Tout juste diplômé en études d’architecture, le jeune Enzo intègre l’agence parisienne Xavier Nolan. Entre différences culturelles et intégration brusque dans le milieu professionnel, l’Italien se retrouve impliqué dans la « charrette » du concours du Musée d’Art Contemporain de Shanghai (MoCA). Malgré le rythme effréné de ce monde compétitif, ce sera pour Enzo une expérience incroyable qui lui permettra de tisser de liens d’amitié forts avec ses collègues, grâce à des nuits à l’agence et à la découverte de la ville lumière.

Mêlant fiction, faits réels et hommages en tout genre, la bande dessinée « Je suis Charette » surprend également par son esthétisme impeccable.

Entretien avec le dessinateur italien Danicollaterale
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Architecte de formation et de profession, pour quelles raisons avez-vous décidé de raconter votre expérience parisienne ? Pourquoi la bande dessinée ?

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L’expérience d’architecte dans un gros cabinet d’architecture internationale que j’ai eu la chance de vivre à Paris, me paraissait intéressante à raconter parce qu’assez unique même pour les architectes : peu ont la chance de rentrer dans ce type de cabinets dont on rêve qu’on n’est encore à l’école. Ce monde et ce travail d’architecte non conventionnel et méconnu pouvait également parler à des gens qui ne sont pas forcément dans la profession à travers des thématiques qui sont en commun avec la plupart de métiers créatifs ou avec une forte compétition interne.  

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Vous êtes-vous inspiré du graphique du jeu vidéo ?

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Le graphite du livre et la direction artistique en général s’inspirent à la façon de dessiner des architectes (style minimaliste, couleurs, hachures, etc.). Deux références au monde des jeux vidéo sont présentes dans le livre : la page de garde (inspiré du jeu vidéo en salle des années 80) et l’easter egg de Crash Bandicoot, un de mes jeux video préférés.

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Que pensez-vous de la place de la bande dessinée en Italie ?

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Malheureusement la BD en Italie n’a pas la même place qu’en France. Au niveau culturel elle est encore vue comme un pratique pour nerd ou une lecture pour des gens qui n’aiment pas lire. Avec l’explosion du phénomène Zerocalcare et la nouvelle vague des romans graphiques, le public commence à être plus vaste et l’offre aussi du coup. Par contre le marché est encore trop petit pour permettre aux auteurs de vivre de ça (sauf peu d’exceptions), mais je suis assez positif pour le futur.

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Que signifie votre pseudonyme Danicollaterale ?

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C’est un jeu de mot avec mon prénom (Daniele) et l’expression italienne « danni collaterali » (dommages collatéraux). L’idée était aussi celle de représenter le fil rouge de mes projets, comme de projets collatéraux, animé à chaque fois par un direction artistique et un style graphique différent, lié au contexte du projet.

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La ville de Paris est-elle un véritable personnage dans « Je suis Charrette » ?

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Le livre est pour moi un hommage à l’architecture, à l’art, à la beauté… et donc à Paris aussi, cette ville incroyable où je vis depuis 10 ans, source quotidienne d’inspiration.

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La ville, les couleurs, les schémas, même les cases sont remarquablement constituées. Avez-vous réalisé une œuvre maîtrisée du début à la fin ?

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Oui (rires). Rien n’a été laissé au hasard. Paroles d’architecte !

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Le nom de l’Agence, Xavier Nolan fait-il référence aux réalisateurs Xavier Dolan et Christopher Nolan ?

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Exactement, c’est un mélange des deux. Je voulais un nom qu’on avait l’impression de connaître une célébrité.

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« Je suis Charrette » est tiré de faits réels. Avez-vous tout de même voulu intégrer de la fantaisie ?

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Oui bien sûr. L’histoire n’est pas un documentaire, les personnages et l’agence sont invités. JE suis parti d’une base des événements réels qui se sont passés soit à moi-même soit à des amis architectes pour construire une histoire réaliste mais de fiction.

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« Je suis Charrette » traite également de la dynamique de groupe, de la compétitivité voire de la rivalité. Est-ce aussi un livre pédagogique pour les jeunes architectes ?

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Je pense que ces thermiques peuvent parler à n’importe quelle personne qui travaille ou a travaillé dans des bureaux avec des collègues. Les séries télé « The office », « Boris » ou le film  » Le diable s’habille en Prada » (2006) en sont un exemple. 

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Vous vivez à Paris depuis 10 ans. Êtes-vous à vivre en France encore 10 ans ?

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Si je pouvais choisir, je changerais chaque année de pays !

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