Regarder, être regardé, diriger et être dirigé, surprendre et être surpris… Le métier de mannequin comporte de nombreuses ambivalences car tout en privilégiant la forme, le fond doit transparaitre. Expérimentée, Sabrina Saad s’oriente vers ce qui l’intrigue. La mannequin lyonnaise aime s’entourer de personnes qui vont la surprendre et n’hésite pas non plus à montrer une persévérance certaine.

Entretien avec Sabrina Saad, modèle à part (entière).

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Quand avez-vous débuté le mannequinat ?

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A 18 ans, j’ai passé un casting Elite à Lyon. Cependant, ma mère, très protectrice, refusait que je rentre dans ce monde. Je commençais des études de commerce et elle préférait donc que je me concentre sur un milieu plus sérieux. Ma mère voulait même que j’oublie le mannequinat. J’ai renoncé mais  j’ai regretté cette décision. Plus tard, après avoir validé mes études de commerce, j’ai envoyé des candidatures à des agences de mannequin et j’ai été engagée. J’ai donc commencé une carrière. J’ai été beaucoup encouragée par mes proches après avoir été formée et corrigée par une de mes bookeuses qui croyait beaucoup en mon profil. Tout s’est enchaîné – j’ai eu l’honneur de défiler pour des maisons de haute couture telles que Bulgari, de représenter plusieurs maisons de luxe (Chanel, Dior, Hermès)…

Le photographe Jean-Pierre Domingue a repéré mon compte Instagram.  Un portrait no make up. Il m’a proposé d’être sa « muse » pour le livre « Ona » (2019). Ce fut une formidable expérience et Jean-Pierre m’a encouragé à poursuivre ma carrière. Il m’a beaucoup conseillé. Il était toujours disponible quand j’avais des interrogations. Ça m’a beaucoup touché.  Je me suis donc investie davantage. A chaque fois que j’ai un objectif dans la vie, je fais tout pour réussir.

Dans le métier de mannequin, si vous vous sentez forcée, ne le faites pas. Restez libre et indépendante. J’ai toujours accepté ce qui me passionnait. En-dehors du mannequinat, je fais du théâtre.

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© Jean-Pierre Domingue

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Jouez-vous un rôle tout au long de vos séries de photo ou laissez-vous parler votre personnalité devant l’objectif ?

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Tout dépend des shootings. On suit souvent les directives du photographe et du directeur artistique. On me demande parfois d’incarner avec le regard et la posture l’élégance ou le côté femme fatale. Je propose alors mon interprétation. Tout vient naturellement. Ayant fait du théâtre, j’ai pu apprendre à incarner les émotions.

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Le voyage est-il galvanisant car les approches sont différentes selon les pays ?

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Absolument. Chaque équipe a une culture et un univers bien à elle. J’aime également raconter sur Instagram les séances photos afin de montrer que rien n’est simple dans cet univers.

Le mannequinat demande une grande organisation, beaucoup de persévérance et de la patience. Je me souviens d’une séance en Suisse où le froid était terrible. Étant peu vêtue, le vent me glaçait littéralement. L’équipe voulait arrêter mais j’ai refusé. Je voulais que cette séance réussisse. Dans ma tête, je me suis persuadée que j’étais à la plage au soleil. Malgré toutes les difficultés, la photo est belle et quand on la regarde on ne ressent pas les difficultés rencontrées. 

2023 a été une année formidable car j’ai eu la chance de rencontrer des artistes sincères et doués.

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La session photo en Arabie Saoudite pour Harper’s Bazaar a été une belle expérience ?

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Une expérience challengeante car c’est moi qui ai proposé le projet au magazine Harper’s Bazaar qui à été validé. J’ai géré toute la production, obtenu l’accord de tournage qui est extrêmement difficile à avoir. J’ai vraiment « bataillé ». En plus je devais tout négocier en anglais, c’était très prenant. Nous nous sommes rendus dans le désert d’Al-‘Ula. Je connaissais déjà l’artiste-photographe, Elena Iv-Skaya avec qui j’avais déjà réalisé des projets similaires. et j’avais une confiance totale envers l’équipe.

Avec les heures de vol et l’excitation, je craignais d’être trop fatiguée pour me donner à fond. Tout s’est bien passé. Ce fut une expérience fantastique du début à la fin.

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Avez-vous pu voir une évolution du mannequinat ?

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Au début de ma carrière, j’ai connu des déceptions auprès de photographes qui réalisent du travail peu exploitable. Au fil du temps, j’ai également appris à m’améliorer et je m’engage à présent dans des campagnes très professionnelles.
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Quels sont vos projets ?

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Je veux continuer à voyager et j’attends des validations de sessions de photos. Pour le travail en extérieur, il est nécessaire d’avoir un soleil radieux. Par conséquent, à chaque fois, on m’emporte vers des environnements incroyables.

J’ai très envie de travailler avec la photographe américaine Michele Laurita. Il faut que l’on trouve le moment idéal pour cela.

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