Il y a des artistes aux multiples talents. Aussi à l’aise dans un univers que dans son opposé. Fred Vervisch, dessinateur de bandes dessinées, se réfugie de temps en temps sur Instagram sous la casquette de Bombatô Mike. Dans un monde fantaisiste et donc sans limites, des pin-ups se libèrent des carcans de la société. Bombatô Mike marie érotisme et humour sans jamais décevoir.

Avec ce graphisme impeccable, il s’est même associé à le langage sans compromis de l’autrice Nikkie pour « Plume et des seins » (Editions Zampano – 2024).

Entretien avec le dessinateur Fred Vervisch/Bombatô Mike.

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Depuis quand les femmes sont devenues vos héroïnes ?
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Depuis toujours. J’ai été élevé avant tout par ma mère et mes deux grands-mères. Le personnage féminin est un sujet qui me passionne et que j’aime explorer dans tous les domaines.
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L’Asie a-t-elle également une place à part pour vous (Chinn, Soleil du soir, l’énigme du dragon d’or) ?

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C’est venu par hasard. En 2003, j’ai réalisé une BD western avec le scénariste JD Morvan, « Plus Jamais ça ». Une héroïne était d’origine mongole. Bertrand Escaich m’a alors contacté car il avait un projet de bande dessinée sur la Chine et voulait m’y associer. Je me suis totalement plongé dans le sujet à tel point que j’ai suivi des cours de kung-fu. Avec « Chinn » (2008), je me suis passionné pour l’Asie. Avec le côté lointain, il y a une part de mystère mais la peinture, la calligraphie et le geste du pinceau ont un lien avec la bande dessinée.

Pour « Soleil du soir » (2014), j’ai rencontré une professeure de chinois, Solange Cruveillé. J’avais lu sa traduction du livre de Wang Dulu « Tigre et Dragon » et elle avait aimé mon travail pour « Chinn ». Puis j’ai proposé à la maison d’éditions Bamboo de publier la bande dessinée. Ils nous ont suggéré avec Christophe Cazenove. Nous avons donc formé un trio pour « Soleil du soir ».

J’ai ensuite réalisé « L’Enigme du dragon d’or » (2019) avec Frédéric Lenormand.

J’aime également beaucoup le manga. Faisant principalement des story boards dans l’animation, je m’en inspire.

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Comme sont nées les pin-ups ?

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Il y a 5 ans, comme une récréation érotique, j’ai eu envie d’avoir un compte Instagram. En peu de temps, j’ai eu plus de 80 000 followers. J’avais des messages enthousiastes venant des Etats-Unis, d’Australie ou du Brésil. J’ai dû acheter une imprimante A3 afin de répondre aux demandes. Le directeur artistique de la lingerie Aubade m’a même contacté pour un projet d’un calendrier en dessin.

Les dessins étant jugés trop érotiques, Instagram a supprimé mon compte. J’ai dû créer un nouveau. Je fais à présent attention à ce que je poste.

Les pin-ups sont donc venues par accident. Même s’il y a indéniablement un aspect osé, j’ai un grand nombre de followers féminins.
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Qu’est-ce qui différencie Bombatô Mike de Fred Vervisch ?

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Bombatô Mike n’a pas de limites. Ce nom était celui d’un personnage que j’avais inventé pour un western. C’était un baroudeur qui enchaînait les conquêtes. Le nom fait écho à bombe atomique. Le projet de BD western ne s’est pas fait mais j’ai gardé Bombatô.

Ce nom est finalement comme un avatar. Je me cache derrière lui. Je viens de travailler avec Nikkie pour le livre « Plume et des seins ». Je me cache derrière ses punchlines osées. Nous rigolons beaucoup tous les deux.

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Quelles sont vos principales inspirations ? Vous inspirez-vous de femmes en particulier ou finalement vous choisissez l’improvisation ?
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Je puise beaucoup dans mon vécu. Je travaille également sur photo. Avec le dessin animé, j’ai l’habitude d’organiser et structurer.

Certaines femmes m’écrivent pour que je les dessine. Parfois, l’inspiration arrive tout de suite. Parfois, je n’y arrive pas (même avec des mannequins!).
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Jambes interminables, poitrines à peine voilées, couleurs tapantes,… Y’a-t-il une envie d’explorer l’art graphique au maximum ?

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Absolument. J’ai envie de développer un certain graphisme. J’essaye de trouver de l’abstrait. Dans mes dessins, il y a un aspect géométrique. Il m’arrive même parfois de mettre de côté le sujet. Il y a également une part d’humour. Je travaille sur les dessins Bombatô Mike moins d’une heure par jour.
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« Plume et des seins » – le travail avec Nikkie a-t-il été une évidence ?

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J’aimais beaucoup les phrases qu’elle postait sur Instagram. J’ai alors réalisé des dessins s’en inspirant et je les ai envoyés. Elle a aimé. Nous avons remarqué que nous avions pas mal de points communs. L’idée d’un projet de livre est venue progressivement. J’en ai parlé aux éditions Zampano et nous avons publié ensemble le livre « Plume et des seins ». Ce fut un bel exercice.  

Nikkie m’a permis d’aller plus loin dans l’illustration. 
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Qu’espérez-vous en 2025 ?

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J’espère continuer de montrer mes dessins dans les expositions. J’aime explorer l’univers des pin-ups sur Instagram. Le travail de dessinateur n’est pas simple : Devant votre planche, vous êtes seul. Quand vous réalisez une bande dessinée ou un dessin animé, vous recevez l’accueil des mois plus tard. Avec un dessin sur Instagram, les likes et les commentaires encourageants apparaissent tout de suite et cela fait beaucoup de bien.

Adapter le film « Emmanuelle » (1974) en bande dessinée me plairait beaucoup par exemple. Il y a une certaine fantaisie à illustrer et les décors asiatiques m’inspirent toujours.

Je voudrais également réaliser une BD polar et même un dessin animé.
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