Depuis la série manga Lastman à celle de La Grande odalisque en passant par les nouvelles aventures de Corto Maltese, Bastien Vivès a toujours exprimé par le dessin son goût pour l’épopée. Qui sont de nos jours les nouveaux Indiana Jones et autres Lefranc ?
Bastien Vivès propose avec sa nouvelle série, Lune de miel, de mêler aventures et vie conjugale. Sophie et Quentin semblent pourtant être un couple normal mais avec les péripéties qu’ils rencontrent, les deux vont unir leurs forces et leurs talents afin de faire triompher la justice. « Le Baiser du Sphinx » (Editions Casterman – 2025) est le premier volet d’une série qui s’annonce époustouflante. A suivre…
Entretien avec Bastien Vivès.
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Comment vous êtes venue l’idée de réaliser une série intitulée « Lune de miel » ?
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Je voulais me lancer sur une longue série avec des personnages récurrents. J’avais déjà essayé ce format sous l’angle du manga avec Last Man. Cette fois-ci, je voulais faire du pur franco-belge.
Ayant toujours travaillé sur les histoires de couples, je souhaitais à nouveau imaginer les aventures d’un homme et d’une femme. Avec « Lune de miel », il n’y a pas un héros. Sophie et Quentin représentent une véritable entité. Ensemble, ils sont les héros. Les duos ou trios existent déjà dans la bande dessinée mais c’est souvent deux hommes (Tintin et Haddock, Spirou et Fantasio) ou trois femmes (Cat’s Eyes, Julie, Claire et Cécile).
Le couple est souvent décrit en BD comme deux personnes qui s’affrontent mais rarement qui se complètent. Sophie et Quentin sont, quant à eux, très soudés. J’aime leur énergie, leur confiance et leur amour mutuel.
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Sophie et Quentin ont-ils été inspirés par des personnes ou des personnages ?
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Physiquement, Quentin ressemble à Harrison Ford. Comme Indiana Jones, il est aussi un professeur avec des lunettes. Il a aussi un petit côté Superman – il cache son jeu. Indiana Jones n’est pas un super-héros – il a aussi ses défauts. C’est un personnage en fait assez réel.
Quant à Sophie, je me suis inspiré de ma compagne. Les femmes que j’aime ou que j’ai aimées ont toujours été présentes dans mes albums. Finalement, j’ai toujours imaginé en bande dessinée la vie que je rêvais d’avoir.
Sophie et Quentin sont assez proches de nous. Ils ont les mêmes envies et les mêmes réactions que n’importe qui d’autre. C’est un couple qui plonge dans l’aventure mais qui se rappelle aussi avoir des enfants qui les attendent et par conséquent, sans avoir le droit de mourir.
Sophie possède une grande érudition et Quentin a une très grande mémoire des visages.
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De par les couleurs, le style vestimentaire, les paysages, « Lune de Miel – Le Baiser du Sphinx » est-il un livre branché ?
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Je ne me pose jamais la question si mon album est dans l’air du temps ou pas. Je dessine juste ce qui me plaît. Quentin Tarantino ajoute lui aussi quelques références dans ses films. J’ai d’ailleurs revu toute sa filmographie pendant mon travail sur « Le Baiser du Sphinx ». Il y a toujours de la sincérité et l’envie d’appartenir à un monde.
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Ce fut une joie de dessiner des requins ?
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Oui. Ce fut surtout un grand moment lorsque j’ai vu les planches colorisées par Brigitte Findakly. Elle a fait un travail remarquable notamment pour les scènes sous-marines. Les couleurs de Brigitte sont magiques. Lorsque mon fils a lu l’album, il a lui aussi trouvé ces scènes splendides.
Pour moi, la bande dessinée doit montrer du spectaculaire. Beaucoup de mes précédents albums se focalisent sur l’intime. J’ai pu travailler sur le spectaculaire avec les séries Last Man et La Grande odalisque. Ce fut toujours une joie.
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Le papillon représente-t-il la part de mystère voire de fantastique ?
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Avec la série Lune de Miel, il y aura toujours un aspect fantastique. Cela fait écho encore aux aventures d’Indiana Jones. J’aime l’idée d’entraîner le lecteur dans une certaine magie. Je ne fais que proposer le côté fantastique.
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Que racontera « Le Secret de Coatlicue », le second volet de Lune de miel ?
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Sophie et Quentin auront sans cesse des aventures incroyables. Ils parleront de leurs enfants mais le lecteur ne les verra jamais.
« Le Secret de Coatlicue » se déroulera dans la jungle du Costa Rica. Sophie et Quentin avaient prévu de profiter de la plage mais l’aventure va les entraîner dans une recherche au trésor.
J’ai envie de réaliser une dizaine d’albums de Lune de Miel entre mes 40 et mes 50 ans. J’adore ce format 48 pages car il me correspond plus. Je ne délaisse cependant pas Corto Maltese et le roman graphique. J’aime juste raconter des aventures trépidantes.
Je crois vraiment aux histoires de couples. Je suis persuadé que certains lecteurs ou lectrices attendent ce type de bandes dessinées.
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