L’année 1977, La sortie du 1er épisode Star Wars démarre une révolution culturelle. La trilogie imaginée par George Lucas a bouleversé notre façon de voir la science-fiction et la mythologie. Galvanisées par le récit, les équipes ont même pu imposer un véritable art des effets spéciaux. Petit génie accompagnant Francis Ford Coppola, George Lucas a su en effet montrer son talent à imaginer mais aussi à rassembler.
Laurent Hopman et Renaud Roche ont travaillé ensemble pour raconter cette épopée cinématographique. « Les Guerres de Lucas » (Tomes 1 et 2 – Editions Deman) est une véritable réussite. La narration et les dessins nous emmènent dans les coulisses des jedi. La force est puissante chez eux…
Entretien avec le scénariste Laurent Hopman et le dessinateur Renaud Roche, conteurs des coulisses de la galaxie lointaine, très lointaine.
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Dès le début du projet, était-il évident que « Les Guerres de Lucas » allait devenir une trilogie ?
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Laurent Hopman : Le récit a été conçu comme une trilogie dès le départ. Le projet était de faire 3 tomes. Il était donc nécessaire d’avoir une fin « ouverte » à l’issu du premier tome, d’où la mention to be continued.
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Suite au succès du premier tome (George Lucas a pris connaissance du livre via l’artiste JR), avez-vous senti une pression plus importante pour l’épisode II ?
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Laurent Hopman : L’écriture du tome 2 était déjà achevée lorsque nous avons appris que George Lucas avait le premier livre entre les mains. Renaud était aussi déjà bien avancé dans le dessin de ce deuxième volume. Quand bien même nous aurions été soumis à une pression supplémentaire, ça n’aurait pas eu d’influence sur la réalisation de l’ouvrage. Mais de manière plus générale, lorsque nous nous sommes lancés dans ce projet, nous savions que certains des protagonistes, dont Lucas, auraient peut-être un jour le livre entre les mains, et il fallait dès le départ faire abstraction de ce fait et se concentrer sur l’objectivité du récit, sans craindre de froisser les susceptibilités et sans chercher à flatter les uns ou les autres.
Renaud Roche : Je crois que la pression, je n’ai eu besoin de personne pour me la mettre sur ce tome 2 ! Par nature, je suis plutôt perfectionniste et j’avais dès le départ mis la barre assez haut avec pour objectif de donner encore plus que sur le premier tome.

Pour la petite histoire : JR m’a envoyé un message privé sur Instagram. Ce fut une surprise pour moi car nous ne nous connaissions pas. JR m’a dit qu’il avait montré le tome 1 à George Lucas et que ce dernier était très intrigué. Il aimerait pouvoir le lire en anglais. Au fil de notre échange, j’ai compris qu’ils étaient ensemble. JR traduisait mes réponses à George.
Au fil du temps, en septembre 2024, nous avons imprimé et envoyé une version du tome 1 en anglais réservée à Lucas. JR m’a ensuite expliqué que George était si impatient qu’au cours de l’été, ils avaient lu ensemble notre album (rires).
Ce serait une joie pour nous de rencontrer George Lucas. Cependant, avec Laurent, nous souhaitons garder une petite distance afin que notre vision ne soit pas trop modifiée.
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« L’Empire contre-attaque » est l’épisode le plus sombre. Y’avait-il une volonté de rendre votre histoire plus pessimiste ?
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Laurent Hopman : Le récit est plus sombre que le premier, par sa nature. Ce que Lucas traverse est un calvaire pire encore que ce qu’il a vécu pendant la réalisation du premier film. Les enjeux sont plus importants, la pression aussi. Et il est également confronté à des difficultés plus personnelles, au sein de son couple.
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Vous sentez-vous plus proches de Marcia que George ?
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Laurent Hopman : J’aime beaucoup Marcia, qui est l’antithèse de George en termes de personnalité. Elle est extravertie, pétillante, enjouée. Difficile de ne pas l’aimer ! Mais à titre personnel, je me sens plutôt à mi-chemin entre elle et George.
Renaud Roche : Je me sens plus proche du caractère perfectionniste de George. Nous sommes en contact avec Ben Burtt, le créateur de la bande son de Star Wars, qui est toujours en lien avec Lucas et Marcia. J’aimerais avoir aussi l’avis de Marcia sur notre travail. C’est un personnage clé des « Guerres de Lucas ».
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Irvin Kershner a-t-il été un atout majeur de « L’Empire contre-attaque » ?
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Laurent Hopman : Kershner a incontestablement été un atout majeur. Il a apporté à Star Wars quelque chose qui manquait sans doute un peu à Lucas, une mise en scène qui fait la part belle aux interactions entre les personnages, à la dynamique humaine. Il a apporté une certaine profondeur au film.
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Quel est le rôle des couleurs ?
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Renaud Roche : Je cherche toujours une certaine harmonie dans une page. Au sein d’une case, j’aime mettre en lumière des émotions, des gestes ou bien un objet précis. Certaines couleurs reviennent régulièrement tout au long du récit. Le jaune flamboyant, que l’on retrouve dans le logo Star Wars, était prédominant dans le tome 1. Dès qu’un élément ou une rencontre faisaient basculer la vie de George, j’utilisais cette couleur.
Dans le tome 1, le vert l’accompagne dans son rêve de ranch. Quant à Marcia, le rose est présent car il symbolise son rêve de maternité. Dans le couple, chacun a son objectif.
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La genèse d’Indiana Jones pouvait-elle devenir complexe à raconter au sein de l’histoire de « L’Empire contre-attaque » ?
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Laurent Hopman : La genèse d’Indiana Jones intervient juste avant que le tournage de l’Empire contre-attaque et que les gros ennuis s’abattent sur George Lucas. C’est le dernier moment heureux avant la tempête. Il s’inscrit assez naturellement dans le récit, mais devait rester une parenthèse pour ne pas faire de l’ombre à l’aventure principale, qui reste la production de « L’Empire contre-attaque ».
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Est-ce ce fut un plaisir d’introduire (et de dessiner) des personnages comme Boba Fett et Yoda ?
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Renaud Roche : Absolument. Même s’il apparaît dans le tome 2, Yoda est un personnage qui m’est cher.
Lors des séances de dédicaces du tome 1, beaucoup de lecteurs me demandaient de dessiner Yoda ou Boba Fett. Je ne pouvais pas car à ce moment-là, George ne les avait pas encore conçus. Ce sera la même chose avec l’empereur ou Jabba – ils n’apparaissent que dans « Le Retour du Jedi ». Nous avons pris la décision de suivre le parcours de George.
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« L’Empire contre-attaque » est-il votre épisode préféré ?
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Renaud Roche : Il est pour moi difficile de répondre à cette question. « L’Empire contre-attaque » reste l’épisode le plus solide mais je vois la saga comme un tout.
Laurent Hopman : C’est absolument mon épisode préféré depuis toujours ! C’est pourtant un film qui n’a pas de conclusion et qui est indissociable de la trilogie. Mais il a beaucoup de profondeur, des scènes d’action époustouflantes, des rebondissements spectaculaires et un petit bonhomme vert inoubliable !
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« Le Retour du Jedi » clôt la trilogie avec l’empereur, Jabba the Hutt et les ewoks. Êtes-vous impatients de développer de tels personnages ?
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Laurent Hopman : J’attends avec impatience le dernier tome de notre trilogie car les coulisses du « Retour du Jedi » sont finalement les moins connues de la trilogie et les lecteurs vont découvrir beaucoup de choses. Nous allons aussi évoquer le tournage des Aventuriers de l’arche perdue, qui est totalement épique !
Renaud Roche : Pour chaque album, j’essaye de faire en sorte qu’il soit le meilleur (rires). Le tome 3 sera différent car il montrera les difficultés personnelles de George. Ce sera donc une guerre intime.
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Pensez-vous raconter également la trilogie préquelle ?
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Laurent Hopman : Ça n’est pas en projet.
Renaud Roche : Un épilogue de quelques pages sera présent dans le tome 3 afin de raconter la suite des événements pour George.
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Image de couverture : © Deman Editions







