Brillants, piquants, de forme cubique, les diamants n’ont jamais cessé de fasciner. Autour de nos cous, sur nos doigts, nos dents, ils deviennent une partie de nos identités. Le street art ne pouvait l’ignorer plus longtemps. Actif depuis près de dix ans dans la rue, le diamantaire continue de jouer avec les diamants. Rencontre avec cet artisan-artiste hors du commun
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Conçus avec des miroirs trouvés, vos diamants ornent les rues. Y’a-t-il une envie d’offrir l’art précieux ou d’imposer votre marque dans l’espace public ?
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J’ai commencé en mai 2011. En septembre, il y avait déjà une centaine de diamants présents dans la rue en particulier dans les zones touristiques de Paris. L’idée était d’offrir une marque avec une esthétique. Le diamant agit comme un logo. Le trouvant partout, le passant comprend peu à peu que c’est de l’art. Avec les réseaux sociaux et les posts, les diamants sont devenus peu à peu un objet artistique populaire.
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Quel était votre style artistique avant les diamants ?
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En 2001, j’ai commencé à m’intéresser au graffiti. Je voulais me démarquer, m’exprimer et apporter de l’art sans que ce soit conscient. Je trainais avec d’autres jeunes qui faisaient du roller, du skate et du BMX. Étant tout le temps dans la rue, il était normal pour nous de faire du graffiti. C’était surtout du tag puis j’ai décidé de trouver mon propre style.
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Votre communication montre la conception de vos différentes œuvres.
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Je veux montrer l’aspect artisanat de mon art. Je suis issu d’une filière professionnelle et j’ai souvent entendu dire que quelqu’un qui fait un BEP est un moins que rien. C’est faux. Le bleu de travail est aussi le costume de l’artisan-artiste. En montrant la conception de mon art, je prouve que je réalise tout moi-même. J’aime concevoir la pièce en 3D sur ordinateur. Comme un puzzle, je compose peu à peu mon œuvre. L’étape suivante c’est la fabrication qui est juste la réalisation de ma réflexion. La vraie finalité c’est lorsque la pièce quitte mon atelier et arrive dans le domicile de quelqu’un ou dans la rue.
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Paris est une ville à part avec plus de 800 diamants dans les rues. Avez-vous une relation forte avec la capitale ?
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Paris est ville lumière, ville du luxe et de la mode. Imposer mes œuvres » fait main « ,dans Paris , était également un bel objectif. J’ai utilisé avec plaisir l’identité parisienne. Si j’avais vécu dans une ville, j’aurais certainement fait autre chose. Un bar, une place, un musée… tout m’ inspire. Mais avec la pandémie, Paris n’a plus de touristes. J’espère que l’on retrouvera prochainement cette vie de Paris.
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Les diamants sont également présents partout dans le monde (Los Angeles, Zurich, Londres,…). Voyagez-vous avec les diamants ou est-ce que sont les diamants qui vous font voyager ?
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Dès que je pars quelque part, j’ai toujours des diamants avec moi. Au début, la zone urbaine était le seul endroit où je voulais installer mon art. Aujourd’hui, c’est une vraie joie de coller un diamant partout même dans un endroit presque inaccessible. Il y en a eu un en haut du volcan de la Soufrière ou encore un autre sur un îlot dans la mer des Caraïbes. Certaines personnes tombent par hasard dessus et diffusent une photo sur les réseaux sociaux. C’est très amusant et surprenant de constater que les diamants ne passent pas inaperçus. Les photos permettent de les garder en mémoire.
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Les diamants ont des couleurs différentes.
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C’est purement esthétique. Je pourrais ne faire que des diamants en noir et blanc mais il faut parfois les égayer. Mes diamants doivent avoir un aspect de collection.
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Pointe vers le bas, multiples rectangles. Comment avez-vous conçu cet aspect du diamant ?
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Le diamant vu de côté à la pointe vers le bas. Je faisais au départ mes diamants à main levée puis j’ai refait un gabarit afin d’avoir des formes plus proportionnelles. Les contours sont mon identité artistique. C’est toujours la même forme mais l’intérieur varie. J’ai ainsi fait des collab’ avec d’autres artistes qui ont dessiné l’intérieur des diamants.
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La personne fixe-t-elle son regard sur le diamant ou c’est le diamant qui reflète le regard ?
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Concernant les diamants de rue, je les installe à une certaine hauteur à cause des vols. Par conséquent, il ne peut y avoir de jeu de reflet avec les passants. L’idée est de faire scintiller le diamant. Au sujet des sculptures, il n’y a pas non plus de reflet direct. Elles déstructurent l’environnement et cassent les repères. L’orientation des miroirs fait que le lieu est modifiée. Mes œuvres donnent un effet d’infini.
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Avec les bagues et les pendentifs, vous revenez à l’essence même du diamant : Le luxe. Est-ce une étape-clé ou une autre expérimentation ?
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Chaque pièce est une évolution. Il n’y a pas de finalité. J’ai toujours voulu aller vers la joaillerie. De grandes maisons de luxe voulaient s’associer à moi mais n’ayant pas la technique, j’ai préféré que l’on me tienne la main. Je me suis alors mis au travail avec une créatrice, FLAV joaillerie Paris, et j’ai voulu faire partie intégrante de la fabrication. Nous avons réalisé les bijoux en un mois. Cette collection est à l’opposé du street art et de l’art populaire. Certains les ont choisi comme bagues de mariage. Pour moi, c’est comme une chevalière avec de l’or blanc ou jaune. Je souhaite casser l’image du commerce du diamant. Les grandes maisons ont quasi un monopole dessus alors que de petits créateurs font un excellent travail. D’autres bijoux sont en cours de réalisation avec FLAV joaillerie Paris.
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Vous êtes en partenariat avec la ville d’Apt. Il faut partir à la recherche des diamants installés sur les murs des rues.
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Apt m’a contacté pour réaliser une sculpture. C’était un joli projet qui doit rester et faire partie du paysage de la ville. J’ai toujours voulu proposer de telles créations. Décorer un rond-point me conviendrait parfaitement.
La municipalité d’Apt a voulu faire une chasse aux diamants. Je me suis lancé dans le projet. C’était une façon de s’intégrer dans cette vieille ville du Lubéron.
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Avez-vous une œuvre préférée ?
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Tous mes diamants ont une histoire. Je me souviens notamment d’avoir collé une œuvre de 13 centimètres à Los Angeles sur une boulangerie qui s’appelait Diamond. Une sans-abri l’a décroché, l’a jeté par terre et l’a cassé. Cela m’a amusé.
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Quels sont les projets du diamantaire ?
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Si tout va bien je fais une exposition au 56ème étage de la Tour Montparnasse en mars prochain. Des kaléidoscopes seront installés sur le roof-top. L’exposition à Apt a été reportée à septembre 2021.
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Pour en savoir plus :
Le site Internet du Diamantaire : https://www.lediamantaire-paris.fr/le-diamantaire.html
Le compte Instagram : https://www.instagram.com/lediamantaire_artist/?hl=fr
Le compte Facebook : https://www.facebook.com/lediamantairestreetart