Présent dans la rue depuis près de 10 ans, Burnex est pourtant toujours aussi jeune. A l’extérieur ou à l’intérieur, il peint les foules et les figures énigmatiques. Tout semble inspirer Burnex – en particulier l’étrange.

En plus d’être dessinateur de talent, il est aussi un passionné d’histoire de l’art. Notre univers est décidemment bien infini et plein de ressources…

Entretien avec Charles Burnex, artiste total.

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Vous êtes diplômé de l’Ecole Boulle et vous semblez élargir les limites de l’art (sculpture, peinture, céramique, textile,…). Êtes-vous un artiste à part ou au moins total ?

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Les différentes matières amènent aux différentes créations. Par conséquent, l’artiste doit s’adapter. L’exercice lui permet de changer de points de vue, d’avancer vers d’autres univers. Je commence une œuvre souvent sans idée mais toujours avec des intentions fortes. Progressivement, je construis un monde avec lequel j’ai plus ou moins le contrôle.
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© Burnex

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D’où vient votre inspiration pour le plasticien Jacques Villeglé ?

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Enfant, j’étais déjà fasciné par le monde de l’art. A l’âge de 13 ans, on m’a prêté pour quelques jours la collection personnelle d’autocollants collecté dans les rues de Jacques Villeglé. Son travail et ses méthodes m’ont tellement plu que j’avais voulu en savoir plus. Villeglé récupérait toutes sortes d’autocollants, d’affiches et en faisait une seule œuvre d’art. C’était fascinant car c’était du matériel gratuit, issu de la rue et qui regroupait un grand nombre de mouvements artistiques. Chez Villeglé, il y a un aspect punk et libre. 

Je me suis moi-même mis à récupérer des autocollants partout : dans la rue, dans les toilettes, sur les gouttières … J’ai voulu également rencontrer les artistes qui m’influençaient. C’est comme ça que j’ai commencé des collaborations artistiques. C’était un peu malgré moi car je ne souhaitais que collectionner. De fil en aiguille, j’ai été pris au jeu en devenant moi-même artiste. Je faisais partie d’une équipe.
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D’où vient le nom Burnex ?

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C’est justement quand j’étais adolescent que j’ai pris ce nom. Les autres artistes me conseillaient vivement de trouver un pseudonyme. J’ai trouvé un vieux CD posé sur une table. Un nom était inscrit dessus : Burner XP. J’avais lu Burnex. J’ai aimé le nom et je l’ai donc adopté.
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© Burnex

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Êtes-vous un conteur ?

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D’une certaine manière. J’utilise l’art comme une forme de communication. J’aime également jouer avec des entités opposées. Mon noir & blanc est assez radical et lié à l’écriture. J’aime me raconter à travers le dessin radical.

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Autrefois art de la communication à part entière, la publicité est devenue un simple décor urbain. Faut-il la réhabiliter ?
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De nos jours, la publicité nous prend pour des imbéciles. C’est une résultante : le public obéit de plus en plus. Autrefois, la publicité se devait de convaincre. Par conséquent, il y avait une vraie inventivité et on faisait appel aux artistes.

Mes premières actions dans la rue, à la sortie du collège, sont inspirées du mouvement néo-réaliste des nouveaux réalistes. Jacques Villeglé déchirait des affiches dans la rue et les installait ensuite dans des musées. Quant à moi, j’arrachais l’affiche, je la retournais, je peignais dessus et je la laissais comme tel dans la rue. Je transformais la pub en œuvre d’art afin d’effacer l’aspect uniquement commercial et capitaliste. J’avais réussi à retourner de nombreuses affiches puis petit à petit elles ont disparu d’elles-mêmes faisant place à de nouveaux magasins. 
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© Burnex

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La mythologie, le tribal tout comme la culture urbaine vous inspire. Paris est-il un lieu magique ? Pourquoi exposer vos œuvres sur les murs des villes ?
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J’aime le côté pérenne de l’art. Je ne comprends pas pourquoi on protège les œuvres dans la rue de certains artistes et pas d’autre. La ville est en changement constant. Tout doit être éphémère.

Je n’ai jamais voulu non plus être vandale. Je respecte l’espace qui m’entoure. Je prépare mes œuvres dans mon atelier et ensuite je les colle dans la rue. Je ne choisis pas spécifiquement un lieu. Pour moi, Paris est un village. Tout est près de tout.

Lors des collages, il arrive qu’une foule se masse autour de moi. Je n’ai que faire des réactions positives ou négatives. Avec mes écouteurs dans les oreilles, je réalise ce que je veux et c’est suffisant. Le seul dialogue c’est mon œuvre.

Je faisais mes collages et peintures auparavant durant la journée. A présent, c’est la nuit. J’aime les rencontres plus dévergondées et absurdes qu’il y a moins durant la journée. Le soir, il y a moins de monde – Je suis plus tranquille.
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Le masque est-il un personnage à part entière ?

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Il y a dans mon univers un aspect mystique. Le masque fait finalement partie de notre société. Tout est apparence. Chacun de nous joue un rôle.

J’aime aussi la multiplicité que l’on retrouve dans les villes. J’aime dessiner les foules et leur diversité. Récemment, j’ai collé des affiches grandes de 2 mètres. Une telle taille dans la rue interpelle. C’est ainsi que je dialogue.
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© Burnex

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Le noir & blanc (encre de Chine) est-il votre identité graphique ?
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Je n’ai jamais vraiment réussi à intégrer des couleurs de manière pertinente dans mon travail. Le noir s’apparente à de l’écriture. Dans la rue, il faut être rapide. Par conséquent, il ne faut pas s’encombrer. Une seule couleur suffit. Même lorsque je peins, je garde cet aspect minimaliste.

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© Burnex

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Y’a-t-il un son qu’il faut écouter quand on regarde vos œuvres ?

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J’aime beaucoup écouter du Miles Davis dans mon atelier. Vous pouvez également écouter de l’électro ou des groupes de rock comme les Who ou bien les Doors.
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Que souhaitez-vous explorer à présent ?

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Je veux continuer à réaliser de nouvelles entités avec de nouveaux matériaux, continuer à faire évoluer mon univers à travers les rencontres et trouver les clefs des différentes manières de m’exprimer au sein de ce théâtre fascinant qu’est l’art et par extension, nos vies.
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© Burnex
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