Passionné de bandes dessinées, Fabrice Tarrin entre très jeune au magazine Spirou. Aurait-il imaginé un jour devenir un des auteurs des aventures du fameux groom ? Avec le scénariste Yann, il réalise en 2006 « Le Tombeau de Champignac ». Ce n’est que le début… 13 ans plus tard, c’est avec Frédéric Neidhardt que Fabrice Tarrin sort « Spirou chez les Soviets » – écho à la première aventure de Tintin et Milou.

En 2025, il revient chez Spirou avec Lewis Trondheim pour « Le Trésor de San Inferno » (Editions Dupuis- Sortie le 26 septembre). Epopée sud-américaine qui s’inscrit dans la collection « Les Aventures de Spirou & Fantasio ». Le marsupilami est même de la partie…

Entretien avec Fabrice Tarrin, dessinateur-compagnon de route du groom Spirou.

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Etiez-vous un lecteur de Spirou dès l’enfance ?

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Enfant, j’étais un passionné des Schtroumpfs. Le dessin de Peyo était plus rond et plus accessible. Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai découvert les aventures de Spirou et Fantasio. Je lisais également Gaston Lagaffe. Je me suis mis à collectionner tous les albums. C’était l’époque de Tome & Janry et cela me correspondait graphiquement. Avec l’âge, j’ai apprécié davantage le Spirou de Franquin. Il est pour moi ma référence actuelle.
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« Le Tombeau des Champignac » a-t-il été un défi ?

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© Editions Dupuis

Je n’ai pas eu l’impression de me contorsionner. J’avais déjà un style similaire. Le seul personnage qui pouvait être difficile pour moi c’était Seccotine. J’ai pris la décision de la dessiner dans le même style que mon personnage Violine.

J’ai aussi eu l’idée d’illustrer la turbotraction ou la zorglumobile, voitures qui n’avaient pas été vues depuis les albums de Franquin. C’était une pression supplémentaire.

Pour « Spirou chez les Soviets » (2020), il y a eu un autre défi : j’ai dû beaucoup plus me documenter sur les années 60. Je devais avoir des photos d’archives sans cesse à mes côtés. Il m’arrive même de demander à mes enfants de faire des poses d’attitude afin que je puisse dessiner (rires).
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Yann, Frédéric Neidhart, Lewis Trondheim… Est-ce à chaque fois un autre rythme, une autre façon de voir Spirou ?

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Pour « Le Tombeau des Champignac », Yann avait surtout écrit le synopsis. J’ai ensuite réalisé le découpage. Pour « Spirou chez les Soviets », avec Fred Neidhardt, il y a eu beaucoup de discussions concernant le scénario. C’était un véritable match de ping-pong. Fred réalisait des story-boards afin de m’orienter. Nous faisions beaucoup de contre-indications. Nostalgique du Spirou de Franquin. Fred voulait également un dessin moins caricatural.

Pour « Le Trésor de San Inferno », il y a eu plus de liberté avec Lewis.

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Fantasio est-il un être à part ?

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Depuis ses premières années, le personnage a sans cesse évolué. Fantasio est d’abord un zazou. Ensuite, avec Franquin, il devient un inventeur fantasque puis un employé tyrannique notamment envers Gaston Lagaffe. Fantasio est un être assez colérique et perd d’une certaine façon en fantaisie.

Avec Yann, le personnage a été conçu de façon naturelle. Fred Neidhardt a conçu Fantasio comme un être assez hautain. J’ai dû adapter mon dessin. Avec Lewis Trondheim, j’ai eu l’impression que Fantasio avait des similitudes avec son personnage-chat Richard Mammouth. Fantasio était différent. C’était une façon pour nous de le distinguer de Spirou.
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© Fabrice Tarrin

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Avec « Le Trésor de San Inferno », y’avait-il un souhait de réaliser un western ?

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Au moment de la colorisation, j’avais réalisé au départ des dégradés. Le résultat n’était pas bon. Comme l’histoire se déroulait dans le désert, j’ai misé sur un style proche de celui de Morris. A la différence de Fred Neidhardt, Lewis Trondheim avait imaginé beaucoup de plans séquences. Le style western était parfait pour l’histoire du « Trésor de San Inferno ». A tel point que lorsque j’ai lu les premières pages, j’ai eu l’impression de lire un Lucky Luke plutôt qu’un Spirou (rires).
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La présence du marsupilami a-t-elle été une joie ?

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Absolument. Pour les précédents albums, c’était même frustrant de ne pas avoir le marsupilami avec Spip, Spirou et Fantasio. Tout dessinateur rêve de représenter le marsupilami. J’ai demandé à Lewis de lui donner plus d’importance dans l’histoire. Ce n’était pas une évidence car c’est un animal avec des super-pouvoirs. Le marsupilami peut résoudre de nombreux problèmes. Dans « Le Trésor de San Inferno », il est piqué par des scorpions. Le marsupilami ne peut donc intervenir pour aider ses amis.
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Spirou connaît une avalanche d’aventures depuis plusieurs années. Il voyage dans le temps. Est-ce une chance pour vous les dessinateurs ?
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Il y a selon moi deux visions possibles : la classique et celle qui est personnelle aux auteurs. J’appréhende les aventures de Spirou & Fantasio de façon classique et artisanale. Au même titre que les Astérix & Obélix illustrés, je suis au service de l’histoire. Je ne veux pas imposer mon propre style. Je pense d’abord au jeune lecteur. Je souhaite que ce dernier reconnaisse son Spirou ou son Astérix.
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Reviendrez-vous auprès de Spirou et Fantasio ?

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Je travaille actuellement sur une nouvelle aventure avec Fred Neidhardt, « Opération Lune ». C’est une histoire avec beaucoup de décors. Je suis par conséquent assisté pour l’encrage par Cédric Ghorbani, dessinateur d’Anabelle pirate rebelle. Ce sera mon dernier album Spirou pendant un certain temps.

Les personnages sont proches de ceux du « Trésor de San Inferno » et l’ambiance sera similaire à « Spirou chez les Soviets ». Spirou & Fantasio seront par contre plongés dans un univers très capitaliste. Ce sera une aventure destinée plus pour les enfants que « Spirou chez les Soviets ».
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© Fabrice Tarrin
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