Rangés entre des lignes d’un cahier, les quelques 200 chiens du dessinateur Jochen Gerner campent tour à tour entre majesté, multiplicité et chimère. Cirneco de l’Etna, braque slovaque à poils durs, spitz Mikado… le meilleur ami de l’homme prouve dans « Les Chiens » sa capacité à être si varié, si petit et si grand. Entre mars 2022 et avril 2023, Jochen Gerner a même usé de son imagination en créant de nouvelles races hybrides.

« Les Chiens » (éditions B-42) est un recueil qui puisse sans vergogne dans la science mais aussi dans la fantaisie.

Entretien avec Jochen Gerner.

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Avec vos carnets de dessin et vos illustrations de presse riches, vous vous dites artiste minimaliste. Une image doit-elle être comprise tout de suite (et avec le moindre artifice possible) selon vous ?

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« Minimaliste » est un qualificatif qui m’a été donné et que je ne me suis pas moi-même attribué. J’aimerais aller vers cette identité graphique mais rendre un dessin simple et direct n’est pas évident. Parfois je me rapproche plus d’une forme de minimalisme baroque et foisonnant. Qu’une image soit complexe dans sa composition ou bien extrêmement simple, il vaut mieux qu’elle puisse être comprise vite.
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Après « Oiseaux », de mars 2022 à avril 2023, vous avez réalisé aux feutres à encre de Chine de près de 200 pages de chiens de toute race. Comment est venue une telle idée ?
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L’idée d’une série d’oiseaux est venue par le biais de la couleur : expérimenter les compositions et superpositions infinies des traits de couleur.

Les chiens se sont imposés à moi pour leur caractère sculptural et abstrait. Toute masse de poils munie d’une truffe, et éventuellement de 2 points pour les yeux pourra s’apparenter à un chien. Il s’agissait donc là plus d’un travail sur les silhouettes et les textures.

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Les lignes de cahier montrent-elles le côté passe-temps ou finalement vous avez traité le sujet de façon scientifique ?
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Le support sur lequel je dessine est toujours important. Cet ensemble de cahiers indiens permettait de mettre en place une série de dessins sur des supports variés et intéressants (cahiers de textures et de formats différents) mais également de construire mes dessins à partir des lignes imprimées sur ces pages de cahier. Cela peut peut-être faire référence à une prise de notes sérieuse et expérimentale. Mais sûrement pas un passe-temps, une forme d’activité que je ne connais pas.
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Certains chiens sont de profil, d’autres fixent le lecteur. Des formes géométriques se dessinent également – Y’avait-il une part à l’improvisation ?
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L’improvisation était totale. Au hasard des rencontres réelles, virtuelles ou imaginaires,  chaque jour m’apportait un nouveau chien à dessiner. La variété des formes, du pelage ou des attitudes constituait pour moi l’intérêt de cette étude.
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L’imagination a-t-elle pris une grande place au cours de la réalisation du livre ? (chiens inventés)

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Oui, énormément. Mais je me suis rendu compte très vite que la singularité et l’originalité des races de chiens était presque infinie, et souvent plus forte que ma propre imagination. Les chiens sont donc pour la plupart réels.
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Quelle est la place des couleurs ? (vous travaillez surtout avec le noir & blanc)

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Pour ces séries (Oiseaux et Chiens), le projet était d’expérimenter les potentialités de la couleur et les effets chromatiques, en contrepoint à mon travail habituel à l’encre de Chine noire. Comme un sorte de gymnastique visuelle quotidienne. La couleur est intéressante lorsqu’elle sort du simple rôle de remplissage et d’enjolivement. Avec ces séries, je souhaitais mettre la couleur au premier plan.
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Y’a-t-il un chien que vous avez adoré dessiner ?

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Les chiens irréels comme le Sofa shar-pei ou le Puli perlé étaient des expériences hypnotiques intéressantes à travailler.
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Aimeriez-vous réaliser une trilogie ? Chats ? Lézards ?
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Il y aura probablement d’autres projets similaires mais dont je tairais pour l’instant le nombre et la nature.
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