Elément incontournable de notre quotidien et de nos modes, la photographie fascine toujours autant. Magie de l’image, le phénomène accompagne nos grands rendez-vous médiatiques. La Paris Fashion Week n’échappe pas à la règle et Aurélien Gendron a su mettre à profit son talent de photographe (mais aussi sa simplicité).
Depuis à peine un an, le jeune passionné de l’Image accompagne la vie artistique parisienne en y intégrant un geste à la fois simple, populaire et rassembleur : Le High Five. Aurélien Gendron ne photographie pas seulement un événement, une égérie, un artiste mais bien un instant de joie. Un sentiment qui ne laisse pas indifférent les réseaux sociaux…
Entretien avec Aurélien Gendron, photographe.
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La photographie a-t-elle été pour vous une évidence ?
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J’ai grandi dans un monde artistique. Cela a donc influencé mes goûts et mes envies. J’étais également passionné par le sport. Par conséquent, très tôt, ces deux mondes m’ont beaucoup intéressé.
Une de mes cousines, Ann-Christine Woehrl, est photo-reporter depuis l’âge de 20 ans.
Elle est une grande inspiration pour moi. J’adore l’objet même qu’est l’appareil photo.
J’ai fait 5 ans d’études dans le marketing digital à Paris. Le 1er mercredi de ma 1ère année, je n’ai eu qu’un unique cours de 6h de Photoshop. Ayant adoré la formation, je me suis dit qu’il fallait que je continue à me former à l’exercice (même si de nos jours, je n’utilise que très occasionnellement Photoshop). C’est en faisant mes recherches que je découvre le YouTuber Canadien, Peter McKinnon. Il m’a complètement ouvert mes chakras. Ce fut ma véritable entrée dans le monde de l’image. Il faut dire qu’à ce moment de ma vie, je ne savais pas tellement quoi faire ni où aller.
Je ne me vois pas comme un puriste de l’image. J’aime surtout ce que la photographie m’apporte. Avec mon appareil que je pourrais comparer à une clé, j’ai beaucoup appris en rencontrant du monde et en me rendant à divers événements.
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Le mouvement dans la danse et dans le sport est-ce une difficulté à capturer ?
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J’ai été contacté par un des danseurs de l’émission Danse avec les Stars, Anthony Colette. Il souhaitait documenter ses entraînements afin de les partager sur les réseaux sociaux, partager des moments plus simples et décontractés qu’à la télévision et enfin apporter une vision nouvelle et plus fraîche aux personnes qui le suivent.
J’ai pris des photos au Parc des Princes ainsi qu’au Campus PSG à Poissy pour les matchs des footballeuses. C’est un sport où la vitesse est constante. Il faut sans cesse être prêt à saisir l’instant. J’ai vraiment envie d’améliorer mon style dans ce domaine. C’était d’ailleurs mon objectif cette année 2025 mais j’ai été embarqué par autre chose…
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La ville de Paris est-elle un modèle à part entière ?
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Absolument. Je me sens pleinement comme un photographe parisien. C’est une ville extraordinaire pour la photographie. Je me suis intéressé à l’architecture dès le début de ma carrière car cela me permettrait de travailler l’image grand angle. Il y a un aspect majestueux et immobile. Il y a tout type de sujet dans notre capitale. En levant un peu la tête, n’importe quoi, n’importe qui peut devenir un sujet à photographier.
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La Paris Fashion week est un rendez-vous incontournable depuis plus de 50 ans. Est-ce un moment à part ?
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La Paris Fashion week c’est 6 fois par an (2 fois réservé pour la mode masculine, 2 fois pour la mode féminine et 2 fois pour la haute couture). Je la suis depuis septembre 2022. Mon premier rendez-vous fut le défilé Dior à la Place de la Concorde. Depuis, je n’ai pas loupé une seule semaine.
J’attends toujours avec impatience ces rendez-vous. Cependant, je ne jouerai jamais des coudes pour faire mes photos. Je pense être un photographe patient. Depuis un an, j’attends que tout le monde fasse sa photo pour ensuite apparaître.
J’aime appeler les célébrités par leur prénom car cela permet d’être amical. J’interviens au moment où tout est terminé. Je me rapproche et avec mon concept de High Five, je crée un contact physique. D’une certaine manière, je transgresse la règle non écrite du photographe, mais finalement, avec moi, on se détend et ma photographie ne fait que célébrer l’instant.
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Comment est venue l’idée du high five ?
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Je souhaite être clair : Je n’ai pas inventé le high five (rires). Certains commentaires sur les réseaux sociaux prétendent que je me suis octroyé cette exclusivité. Bien sûr que le high five existe depuis bien longtemps. Pour moi, c’est une célébration qui fait écho au monde du basketball et ce depuis la fin des années 70 ou même avant.
J’ai eu l’idée du geste lorsqu’avec ma copine de l’époque, nous avions réalisé un très bon gâteau au chocolat. Nous nous sommes alors tapés dans la main. Jusque là rien d’anormal. Mon appareil photo était rangé sur le côté à vue d’œil. Je demande alors à ma copine si nous pouvions nous taper à nouveau dans les mains en photographiant ce moment. Même si l’image n’était pas la plus flatteuse, l’idée est restée.
Le mois suivant, c’était la Fashion week de septembre 2024. Je décide alors de tenter de faire des high five avec les célébrités. Cependant, je n’ai pas tout de suite eu le courage d’en faire. Ce n’est pas si simple de se rapprocher de la personne et de créer un contact physique avec, surtout en tant que photographe. Je respecte beaucoup les personnes en face de mon objectif.
Ce n’est qu’au défilé Miu Miu que je réussis le premier high five. C’était le moment ou jamais.
Lena Mahfouf, grande star des jeunes français, était présente. Je savais qu’elle était ouverte d’esprit. Donc, lorsque je l’ai vue, je me suis lancé. Je demande à Lena de faire un high five, elle accepte de bon cœur et la photo est réussie. Dans la vidéo, on entend une de mes amies présente jubilée. Cet instant m’a galvanisé. J’ai ensuite pu en réaliser 5 autres high five – peut-être plus.
En un an, je n’ai eu qu’un seul refus : Rich the Kid. Mais je pense qu’il n’a pas compris mon idée.
Je tiens également à dire qu’aucun high five n’est préparé. J’aime le geste car il est spontané. C’est un moment de détente et qui entraîne les sourires. Les vidéos (filmées avec mes lunettes) sont toujours positives. Je reçois d’excellents commentaires.
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Est-ce une façon de se démarquer mais aussi d’humaniser l’événement ?
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La nouveauté a toujours dérangé mais je ne me suis pas découragé pour autant. Je sentais que je tenais quelque chose qui pouvait être intéressant. Aujourd’hui, mes high five sont acceptés et même appréciés. Certaines personnes rêvent même de pouvoir en faire un avec moi. D’autres veulent me prendre en photo en train de faire le High Five.
Lors du dernier Golden Coast, festival de hip hop à Dijon, en septembre 2025, un grand nombre d’artistes me connaissaient. C’était ma plus belle récompense.
En revoyant mes vidéos, je me rappelle les moments. J’ai fait 4 high five avec Lena Mahfouf. Le 2ème a été réalisé lors du défilé Patou. Des amis m’ont motivé pour m’y rendre alors que j’étais en route pour rentrer chez moi. Cette soirée a été magique car j’ai pu y faire le plus grand nombre de high five (10). Le 3ème avec Lena a été mémorable car il a été réalisé l’été dernier au Festival Lollapalooza. Je faisais des photos entre la scène et la foule et je réalise qu’elle est présente au moment où nous devions quitter le crash photo. Je ne pouvais pas manquer cet instant, malgré la sécurité qui me poussait dans le dos. Lena remarque que c’est le 3ème high five et a demandé à deux jeunes spectatrices de poser avec elle. Le moment était magique et la photo est exceptionnelle. C’est très sûrement ma préférée – du moins dans mon Top 3 personnel.
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Les courtes interviews reposent-elles sur le même principe ?
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Je suis photographe depuis 8 ans. J’ai constaté un non-respect lors des Paris Fashion week. Certaines de nos photographies sont publiées sans nos consentements ou bien nous ne sommes même pas cités. La sécurité est parfois rude avec nous. On promet à certains photographe des modèles de rémunérations mais ils ne reçoivent finalement rien. Beaucoup jouent sur le fait qu’une photo publiée sur un compte peut déclencher un tournant de carrière.
Alors qu’en vérité cela n’apporte jamais grand-chose. Il est impératif de mentionner votre photographe – Au même titre qu’un tableau signé. Si Taylor Swift mentionne le sien, vous en êtes totalement capable. Mentionnez votre photographe.
J’ai donc voulu donner la parole à celles et ceux qui participent à la vie de la Fashion Week, et sans qui vous n’auriez que très peu de visuels sur cet événement. Je voulais qu’ils soient vus et entendus. Pas pour se plaindre, au contraire mais pour leur donner une voix.
Cela me permet aussi pour moi d’être reconnu. Dans le sens où, pendant un long moment, je ne souhaitais pas afficher mon visage quotidiennement sur les réseaux. “Regardez ce que je fais, pas qui je suis”. Les gens ont finalement pu mettre un visage sur celui qui fait les High Five mais ce n’était même pas l’intention première. Je voulais simplement découvrir une nouvelle compétence. Ajouter une corde à mon arc. J’ai vécu les interviews comme un véritable exercice. Je pose des questions et je tends un micro à des personnalités qui méritent d’être entendues. Uniquement les photographes dans un premier temps. Je pense m’ouvrir à d’autres personnes par la suite.
Moi aussi je n’ai eu qu’une poignée d’abonnés – Comme tout le monde finalement. Le 5 janvier 2025, je fêtais mon 4 000ème follower (!). Aujourd’hui, ils sont 140 000. La reconnaissance vient par le travail, la rigueur et par une touche d’originalité quand même.
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Quelles sont vos envies ?
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Je vais continuer le concept de High five dans le plus grand nombre d’environnements possibles. J’adorerais le faire avec Pharrell Williams, Cristiano Ronaldo ou encore Zinedine Zidane. J’aimerais aussi réaliser un tour du monde des Fashion weeks – Londres, Milan, New York mais aussi Séoul et Copenhague qui ne sont pas des événements officiellement reconnus comme tel.
Le métier de photographe de nos jours peut vous mener très loin. Je veux continuer de l’explorer.
L’avenir reste incertain mais il est je l’espère plein de surprises.
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