Avec sa voix atypique, ses yeux vifs et son rire renversant, Doully est une artiste authentique et précieuse. Humoriste aussi bien sur scène, à la radio qu’à la télévision avec Groland, elle navigue avec une vraie maîtrise de la plaisanterie. Doully parle aussi bien des hipsters, des handicapés que des ivrognes – les égratignant au passage mais tout cela avec amour et belle autodérision. « Hier j’arrête !« , remarquable spectacle, qui aura lieu à l’Olympia le 22 mai prochain, dans le reste de la France ainsi qu’à l’étranger.
Entretien avec Doully, artiste dévouée à ses « p’tits culs ».
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« Mieux vaut en rire qu’en pleurer » – Cette formule peut-elle en partie résumer votre humour ?
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C’est l’intégralité (rires). J’en ai connu des horreurs… L’humour est libérateur. Même dans des moments de malheur et de grande détresse, il m’est arrivé d’en plaisanter à chaud. Il faut savoir affronter les événements. L’humour m’a beaucoup aidé.
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D’où vient votre prénom Doully ?
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C’est un grand mystère. Il n’y a pas d’étymologie. Je sais juste que c’est un prénom masculin en Indonésie.
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Le fait d’avoir été entre autres gogo danseuse, doubleuse de films X et barmaid – vous a-t-il permis d’être solide sur scène ?
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Je suis quelqu’un de très timide dans la vie de tous les jours. Pourtant, sur scène, j’ai la force d’être devant un public. Les spectateurs donnent beaucoup d’énergie et de motivation. Ils bloquent leur soirée, payent leur place, célèbrent leur anniversaire, ont leur premier date, font parfois des centaines de kilomètres pour venir voir mon spectacle. Je me dois d’être à la hauteur. Même malade ou profondément triste, j’ai toujours joué. Je ne peux pas annuler pour toutes ces personnes qui se sont déplacé. Tant que je suis debout, je peux y aller.
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La langue espagnole tout comme la culture hispanique a une part importante dans vos spectacles. L’Espagne et ses différences vous ont permis d’alimenter votre humour ?
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A Barcelone, je ne parlais plus du tout français. A mon retour en France, j’ai commencé à écrire des blagues. Je voulais traduire des expressions espagnoles formidables en français mais cela ne marchait pas. J’ai dû m’adapter mais il est clair que mon séjour en Espagne a été d’une grande importance pour moi et mon spectacle.
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Est-ce que vous vous adaptez aux « petits culs » ? Le spectacle est-il différent selon l’humeur du public ?
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Les salles réagissent différemment à mon humour. Certains spectateurs sont réservés. Cependant, celles et ceux qui sont les moins fou-fous pendant le spectacle sont ceux qui font une standing ovation à la fin. Il est dur d’analyser le public. D’une certaine manière, chaque soir, je remets mon titre en jeu. Chaque représentation est un défi.
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Quel est le meilleur moment ? l’avant ? le spectacle ou l’après ?
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La plus grande joie c’est pendant. En tournée, les journées sont épuisantes. Vous pouvez être désorienté. Alors que j’étais à Toulouse, j’ai demandé aux régisseurs des informations sur les quartiers de Bordeaux. On m’a alors répondu que je me trompais de ville.
Il m’arrive de m’échapper du texte. J’interroge les spectateurs. Il y a des moments d’échange incroyables. Chaque spectacle est si différent que j’aimerais l’enregistrement de tous. Un mix serait formidable. J’ai connu par ci par là des moments vraiment magiques.
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Comment êtes-vous devenue Grolandaise ?
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Gustave Kervern et Benoît Delépine sont venus voir un de mes spectacles. Nous avons dîné ensemble et les échanges ont été très agréables. Le temps est passé. A la sortie du premier confinement en 2020, Benoît m’a appelé au téléphone. Il me donnait tellement d’informations que j’étais assez confuse. De plus, mon téléphone captait mal. J’ai juste retenu que Benoît voulait que l’on travaille ensemble. Même si au bout du fil j’entendais mal, j’ai dit oui (rires). Je savais juste que je devais me rendre le 8 septembre au studio d’enregistrement de l’émission Groland. J’ai enfin compris que je devais remplacer Jules-Edouard Moustic en tant que présentatrice.
Finalement, ce fut une bonne chose de ne pas savoir grand chose car j’imagine que j’aurais beaucoup stressé.
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Groland vous oblige-t-il à changer d’humour ?
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Je ne pouvais pas reprendre l’humour de Moustic. Il est irremplaçable. Il a fallu que je propose autre chose mais j’étais bien contrôlée. Benoît me demandait de rester sérieuse. Je devais être sérieuse en permanence. Un jour, Benoît a pu percevoir dans mon œil une certaine malice. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Il a alors été convaincu de me laisser être plus souple.
Certains sujets méritent que je sois sérieuse dans mon humour. C’est de la connerie mais avec un fond.
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La radio demande également un autre ton ?
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Bien entendu. Mes chroniques ne durent qu’une poignée de minutes. Il faut être efficace. Certaines personnes se rendent compte seulement maintenant que je suis celle qui est sur scène, qui est à la radio Nova et qui présente Groland. Elles connaissent les trois entités sans faire le lien entre elles. C’est tellement différent que ce n’est pas évident pour tout le monde.
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Trouverez-vous un jour la paix avec les hippies et les hipsters ?
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C’est une fausse haine. Je n’aime juste pas les personnes arrogantes. Certains construisent malheureusement des façades. Il faut rester naturel et ne jamais se sentir supérieur par rapport aux autres.
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Quelles sont vos envies en spectacle ?
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Il m’arrive tellement de choses. Même si cela enrichit mon humour, j’aimerais avoir de moins de galères dans ma vie (rires). Je raconte beaucoup de choses dans mes chroniques à la radio mais seulement en surface. Avec à peine trois minutes de temps à l’antenne, je suis limitée par le temps. J’aimerais développer davantage. Mon prochain spectacle se nourrira plus d’anecdotes rocambolesques.
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Photo de couverture : © Betty Klik