement de Seymour pour les déracinés ?
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Plutôt, c’est un exil nécessaire. Chim veut partager le sort des Républicains. Je ne crois pas qu’il souhaite être à nouveau déraciné, il adore la France et mènera  presque toute sa carrière en Europe.

D’ailleurs il n’a pas le choix : il est obligé de quitter Paris car il est très connu comme juif et homme de gauche. Les services policiers français traquent les hommes comme lui ainsi que les Allemands de gauche réfugiés à Paris. En restant, Chim pourrait se mettre en danger et mettre en danger ses parents, sa tante, ses cousins restés en Pologne. Il part sur le paquebot S.S. Sinaï avec 1200 Républicains.

 La France qui avait soutenu le République a choisi l’autre bord en 39. Un demi million de Républicains fuyant les représailles franquistes – torture ou exécutions sommaires, comme celle du poète Garcia Lorca par exemple, affluent en France par les Pyrénées. 40.000 d’entre eux se voient emprisonnés dans des camps d’internement sommaires dont Gurs ou Les Milles. Ils transitent par la France  en route pour le Royaume Uni, l’URSS, Cuba, le Chili, L’Argentine, et en premier lieu le Mexique qui offre aux Républicains résidence et nationalité.

Le Mexique verra donc un influx massif de peintres, intellectuels et d’artistes, par exemple Max Ernst, Leonora Carrington, Cziki Weiss, le tireur de Chim, Capa et Taro qui en 1939 réussit à faire passer au Mexique la fameuse « valise mexicaine » contenant 4500 négatifs des trois photographes qui permettra entre autres la réattribution de photos de Chim et Taro, attribuées en bloc à Capa, et donc la réévaluation du rôle de Chim et de Taro pendant la guerre d’Espagne.

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Photographe engagé dans l’armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale, Seymour perd ses parents victimes du nazisme. Il n’est plus seulement témoin mais victime.

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Il est les deux à la fois. Malgré sa forte myopie et un physique assez enveloppé, Seymour entre dans l’armée américaine. Parlant outre le français, russe, polonais, anglais, yiddish et allemand ( plus tard l’italien), il fait partie du groupe les Ritchie Boys, engagés parce qu’ils parlent les langages de l’ennemi. il étudie les photographies aériennes prises les avions alliés pour qu’ils puissent cibler les usines d’armement et les camps nazis et participe à des missions d’espionnage.  Grâce à de tels services, l’ensemble du ce groupe de 15.000 personnes a pu à la fin de la guerre obtenir la nationalité américaine. Chim devient lieutenant et prend le nom de David Robert Seymour, son troisième patronyme. En 1945 il retourne à New York, où il avait émigré depuis le Mexique, avec dans une valise diplomatique 2000 documents destinés au Pentagone.

En 1947, après un séjour à New York, Chim revient en France et devient le président de l’agence Magnum Photos. En 1948 il part en mission pour l’UNESCO : documenter le sort des 13 millions d’enfants orphelins, déracinés et mutilés par la guerre.

A ce titre Seymour voyage dans 5 pays dont le dernier est la Pologne. Ce reportage très connu le définit auprès du grand public.

Un épisode m’a particulièrement frappée : Seymour se renseigne auprès des services sociaux à Varsovie. On lui propose de se rendre dans   un orphelinat à 15 kilomètres de la capitale, Otwock. C’est justement à cet endroit qu’il passait ses vacances enfant : dans leur maison de campagne sa mère et sa tante y tenaient une petite pension.

 En arrivant sur les lieux, Seymour se rend compte que l’orphelinat a pris place dans sa propre maison. Lui-même est un orphelin de la guerre : il a appris que ses parents ont été assassinés par les Nazis dans la forêt voisine, et que toute la population d’Otwock a été envoyée en camp de concentration. Confronté à une telle scène, Seymour ne prend pas une seule photo des orphelins.

Après ces expériences éprouvantes, Seymour ne retournera plus en Europe de l’est : cela lui est insupportable. Il quitte Paris et prend Rome comme base d’opérations. Chim éprouve une fascination pour le Vatican et photographie les stars et starlettes de Cinecittà dont Sophia Loren, Ingrid Bergman et beaucoup d’autres. Il couvre l’illettrisme dans le sud de l’Italie, le Mezzogiorno, ainsi que les rites syncrétiques et les et festivals catholiques en Italie.
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Comment est née l’agence Magnum ? On y sent de la joie.

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L’agence naît en 1947 à cause d’un certain idéalisme, un immense désir de communauté et d’engagement humain, en réaction aux désastres de la guerre. C’est le cas de beaucoup d’autres institutions fondées pendant la reconstruction de l’après-guerre comme l’OTAN, l’UNESCO, l’UNICEF, etc). La joie, la fête, c’est le Magnum de champagne, les fêtes, Capa qui joue aux courses, Seymour devenu gourmet et un peu dandy…

Il y a aussi un désir de revanche sur le magazine LIFE car les photographes, Capa, Cartier Bresson, George Rodger et Seymour, se sentaient exploités par LIFE qui gardait la majeure partie de leurs gains et mettait rarement leur copyright sous la photo. Le nom même, Magnum (un revolver), était aussi un pied-de-nez à LiFE : « The Time Inc. Stink Club ». Pour Magnum, il s’agit de gagner sa vie tout en conservant ses principes : imposer la reproduction des photos signées, sans modification de l’Image et accompagnées de la légende choisie par le photographe, devenu non plus artisan mais auteur.

Capa et Rodger se sont rencontrés pendant les offensives alliées en Italie. Ils avaient déjà le projet de créer une coopérative. N’étant pas photographe pendant la Seconde Guerre mondiale, Seymour avait perdu sa réputation. Alors qu’il est en Europe pour capturer les lieux après les combats et les bombardements, Chim devient président de l’agence Magnum. Seymour renonce alors à retourner aux Etats-Unis.

Après les destructions de la guerre, Magnum a eu une vision optimiste du futur. Pour Seymour, l’agence devient une nouvelle famille.
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A la demande de l’UNICEF, Seymour parcourt l’Europe afin de photographier les enfants de l’après-guerre. Est-ce la mission la plus personnelle ?
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Oui, absolument, car Seymour était lui aussi un orphelin de la guerre. Revenu à Varsovie, il a juste constaté que le quartier juif de Varsovie était un vaste champ de ruines et sa rue introuvable.il photographie Tereska, le petite fille traumatisée.

Seymour est à l’aise en compagnie des enfants, mais n’en a jamais eu. Petit de taille, il n’a pas de difficulté à se mettre à leur hauteur et à les mettre en valeur.

Malgré le travail remarquable de Seymour par ailleurs, sa série de photographies pour l’UNICEF a éclipsé le reste de sa carrière.  C’est dommage, il y a des perles à découvrir.

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Varsovie, 1948. Tereska, une petite fille dans une résidence pour enfants traumatisés. L’institutrice leur a demandé de dessiner une maison © David Seymour Estate/Magnum Photos 
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Malgré la désolation, le travail de Seymour comporte-t-il également un certain humour ?

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Le public retient souvent le tragique dans les photographes de Chim. C’est une erreur. Certaines images sont pleines d’humour comme ces jeunes enfants de Naples posant devant un tableau classique au milieu des ruines. Il a couvert des sujets absurdes comme une compétition de mangeurs de spaghetti aux bras attachés derrière le dos, une station thermale, bains de boue et régime de feuilles de salade centré sur un héros obèse, ou une longue dégustation de vins : endormi sur la fin et l’écrivant dans son texte.

Seymour a rédigé les statuts juridiques de la coopérative et il maîtrisait l’aspect financier. Dans les réunions, il faisait valoir son avis doucement mais fermement. Il rédigeait les planches-contact des autres et il aimait titiller Capa. Ce dernier ne disait rien car il le respectait trop : « c ‘est lui le vrai photographe » a-t-il dit.

Le narcissisme et ls sérieux excessif de la nouvelle génération de photographes à avoir rejoint Magnum l’amusait également. Pour lui, un photographe devait s’effacer devant celles et ceux qu’il prenait en photo et prendre le parti des oubliés et des démunis.
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Ses portraits de célébrités montrent-ils une fascination pour les artistes ?

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Seymour ne prend pas seulement en photo les stars mais aussi les historiens de l’art et autres intellectuels. Dès l’élection du Front Populaire, il aime être spectateur des réunions intellectuelles. Grand artiste et passionné de piano, Seymour aurait aimé lui-même être artiste.

Chim a pris en photo les stars car l’agence avait besoin d’argent. Ce travail et la compagnie des belles jeunes femmes telles que Sophia Loren, Gina Lollobrigida, et bien d’autres qui faisaient carrière au cinéma lui plaisait beaucoup. Il a également photographié l’écrivain Carlo Levi, John Huston, Roberto Rossellini et d’autres metteurs en scène, et de nombreux acteurs.

Après la Seconde Guerre mondiale, la mode est au rêve et la presse se passionne pour les succès artistiques et le « lifestyle ». Ayant été l’amant d’Ingrid Bergman, Capa présente l’actrice suédoise à Seymour. Les deux vont devenir des amis proches. Seymour a aimé circuler dans le cercle hollywoodien. C’est aussi un grand séducteur mais bien plus discret que Capa. Irène Papas a gardé un souvenir ému de la session de photo avec Chim.
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Rome, 1953. Ingrid Bergman © David Seymour Estate/Magnum Photos 

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Après la disparition de Robert Capa en Indochine en 1954, David Seymour est lui aussi tué 2 ans plus tard pendant qu’il couvre la crise du canal de Suez en Egypte. Sa mort est-elle ambiguë ?

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En équipe avec Jean Roy de Paris Match, un ancien parachutiste casse-cou, Seymour s’est conduit de manière irrationnelle. Il ne s’était pas rendu sur un champ de bataille depuis la guerre d’Espagne. Pourtant, à Suez, il ne montre jamais de peur et ignore le danger. Avec Jean Roy, il décide de se rendre sur le lieu d’un échange de prisonniers à Al Kantara. Des plantons britanniques préviennent Seymour qu’une patrouille égyptienne circule dans le secteur et qu’elle n’hésite pas à tirer sur les étrangers. L’équipe se rend sur le no man’s land. Les Égyptiens leur demandent d’arrêter le véhicule.

Jean Roy met la main à la poche pour montrer sa carte de presse. Les soldats ont cru qu’il allait sortir une arme et ont criblé leur Jeep avec une mitraillette. Seymour et Roy trouvent la mort. Etrangement, Seymour n’a pris aucune précaution alors que pendant la guerre d’Espagne il ne s’était jamais mis en danger.

Les photographes ne se souciaient pas vraiment de la mort. Sans cesse en voyage dans le monde, ils se voyaient peu. Un jour, Henri Cartier Bresson m’a même dit : « La mort, ce n’est qu’une absence prolongée ».
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Près de 70 ans après sa mort, qu’est-ce qui vous surprend encore chez Chim ?

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Sa versatilité : Seymour a toujours été un caméléon, aussi à l’aise avec les gosses de rue qu’avec les stars de Cinecittà , les intellectuels, peintres, écrivains, le pape, les gardes, les cuisinières et les cardinaux du Vatican C’est un photographe qui acceptait les contrats bien payés tout en faisant des reportages personnels comme l’illettrisme ou les festivals religieux. Et dont le style apparaissait même dans les commandes.

Il avait une grande variété d’amis de tout genre : un « collectionneur ». Il aimait également le mystère. Profondément changé après l’expérience de la Seconde guerre, il s’est peu confié et a compartimenté sa vie. Pourtant méticuleux, Chim parlait un grand nombre de langues mais toujours de façon approximative. Mais il était capable de rédiger la plupart des textes et légendes accompagnant ses reportages.

J’ai été attirée par son mystère :  je voulais le sortir de l’oubli. Il fallait une forte motivation pour vivre 12 ans avec lui !  Si je n’ai jamais écrit de roman, c’est que j’ai toujours pensé que la vie était plus surprenante, mystérieuse, passionnante : voilà pourquoi j’ai écrit plusieurs biographies dont tout récemment la sienne.
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Photo de couverture : Paris, 1936. Deux clowns boxeurs au cirque Médrano © David Seymour Estate/Magnum Photos 

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Carole Naggar cherche un éditeur français pour son livre « Magnum Opus ».

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