Depuis notre enfance, les contes nous accompagnent. Belles histoires qui débutent par le fameux « Il était une fois… », ils sont également des avertissements sur les dangers et obstacles potentiels. Le Petit Chaperon rouge qui traverse la forêt pour rendre visite à sa mère-grand va faire la rencontre du grand méchant loup. Qui aurait penser que les deux pourraient à nouveau se croiser en milieu urbain?

C’est l’idée de deux artistes parisiens de continuer l’histoire dans un registre plus moderne et via le street art. Little Chaperon rouge et Loup y es-tu ? s’affichent sur les murs des villes et nous content une autre partie : Celle de l’amitié.

Le style est percutant et joyeux. Parfois le chaperon est seule parfois le loup l’accompagne. Le street art est décidément plein de surprises.
Entretien avec Little Chaperon rouge.

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Quel est votre rapport avec le street art ?

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Il est très récent. J’étais en lien avec le street artiste Loup-y-es-tu ?. Nous sommes amis depuis des années. Il m’est arrivé de l’accompagner lorsqu’il peignait dans les rues de Paris. Je faisais le guet mais rien d’autre.

Pendant le confinement, il m’a proposé de peindre ensemble. Nous voulions raconter une histoire. J’ai eu l’idée de ce chaperon qui n’est pas le petit chaperon rouge. Ils sont liés mais, comme une descendante du véritable personnage de conte, mon personnage fait partie de notre époque. Le chaperon se balade dans nos rues, elle rencontre alors le loup, elle n’a pas peur de lui et ils deviennent amis. Contrairement au conte, il n’y a aucune animosité entre eux.

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Chaperon est dévêtue et a le visage caché. Qui est-elle ?

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Je n’ai pas voulu vraiment définir un personnage précis – c’est pour cette raison qu’on ne voit pas son visage. Toute personne peut s’identifier au Chaperon.

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Le blanc, le noir et le rouge sont-ils des codes ?

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J’aime ce qui est synthétique. Par conséquent, je ne veux pas ajouter de couleurs supplémentaires. Alors que loup-y-es-tu ? peint, au pinceau et à l’encre, un grand nombre de détails dans ses œuvres, j’aime proposer une certaine simplicité.

Dès la première œuvre, celui de la rencontre entre Chaperon et le Loup, j’ai aimé ce blanc simple. La couleur rouge en ressort d’autant plus et cela devient un signe reconnaissable ?

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Chaque réalisation prend du temps ?

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Cela prenait du temps. A présent, j’ai un rythme de croisière où j’arrive à voir ce qui est essentiel.

Avec loup-y-es-tu ?, nous travaillons dans l’atelier puis nous collons avec une certaine rapidité. Chacun sait ce qu’il doit faire et nous ne refusons jamais les idées de l’autre.

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Le 20ème arrondissement est-il un lieu à part ?

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C’est mon lieu de vie. J’aime revoir mes œuvres sur le chemin du travail. Il m’arrive même de corriger ce qui a été abîmé ou décollé. Ceci dit je n’insiste pas trop parce qu’une fois dans la rue, ça ne m’appartient plus, je n’ai pas à retoucher finalement. Mais comme nous collons toujours des originaux et jamais de prints, cela nous fait un peu mal au cœur. C’est le jeu malgré tout.

Avec un collectif d’artistes, j’ai réalisé des jeux de piste dans le 20ème.

Je colle également ailleurs au gré de mes déplacements quand je pense qu’il y a une certaine tolérance– notamment à Lisbonne, Marseille récemment avec le collectif. Dès que je vois qu’il est possible de coller, je n’hésite pas.

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Que représente la culotte ?

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Le Chaperon porte une culotte parce qu’elle est une petite fille qui joue et qu’elle est probablement à l’aise en culotte, la question n’a pas à se poser. Même si cette question revient souvent, j’essaye de l’ignorer car la réponse n’est pas intéressante.Qu’on la laisse tranquille avec sa culotte.

Lors de nos premiers collages, quelqu’un avait écrit un commentaire sur Facebook qu’il s’agissait d’œuvres pédophiles. Le Loup voulait poster une réponse cinglante. Je lui ai dit de ne rien faire. A partir du moment où l’art est dans la rue, il ne nous appartient plus. Tout naturellement, d’autres personnes ont pris la défense du chaperon sur Facebook. Elles avaient compris notre démarche. 

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Quelle est la réaction des passants ?

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Au départ, nous collions la nuit. J’avais peur d’être alpaguée et de recevoir des commentaires négatifs. D’une manière générale je préfère rester discrète. D’autre part je n’aime pas expliquer, en général c’est le loup qui discute avec les gens, moi j’évite un peu. Puis, nous avons collé une fois en pleine après-midi. Les passants étaient ravis de pouvoir échanger avec les artistes qu’ils aimaient. Nous avons réalisé que les gens du quartier se sont attachés au chaperon et au loup. Les réactions sont plutôt sympathiques et c’est très agréable pour nous.
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La mère-grand et le chasseur auront-ils leur place ?

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Loup-y-es-tu ? a déjà réalisé des interactions avec le chasseur et une grand-mère dans ses illustrations.

Pour ma part la Mère-grand est en projet ; elle serait le véritable Chaperon rouge et mon personnage sa petite fille. J’aime imaginer une transmission entre elles qui participerait d’un apprentissage de la liberté, du courage et de ne pas avoir peur de la vie, d’où cette amitié avec le loup. Finalement cette rencontre avec le loup serait une façon de mettre en pratique les leçons de cette grand-mère qui a su braver les dangers de la forêt. La ville étant la forêt de mon chaperon.

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Quels sont vos projets ?

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Cela fait longtemps que nous n’avons réalisé de collage. J’ai envie de peindre le chaperon mais j’aime prend mon temps. Chaperon pourrait rencontrer d’autres animaux.

Bien sûr elle va vivre d’autres aventures avec son ami le loup.

J’ai également envie d’essayer le pochoir.

J’ai le projet de continuer à travailler avec le collectif d’artistes, nous venons de partout en France. Après les Rois et Reines du jeu de cartes et les dieux de l’Olympe dans le quartier Belleville/Ménilmontant,  nous avons collé une série inspirée du tarot Marseillais à Marseille.cette expérience est très enrichissante, je rencontre beaucoup d’artistes.

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