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Giger disait souvent qu’il préférait les sorcières aux princesses. Les premières étaient bien plus passionnantes que les secondes. Les femmes le fascinaient, mais il en avait également peur. Cependant, il avait toujours besoin d’être assisté par une « Strong woman ». Li Tobler avait su être une véritable muse pour lui. Marié en 1979 avec Mia Bonzanigo, il a su concevoir avec son aide le xénomorphe du film « Alien ». Ayant fait des études artistiques aux Beaux-arts, j’ai su moi-même le soutenir pendant des années et l’accompagner dans ses créations artistiques. Il s’est ensuite marié en 2006 avec Carmen Scheifele, qui dirige toujours le musée H.R. Giger à Gruyères, en Suisse.
Même si parfois Hans Ruedi pouvait être une énigme pour moi, au fil du temps, j’ai compris ce qu’il voulait exprimer.
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Était-ce une nécessité pour lui de dessiner, de peintre, de sculpter ?
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Dès sa naissance, Hans Ruedi était destiné à reprendre la pharmacie de son père.
Ses parents avaient en effet pris le soin de le nommer avec les mêmes initiales que son père, Hans Richard Giger afin que l’enseigne ne soit pas changée. Mais cela ne s’est pas passé ainsi : Hans Ruedi était passionné par la musique et le dessin. Contrairement à sa sœur qui avait les pieds sur terre, Iris, c’était un rêveur, un artiste en herbe.
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Sous son lit, 11 armes à feu étaient entreposées. C’était une de ses passions. Les représentations de bébés sont une part importante de l’art de Giger, car ayant lui-même un visage proche de celui d’un enfant, ces figures disaient beaucoup sur lui. L’œuvre « Birth Machine » symbolise aussi le cycle de la vie et de la mort.
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C’était un grand visionnaire à l’imagination débordante, qui s’inspirait
de tout. Giger avait pris pour habitude de tout conserver et prenait chaque jour des modèles dans des magazines d’art mais aussi de mode et de charme comme Play-Boy. Comme Salvador Dali, il ne jetait rien car tout pouvait l’inspirer. Dans chaque œuvre, Giger savait intégrer de nombreux aspects. Il y a d’ailleurs beaucoup d’humour chez lui. Il avait l’habitude de nommer « biomechanoïd » son style, la fusion entre la machine et l’être humain.
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La vision de Jodorowsky était en effet trop grande pour que l’on puisse le produire. Giger devait imaginer l’univers des Harkonnen, les antagonistes de l’histoire. Tout son
travail n’a donc pas pu être porté à l’écran. Même lorsque David Lynch a réalisé son adaptation de « Dune » en 1984, il a refusé de reprendre le travail de Giger. Le musée garde tout de même les tables et les chaises qui ont été conçues pour le projet de Jodorowsky. Elles restent de formidables œuvres d’art que nous pouvons encore admirer.
Au sujet de Dali, Giger l’admirait beaucoup. Il était allé le visiter chez lui en Espagne et avait été impressionné par l’artiste. Lorsque j’ai eu
l’occasion de visiter la maison de Dali à Cadaqués, j’ai constaté que Dali avait pour habitude dans son atelier de faire descendre ou monter ses grands tableaux à l’aide de poulies. Je me suis rendu compte que Giger s’était inspiré de Dali en utilisant les mêmes mécanismes dans son propre atelier.
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Dès son enfance, il a été choqué par la représentation des douleurs du Christ. Le
symbolisme a également eu une grande part dans ses œuvres. S’il s’est intéressé de près à l’esthétique dans l’occultisme, il ne l’a en revanche jamais pratiqué. Le suicide de Li Tobler en 1976 a profondément marqué Giger. Ses cheveux sont alors devenus tout blancs. Il a organisé un rituel dans leur maison pour lui faire ses adieux. Il avait été très choqué par cette mort brutale.
Giger pouvait se montrer même très sensible. Je me souviens avoir regardé avec lui le film « Danse avec les loups » (1990) de Kevin Costner. Lorsque le loup qui est l’alter égo du héros est abattu, Giger a préféré se lever et arrêter de regarder le film. C’était intolérable pour lui.
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« La Mutante » (1995) a été en effet était une grande déception pour lui, car le résultat
fut très loin de sa vision. Giger considérait sa créature comme la plus sensuelle de sa carrière. Mais les effets spéciaux l’ont complètement dénaturée.
La batmobile de « Batman Forever » (1995) a été un très beau travail. Cette machine avait la forme d’une paire de ciseaux, car Hans Ruedi avait toujours des outils autour de lui. Son travail était trop original et ne correspondait pas aux désirs des producteurs. Ils voulaient plutôt voir Batman à bord d’une formule 1 que dans un véhicule totalement hybride.
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Comment a-t-il vécu « Prometheus » (2012) de Ridley Scott originellement conçu comme une préquelle d' »Alien » ?
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Giger qualifiait souvent son univers d’après une de ses œuvres « un festin pour le psychiatre ».
Même si son œuvre est très détaillée et symbolique, elle reste accessible à tous. Ses thèmes s’adressent directement à la psyché humaine.
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