Par sa richesse et sa multiplicité, la culture pop reste un univers incontournable de nos jours. Par un simple aperçu, beaucoup d’entre nous arrivent à identifier une figure (même anecdotique) d’un film ou d’une série. Les tortues ninjas, Alien, Freddy Kruger, Dracula, Ulysse 31, Jon Snow, Michael Myers,… Nous les connaissons (et nous les aimons).
Avec un talent certain, Jean-Alexandre Brianchon (fondateur de Yellowmade) retranscrit ces icônes pop en dessins sur Instagram. Et le projet ne fait que commencer.
Entretien avec du pop corn.
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Quelle est la place du dessin dans votre vie ?
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C’est l’ordre de la passion. Travaillant dans le domaine de la communication, cela fait également partie de mon métier. Il m’arrive souvent d’avoir des demandes très farfelues ou très différentes de mon brief de départ. Le dessin est un repère. Par conséquent, je dessine tous les jours depuis mon enfance.
Par contre, je n’ai pas de démarche construite. J’adorerais réaliser une bande dessinée un jour mais pour l’instant, je travaille mon style graphique. J’utilise les réseaux sociaux afin de tester des choses et d’avoir un public. Je dessine avant tout des personnages de mon enfance, ceux que j’aime. Ainsi, j’échange avec d’autres.
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Utilisation de couleurs pastelles, présentation des personnages assez old school,… Est-ce un dessin teinté de nostalgie ?
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De tel dessin sur un papier demande du temps, une certaine technicité et un grand talent du trait. L’outil informatique permet beaucoup de choses. Même si je regrette le trait trop lisse – cela rend le travail assez impersonnel. Je veux retrouver de la chaleur en rajoutant de la texture papier via photoshop.
Mon thème étant la nostalgie, j’ai fait le choix des couleurs pastelles vintage. C’est un trait efficace car il me permet d’avoir une production quotidienne malgré mes obligations professionnelles et familiales.
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Y’a-t-il un côté vignette ?
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Oui. J’aimais beaucoup les vignettes Panini. Dès l’enfance, il y a ce côté collecte. Cela ne m’a pas quitté. Etant collectionneur de figurines, d’une certaine manière, je suis atteint du syndrome de Peter Pan [ce qui correspond au refus de grandir]. Je tente de préserver mes passions d’enfance autour de moi.
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Est-ce le côté technique qui vous plaît le plus (architecture, animation, croquis) ?
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Je suis très exigeant avec moi-même. Il est parfois douloureux d’être satisfait de mon propre travail. Je me remets sans cesse en question. J’apprécie plus l’exercice après que le dessin aux bonnes proportions est réalisé. Au moment de l’ancrage, le temps où mon esquisse est posée et où j’applique la couleur, je me mets à apprécier mon travail.
J’ai moins de stress lorsque je publie mon dessin. C’est même au contraire libérateur.
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Le robot est-il le personnage qui donne le plus de liberté de création ?
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Techniquement, j’ai des difficultés à le dessiner. Les formes organiques permettent à l’artiste d’arrondir le trait. Le trait du robot existe avec les angles. Je mets beaucoup de temps à le réaliser.
Le robot est une figure fascinante pour moi. A tel point que je cherche à réaliser des personnages en 3D.
J’ai notamment été marqué par le dessin animé « Le Géant de fer » de Brad Bird (1999). Sans prononcer une seule phrase et malgré son apparence, le robot communique une réelle tendresse.
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Pourquoi le monstre est-il fascinant ?
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C’est la part sombre de la société. Il s’agit d’une figure qui fascine car il véhicule plus d’émotions que le héros, personnage bien souvent trop lisse. Quand la morale changera, ce dernier ne sera plus d’actualité. Le monstre, quant à lui, est intemporel. Le Joker est un très bel exemple. J’ai adoré le film de Todd Philips (2019).
Même en tant que dessin, comme étant une figure souvent grossière, il est très agréable de dessiner le monstre. C’est libérateur car il n’y pas de limites.
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Vous dépeignez les héros d’hier mais également les modernes. Font-ils partie du grand ensemble de la culture pop ?
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C’est avant tout un chalenge personnel. Même si j’apprécie beaucoup le classique, je suis baigné de pop culture. Il s’agit d’un genre rassurant et très accessible. Grâce à la pop culture, j’ai pu me mettre en contact avec des personnes du monde entier. Nos cultures sont différentes et pourtant tout cela nous a rassemblés. La pop culture a un côté universaliste. Je suis extrêmement touché de recevoir des messages sur Instagram.
J’adore retrouver le petit détail que tout le monde a oublié d’un personnage et qui ressort brusquement via mon dessin. « Les Motards de l’espace » (1993-1996), une série animée inspirée des tortues ninjas ou encore Widget l’extraterrestre sont passés aux oubliettes. Le simple fait de les dessiner déclenche une émotion. C’est surtout durant ces moments-là que je reçois le plus de messages privés.
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Il y a les tortues ninjas, le Joker, le Dracula de Coppola, le géant de fer, Han Solo, Alien, Hannibal Lecter,… le fantastique et l’horreur ont une place à part pour vous ?
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Enfant, je refusais la réalité. Il n’était pas acceptable pour moi de se dire que nous n’avions plus rien à découvrir. Même si je suis devenu une personne cartésienne, je conserve une certaine imaginaire qui vient de mon enfance. Je ne perdrai jamais cette âme. A l’exception du Chiffre du film « Casino Royale » (2006) – qui est un personnage qui me fascine, j’ai une préférence pour les figures de science-fiction et de la fantaisie. Elles m’invitent au voyage.
J’avais même pensé réaliser des séries du seul et même personnage comme le Dracula de Coppola mais j’ai renoncé car je ne veux pas m’enfermer dans un domaine.
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Y’a-t-il des dessins difficiles à réaliser ?
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J’espère dessiner davantage des femmes. Je n’arrive pas encore à représenter la grâce et la beauté dans le physique féminin. J’ai longtemps dessiné les femmes avec de grosses cuisses.
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Quels sont vos projets ?
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Je veux mélanger plaisir, épanouissement et travail. Je pense que le monde du divertissement pourrait me proposer cette option.
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