De par son anonymat (son visage est caché par un masque de tête de mort), son style graphique décapant, et son savant mélange de mignonnerie et de gore, CROM est un artiste surprenant. L’Anglais est aussi tatoueur.
Avec « Birdking« , écrit par Daniel Freedman, l’aventure heroic fantasy retrouve une certaine fraîcheur. Les jeunes filles badass côtoient les colosses au coeur tendre. Le sang coule également à flot.
Entretien avec CROM, artiste iconoclaste.
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Avant de s’appeler « Crom », à quoi ressemblait vos œuvres ?
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Mon travail a toujours été en constante évolution et vous pouvez vraiment le voir quand vous regardez mes bandes dessinées auto-publiées (Golden Campaign). J’ai aussi traversé une phase assez mièvre à un moment donné. C’est arrivé lors de mes études d’université, ce qui semble un peu bizarre lorsque j’y pense. Tout cela fait partie du processus.
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Comment avez-vous rencontré Daniel Freedman ? Pourquoi est-il le scénariste parfait ?
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Nous avons pris contact par Internet. Daniel m’a envoyé un pitch pour les “Raiders”. L’idée m’a vraiment parlé – on aurait dit qu’elle avait été écrite pour moi. Daniel est quelqu’un qui met vraiment du cœur dans son travail. Cela parle aux gens et c’est pour ça que je pense que c’est un grand écrivain.
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Raiders, Birdking…. Vous trouvez de l’inspiration dans l’Héroic fantasy ? Y a-t-il également une part d’histoire (Médievale) ? [Vous semblez aimer les tableaux de Paolo Ucello]
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Oh! Oui! Comment le sais-tu ? Il existe un tableau de Paolo Ucello ici à Londres intitulé “La Bataille de San Romano” (1438-1456) et une version du même tableau à Paris.
J’aime ses chevaliers armés jusqu’aux dents et la façon dont Ucello peint les chevaux. Tous les aplats de couleurs et de textures rendent son travail fascinant. J’ai toujours adoré les images de chevaliers et d’épées depuis mon enfance. Des jeux comme Dark Souls m’ont également permis de passer à un niveau supérieur.
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Quelle est l’influence d’Akira Kurosawa (et du cinéma en général) dans votre œuvre ?
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Mec, tu as vraiment fait tes devoirs ! Le cinéma occupe en effet une grande place dans mon travail et quand je regarde un film que j’aime, il reste vraiment en moi. Kurosawa avait le don de raconter une histoire et ses compétences narratives sont quelque chose qui m’a toujours inspiré. “Les 7 samouraï” (1954) fait partie de mon top 5 de mes films préférés. J’ai aussi regardé “Starship Troopers” (1997) quand j’étais enfant et ça m’a époustouflé ! J’ai dessiné des bandes dessinées sur des soldats de l’espace pendant des mois.
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Dans “Birdking”, avec ses grosses cicatrices et sa coupe de cheveux badass, Bianca est une très jeune tueuse. Mais la voyez-vous tout de même comme une petite enfant ? Est-elle une nouvelle Jeanne d’Arc ?
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Oh, j’adore les parallèles que tu fais ! Bianca est avant tout une artiste qui cherche à atteindre son but tout en essayant de comprendre le monde qui l’entoure. Elle est courageuse, authentique et elle dit ce qu’elle pense. Elle est elle-même sans vergogne et c’est ce qui la rend géniale.
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Comment choisissez-vous les couleurs ? Est-ce une recherche sans fin (et étonnante) ? Les couleurs semblent absentes de vos carnets de croquis.
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Il est vrai que mes carnets de croquis sont avant tout un moyen pour moi de développer des tas d’idées et de pratiquer mon travail au trait. Mon processus de coloration manque de beaucoup de technique et de méthodologie, car je me fie simplement à mon intuition et à ce que je pense.
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Vos bandes dessinées sont-elles liées à votre travail de tatouage ou est-ce un concept différent ?
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Je ne pense pas qu’il y ait un lien (en tout cas au niveau conscient) mais je pense qu’au fil du temps il est inévitable qu’ils se nourrissent mutuellement. Ma première bande dessinée auto-publiée était entièrement consacrée aux tatouages et à ce qu’ils signifiaient pour les gens de ce monde. Par conséquent, je suppose que le lien entre mes bandes dessinées et mes tatouages a toujours été présent.
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Cachez-vous votre visage parce que votre masque est aussi une œuvre d’art ? Est-ce un « memento mori » [N’oublie pas que tu vas mourir] ou est-ce une véritable identité de vous-même ?
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J’aimerais te dire que cela a une signification profonde, une façon de regarder notre propre mortalité. En fait, j’aime juste les masques comme tout bon nerd qui a grandi avec des bandes dessinées où chacun cache son identité. J’ai toujours pensé que des artistes comme MF Doom et Daft Punk ont d’ailleurs un super style.
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Après avoir fabriqué des jouets, aimeriez-vous créer des jeux vidéo ?
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Bien sûr! Ce serait génial, mais en ce moment, j’aime surtout réaliser des bandes dessinées et jouer à des jeux vidéo.
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Vous souhaitez adapter les histoires de Conan le Cimmérien en bande dessinée ou vous préférez les histoires originales ?
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Les originaux écrits par Robert E. Howard sont géniaux. J’aimerais aussi avoir la chance d’essayer de recréer ce sentiment d’aventure et de granularité avec mon propre style.
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