De par son histoire (depuis au moins le XIVème siècle), fonctionnement, son esthétisme et ses allégories, le Tarot dit de Marseille a toujours suscité un vif intérêt voire une fascination. Outil de réflexion et de divination pour certains, passerelle entre l’Orient et l’Occident, cet ensemble de cartes à enseigne révèle sans cesse une part de mystère.

Directrice artistique, Valentine Reinhardt a réalisé une série graphique, « Arcane« . Dans cette plongée photographique, chaque carte, tel un miroir de l’âme, dévoile une allégorie de la vie, entre ombre et lumière.

Après un entretien-portrait, voici un nouvel échange avec Valentine Reinhardt, reine du visuel.

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Comprenez-vous que le tarot de Marseille fascine autant ?

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Absolument. Son origine est mystérieuse, et ses arcanes regorgent de significations cachées.

Certains avancent d’ailleurs l’idée fascinante que ce jeu aurait servi, à travers les siècles, de support discret pour transmettre un savoir ésotérique sous couvert d’un simple jeu de cartes.

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Votre approche devait-elle être scrupuleusement fidèle à l’esthétique du tarot de Marseille ou avez-vous introduit de l’originalité ?
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Je trouvais intéressant d’aborder ces figures anciennes avec une approche plus contemporaine, en y intégrant les couleurs et l’onirisme propres à mon univers. 

On retrouve le côté naïf du dessin originel des cartes à travers les couleurs et les décors peints à la main. Certains costumes et matières évoquent l’imaginaire des contes de fée. À d’autres moments, les vêtements et accessoires introduisent une touche de modernité, créant un dialogue subtil entre passé et présent.

Ce projet est le fruit d’un travail collectif : j’ai eu la chance d’être entourée d’une équipe formidable avec laquelle nous avons imaginé chaque élément – matières, couleurs, détails – pour traduire visuellement la symbolique de chaque arcane.

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Costumes, décors, couleurs,… avez-vous réalisé une étude minutieuse ?

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Oui, j’ai étudié en détail chacun des arcanes que j’ai choisi de transposer en photographie. Ma mère, passionnée et experte en Tarot de Marseille, m’a transmis son savoir dans la lecture symbolique des cartes.

Rien n’est laissé au hasard : chaque dessin, chaque détail compte. Les couleurs, la position des pieds, l’orientation du regard – vers la gauche pour le passé, vers la droite pour l’avenir – tout porte un sens caché qu’il m’importait de préserver.

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Vous êtes-vous inspirée de figures classiques ou avez-vous puisé dans un esthétisme plus contemporain ?

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J’ai choisi de réinterpréter les arcanes en les ancrant dans mon propre univers, à la croisée de la photographie, du dessin et de la peinture.

C’est un langage visuel hybride, nourri de multiples influences, qui mêle tradition et modernité.

L’univers de cette série se situe à l’intersection de l’intime, de l’art et du sacré.
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Le choix des modèles a-t-il été difficile (vous placez l’humain dans un symbolisme ancestral) ?
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J’ai cherché des modèles qui dégageaient l’énergie bien particulière de chaque arcane : la détermination pour l’arcane sans nom, la beauté pour le monde, la jeunesse et la création pour le bateleur, et j’ai naturellement pris mes enfants pour incarner l’union sacré des deux êtres du Soleil.
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Le pendu, la mort, la roue de fortune,… les arcanes peuvent être négatifs ou positifs. Avez-vous joué esthétiquement avec cette ambivalence ? 
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Absolument. Certaines arcanes semblent plus positives que d’autres. Cependant, chacune possède à la fois un aspect positif et un aspect négatif, une part d’ombre et une part de lumière. Le monde semble beaucoup plus attirant lorsque l’arcane est sans nom, mais la beauté et les apparences sont parfois trompeuses. 
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Vous exposez vos images au Faces Gallery à Londres. Est-ce une façon de sortir le tarot de Marseille de son univers complexe ?
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La Faces gallery est justement une galerie qui est basée à Marseille ! Elle s’associe à ma galeriste Colette Universe pour organiser cette exposition à Londres. D’ailleurs l’expo va bouger à Marseille à la Faces galerie début juillet ! 

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