Peuplé de légendes et de détails révélateurs mais discrets, le monde de cinéma est une ressource infinie. Les films cultes résonnent en nous des dizaines d’années après leur sortie. La saga Star wars, Indiana Jones ou encore Harry Potter restent encore de nos jours de véritables références et des coups de coeurs pour bon nombre de spectateurs.

Brian Muir est un artisan de ces légendes du cinéma. De par ses éléments du décor, il a su nous enchanter. Brian Muir est entre autres celui qui a assemblé l’allure de Dark Vador (de la tête aux pieds) tout comme il a sculpté l’Arche d’alliance du premier volet de la saga Indiana Jones.

Le 15 juin prochain, l’artiste britannique aura une master class à Lyon afin de présenter son travail. Entretien avec Brian Muir, façonneur d’imagination.

.
.
.
.

En 1968, à l’âge de 16 ans, vous débutez votre carrière de sculpteur/modeleur à Elstree Film Studio. Avez-vous rapidement apprécié l’expérience ?

.
.
.
.

Oui, je me suis senti très chanceux d’avoir l’opportunité de faire un apprentissage de 4 ans dans des studios de cinéma. Ce m’a permis de fréquenter le City and Guilds Art College de Londres. J’y ai étudié le dessin d’après nature, la sculpture d’après nature et la sculpture sur bois. En tant qu’élève, j’ai même pu réaliser des œuvres dans les studios. Certaines ont pu apparaître dans des films.

.
.
.
.

.
.
.
.

Même si tout est sous contrôle dans l’industrie du cinéma, avez-vous eu la possibilité d’apporter des choix personnels ?

.
.
.
.

Cela variait à chaque film. Certains décorateurs voulaient que je sculpte au plus près du concept art et d’autres ont laissé libre cours à mon interprétation.

.
.
.
.

En 1976, vous avez sculpté le casque de Dark Vador pour Star Wars à partir du dessin de Ralph McQuarrie. Comment avez-vous imaginé ce concept ?

.
.
.
.

J’ai également réalisé l’armure, qui comprenait l’armure de poitrine, les cloches d’épaule et les tibias. Je suis parti des peintures conceptuelles très détaillées de Ralph McQuarrie. Cependant, on ne m’a donné qu’un petit dessin ligné sous un angle, sans ombre ni suggestion de forme pour le masque et le casque. Il avait été exécuté par le costumier John Mollo. J’ai pu proposer une version plus détaillée avec comme base un casque militaire allemand de la Seconde Guerre mondiale. Pendant la pré-production, ma proposition a été montrée lors d’un ‘défilé de mode » à George Lucas qui l’a ensuite sélectionnée.

.
.
.
.

.
.
.
.

Quelles étaient vos références pour le casque du stormtrooper ?

.
.
.
.

Bien que j’aie dû sculpter toute l’armure du Stormtrooper toujours à partir du concept art de Ralph McQuarrie, j’ai pu apporter quelques modifications mineures afin de rendre de la rendre portable et pratique. Liz Moore a ensuite reçu le casque du Stormtrooper à sculpter pendant son séjour aux Pays-Bas.

.
.
.
.

Quelle est votre vision du grand Space Jockey dans « Alien » (1978). L’avez-vous sculpté (d’après le dessin de H.R. Giger) comme une menace ou une victime ?

.
.
.
.

La sculpture du Space Jockey est le fruit d’une collaboration entre le grand sculpteur Peter Voysey et moi-même. Giger avait imaginé conçu à l’aérographe 3 concepts ultra détaillés.  Le pilote était mort. Giger avait suggéré qu’il était fossilisé. Il avait donc fusionné avec son siège. Les deux éléments étaient devenus une seule et même forme. Pour cette figure, le mystère devait rester tout entier.

.
.
.
.

.
.
.
.

Vous avez sculpté des animaux, créé des décors, confectionné des masques (et même un costume de gorille) pour certains épisodes de James Bond et d’Harry Potter. En tant qu’Anglais, avez-vous aimé faire partie de ces films « nationaux » ?

.
.
.
.

Oui, j’étais heureux d’être impliqué dans des projets qui allaient faire date au Royaume-Uni et à l’étranger. C’est une joie d’entendre les fans me dire que mes sculptures font partie intégrante de leurs souvenirs d’enfance.

.
.
.
.

Les films d’Indiana Jones regorgent de mystères et de fantaisies. Il semble que l’Arche d’Alliance dans « Les Aventures de l’Arche perdue » (1981) ou le cœur qui continue de battre dans « Indiana Jones et le Temple maudit » (1984) ont été conçus avec grande minutie et sérieux. Est-ce vrai ?

.
.
.
.

Oui, lorsqu’on me demande de réaliser un travail, je le prends toujours au sérieux et j’utilise tout ce que j’ai appris au sein de l’industrie du cinéma.

.
.
.
.

.
.
.
.

Comment voyez-vous le cinéma d’aujourd’hui où la CGI est omniprésente ?

.
.
.
.

Je le répète sans cesse : la CGI est un formidable outil pour les cinéastes qui veulent aller au-delà de ce que propose le décor.

Tous ces effets ont leur place et s’améliorent avec le temps. Cependant, je pense que le cinéma aura toujours besoin des sculpteurs et des artisans. Les méthodes traditionnelles du cinéma ne vont pas disparaître.

PARTAGER