Coiffé de son fédora et son fouet attaché à la ceinture, Indiana Jones est indiscutablement un héros populaire du cinéma américain. Après 4 aventures sur le grand écran, une série à la télévision, des romans et des jeux vidéo, Harrison Ford sera à nouveau au cinéma en 2023 sous la direction du réalisateur James Mangold.

Henry Jones Jr. est né de la complicité de George Lucas et de Steven Spielberg. Créateurs de génie, ils ont su avec leur personnage réaliser de formidables aventures qui sont encore de nos jours de véritables références cinématographiques.

Comment peut-on expliquer une telle longévité ? Indy a-t-il à présent sa place dans un musée ?

Entretien avec Romain Dasnoy, auteur du livre « Indiana Jones : Explorateur des Temps passés« .

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Plus de 40 ans après la sortie du premier volet « Les Aventuriers de l’Arche perdue », pour quelles raisons le personnage d’Indiana Jones reste encore de nos jours une véritable icône de la pop culture ?

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C’est l’une des choses les plus intéressantes, et les plus difficiles à expliquer. Par exemple, Indiana Jones reste en tête des votes du sondage récurrent d’Empire Magazine qui demande régulièrement à ses lecteurs de choisir les plus grands héros de notre époque. Les premiers ont toujours de l’actualité. Batman, Iron Man, James Bond. Mais Indiana Jones arrive toujours premier, sans actualité, et même avec un quatrième film mal-aimé. Pour moi, Indiana Jones est un personnage qui a été tellement iconisé par ses créateurs qu’il dépasse tout autre considération. Il n’y a que quatre films (et seulement trois pendant près de 20 ans), et le grand public ne connait pas ou peu l’univers étendu, mais il a une aura bien plus développée que n’importe quel héros de la pop-culture. Mécaniquement déjà, les films ont eu un énorme succès en salles et en home vidéo avec des records de ventes, ce qui l’a aidé à s’imposer dans les esprits en infusant sa présence durablement dans les foyers. Puis il contient tout ce que le public est susceptible d’aimer. Indiana Jones est beau, élégant, fort, intelligent, il parle plusieurs langues, est professeur, archéologue et aventurier, il combat le mal et trouve des trésors légendaires, et il est même drôle en étant gaffeur avec ce petit côté imparfait qui ne fait pas de lui un super-héros pour autant. Et, contrairement à James Bond, le fait qu’Harrison Ford n’ait jamais été remplacé (sauf pour la série), fait qu’Indiana Jones est bien plus identifié comme un héros unique, qui accompagne le public de génération en génération.

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Les inspirations d’Indiana Jones se retrouvent-elles davantage dans le vieux cinéma et les séries télé des années 50 plutôt que dans l’histoire archéologique ?

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Les inspirations sont multiples. George Lucas a de véritables flashs le concernant. Il voit Humphrey Bogart en costume de ville avec son chapeau fédora dans « Casablanca » (1942), Charlton Heston avec son costume d’aventurier et sa veste en cuir dans « Le Secret des Incas » (1954), Zorro dans sa version serials de 1937 avec son fouet, et même des héros de pulp comme Doc Savage et Don Winslow. Le propre d’Indiana Jones, c’est de ne pas avoir d’inspiration précise ou unique, mais d’être une véritable synthèse de la pop-culture du siècle passé. À cela, Steven Spielberg va ajouter beaucoup de ses idées de mise en scène, d’icônisation du héros, avec un travail sur le cadre, la lumière et bien sûr sur d’autres éléments jouant un rôle véritable sur l’impact du héros à l’image, comme sa musique et la direction/jeu d’acteur pour Harrison Ford. Mais si on peut faire des parallèles avec l’histoire et l’archéologie, Indiana Jones n’a a priori aucune inspiration du monde réel, en tout cas Lucas et Spielberg n’en n’ont jamais parlé dans les brainstormings privés de 1978 rendus publiques.

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Indiana Jones est-il le héros parfait pour George Lucas ? Steven Spielberg a-t-il réalisé avec la saga Indiana Jones sa vision de James Bond ?

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Indiana Jones est en effet un héros de rêve, selon ses propres termes, pour George Lucas. Cela parait évident de nos jours, mais en créant cette « évidence » à la fin des années 70, Lucas a fait quelque chose de très important en réfléchissant à sa propre culture passée, et même en allant puiser dans la culture d’avant sa naissance, pour en tirer quelque chose de nouveau. On peut presque dire que la pop-culture est née dans cette période (incluant la saga Star Wars), quand cette culture du comics, du pulp et du cinéma, est devenu si important qu’elle pouvait représenter l’essentiel voire l’intégralité de la culture d’une personne. George Lucas et Steven Spielberg sont des enfants directs de la pop-culture, et vont la mettre en perspective avec leurs inspirations et leur temps. En quelque sorte, Indiana Jones symbolise tout cela.

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Le titre « Les Aventuriers de l’Arche perdue » (1981) prouve-t-il qu’Indiana Jones partage la vedette avec Marion Ravenwood, véritable femme forte ?

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J’aime beaucoup le titre anglais car il ne veut pas dire la même chose : « Raiders » (et non « Adventurers ») renvoie plutôt à des voleurs, des pilleurs. N’oublions pas qu’Indiana Jones est un « Tomb Raider » (« pilleur de tombe ») en puissance, comme on le voit dans le début du film ! il veut récupérer l’Arche non pas pour contrer les nazis (la Seconde Guerre mondiale n’a pas encore débutée), mais plutôt pour la gloire, et Marcus Brody la veut pour son musée, ça ne fait pas d’eux des aventuriers, mais vraiment des voleurs d’un trésor national qui ne leur appartient pas, et de ce point de vue uniquement, sur le papier ils ne sont pas meilleurs que les nazis. Et en réalité, le titre renvoie à Indiana Jones et Marion, mais aussi à René Belloq et aux nazis. C’est une course du bien contre le mal, illustré par un trésor à gagner. Dans sa formule, c’est extrêmement simple et pas très original, et le titre original est un parfait résumé. Pour répondre à la question sous-jacente, Marion reste un faire-valoir dans le film, elle est une sorte de trophée que se disputent Jones et Belloq, mais elle n’en reste pas moins un personnage très intéressant, celle d’une femme forte qui tient tête aux hommes et sait se battre, même si on ne peut pas vraiment dire qu’elle partage la vedette.

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Les Nazis sont-ils les protagonistes parfaits selon vous ?

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Ils le sont pour plusieurs raisons. Déjà, ils sont évidents à la cette période de l’histoire du vingtième siècle, et sont déjà très présents dans la pop-culture américaine comme avec le militaire Don Winslow dont les aventures se déroulent durant la Seconde Guerre mondiale. D’autre part évidemment, les nazis sont à l’origine d’une des plus terribles génocides de l’histoire humaine, l’idée que l’on se fait spontanément d’eux est sans équivoque. Puis il y a cette idée qu’Adolf Hitler avait un penchant pour l’occultisme, l’art et les religions, ce qui cadre très bien avec les pouvoirs supposés de l’Arche d’Alliance qui, s’ils tombaient entres ses mains, seraient une catastrophe pour l’humanité.

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Les films d’Indiana Jones sont-ils avant tout des pastiches plutôt que des films d’aventure pure ?

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Il n’y a aucun sérieux dans Indiana Jones. Steven Spielberg s’en défendait même en parlant de « film pop-corn », ce que certains reprochent au MCU. Certes, le MCU n’a pas la qualité d’exécution de Spielberg, ce n’est pas ce que je dis… mais clairement, le niveau est largement un cran au-dessous des conteurs comme David Lean. Indiana Jones n’est pas un pastiche, c’est un hommage, ni plus ni moins. Quand je dis qu’il n’y a pas de sérieux, il faut bien comprendre ce que ça veut dire : oui, il y a de belles séquences et des moments forts dans Indiana Jones, comme la Map Room dans Raiders, les enfants esclaves du deuxième ou la dimension filiale et religieuse du troisième, mais on ne verse jamais dans la comédie dramatique ou la dimension historique, les séquences sont courtes, alternent avec de véritables moments d’humour, et vont surtout très très vite. C’est exactement ce qui a été reproché au quatrième film, pourtant il ne dénote pas d’une virgule avec au moins les deux premiers films.

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Le deuxième film, « Indiana Jones et le Temple maudit » (1984), se déroule avant « Les Aventuriers de l’Arche perdue ». Est-ce une façon de ne pas figer le héros dans le temps ?

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C’est plutôt une façon de ne pas être tenté de faire comme avec Star Wars ou les serials (les ancêtres des séries télévisées, diffusés au cinéma). Indiana Jones se devait d’avoir sa propre formule, avec des épisodes stand-alone, sans l’aspect feuilletonnant. Cela permet une grande souplesse, d’avoir d’autres personnages sans chercher à faire raccorder les histoires, puis il faut bien voir qu’au départ, George Lucas voulait faire ses neuf films Star Wars sous quelques années, et c’était pareil pour Indiana Jones. À peine au milieu des années 1980, il a changé de stratégie. Nous aurions dû avoir plus de films, plus de mélanges dans la timeline, et une dimension intemporelle et interchangeable des évènements, comme le font les univers pulp qui avaient déjà recourt à des épisodes reboot, des changements d’incarnations comme Zorro, voire des développements extérieurs, chose qu’il fera toutefois avec l’univers étendu, avec un peu d’hésitation quand même.

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Le film est-il trop sombre selon vous (parallèle avec « L’Empire contre-attaque » – 1980) ?

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Le film dénote clairement avec le premier opus, ce qui lui a aussi valu les foudres des fans de l’époque. Mais au-delà de son aspect sombre, c’est plutôt la manière dont l’héroïsme change. Indiana Jones devient un mâle alpha qui prend « de force » son trophée à la fin (la jeune femme, faute de véritable trésor), il se vautre dans une représentation éculée du sauveur blanc, à affaire avec des indiens qui sont représentés de manière très arriérée, puis on lui colle un jeune garçon qui imite ses faits et gestes et une sorte de femme fatale qui se casse des ongles et hurle dans la jungle, aux antipodes de Marion. Ici, George Lucas fait quelque chose de vraiment stupide à mon sens, à l’image plutôt de Return of the Jedi : il caractérise les personnages de la manière dont il pense que son public est caractérisé. Demi-Lune symbolise sa jeune audience fan d’Indiana Jones qui joue à lui ressembler, Indiana Jones symbolise grossièrement une masculinité caricaturale qui doit se reconnaitre ou s’identifier au héros (Harrison Ford fait même de la musculation pour le rôle) et évidemment Willie Scott renvoie à un rôle féminin de faire-valoir total, transformé en récompense ultra-sexualisée pour le héros. Le tout, avec une sorte de reconstitution de la cellule familiale, cible prioritaire. Sauf que le film est sombre et violent, et s’il cartonne au box-office, les critiques sont terribles. Et d’ailleurs, Spielberg regretta ce film, je pense encore aujourd’hui, en tout cas de la manière dont certaines choses ont été faite.

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Avec la relation père-fils, « Indiana Jones et la Dernière croisade » (1989) est-il le film de la saga le plus personnel pour Steven Spielberg ?

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Il est le plus personnel surtout pour Lucas, car n’oublions pas que Spielberg n’est pas scénariste même s’il amène beaucoup d’idées. C’est surtout le film de la maturité. Les deux cinéastes vont enclencher alors la seconde période de leur carrière respective, et cela va mener Spielberg directement à « Jurassic Park » (1993) certes, mais surtout à la confirmation de son cinéma « alternatif » comme « Schindler’s List » (1993), après des essais avec « The Color Purple » (1985) ou « Empire of the Sun » (1987), mal compris de la presse comme du public. Du coup on peut voir « Last Crusade » comme un film charnière de leur cinéma personnel, alors que Raiders était plutôt un film charnière de la transformation de l’industrie avec Star Wars et la « nouvelle vague » de la fin des années 1970. Dans ce film, Indiana Jones est plus posé, plus intellectuel et bien sûr plus introspectif. On a évidemment de belles scènes d’action, mais ce n’est pas ce que l’on retient le plus. On se rappelle plutôt de son enfance quand il est scout, de la séquence à Venise avec le tombeau (alors qu’il ne porte pas son costume d’aventurier) ou encore des épreuves de la foi à la fin du film. C’était une transition parfaite pour faire d’Indiana Jones un aventurier vieillissant qui avait « autre chose » à faire et raconter, comme ses créateurs…

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Les films Indiana Jones sont-ils les parfaits exemples du concept du MacGuffin ?

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C’est un concept qui a connu une évolution intéressante, puisqu’il était souvent associé à un objet à récupérer, qui lançait l’impulsion de départ, mais qui était abandonné en cours de route pour révéler autre chose. En tout cas, c’était l’idée que s’en faisaient tout un tas de cinéastes auprès d’Alfred Hitchcock. Lucas et Spielberg parlent de MacGuffin comme si le concept était toujours central, mais même eux vont s’amuser à le dissimuler par la suite, ou le rendre moins important pour l’histoire au fur et à mesure, comme c’est le cas du Graal, alors que l’Arche d’Alliance ou les pierres de Sankara ont une importante capitale jusqu’à la fin. Je ne pense pas qu’il y ait des exemples parfaits du MacGuffin, mais pour expliquer son concept, rien de tel que de prendre Indiana Jones en exemple (mais aussi le Seigneur des Anneaux, par exemple).

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La série « Les Aventures du Jeune Indiana Jones » (1992-1993) apporte-t-elle plus du contenu au personnage ?

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De manière générale, l’univers étendu apporte énormément au personnage. Même quand ils sont de qualité moyenne, les romans, les jeux, les comics et donc la série, sont plus ou moins chapeautés par Lucasfilm et forcément, le personnage s’étoffe beaucoup à chaque aventure, et on a de très belles surprises. Il est vrai que la série excelle totalement dans l’exercice. Déjà, elle est parfaitement écrite, produite, réalisée, mise en musique. C’est une claque à tous les niveaux, c’est de loin l’une de mes séries préférées et cela n’a rien à voir avec mon amour pour Indiana Jones. Mais surtout, on voit la marque de « Last Crusade » dans la série pour Lucas. Le héros est désormais à la rencontre de l’Histoire, il voyage, il apprend des langues, il croise des civilisations, des personnes illustres de son époque, se bat lors de la Première Guerre mondiale, apprend l’amour, l’amitié, la haine et le désespoir. C’est une série absolument magnifique qui est au moins aussi importante que les trois premiers films pour le personnage, sinon plus sous de nombreux aspects.

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Comment John Williams a-t-il composé les différentes musiques des films ?

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John Williams a une grande culture musicale et a lui-même commencé très tôt dans les années 1950. Il connait donc la senteur qu’il fallait apporter à Indiana Jones. Pour le thème, il a composé deux mélodies qui ont tellement plu à Spielberg qu’il les a gardées toutes les deux ! Pour le reste, il faut savoir que Williams ne lit jamais les scénarios, et seulement quelques semaines avant l’enregistrement et quelques mois avant la sortie, sa musique est donc montée au dernier moment. Il y a pas mal de passages synchronisés, et il y a une grande réflexion sur les motifs, qui sont assez nombreux même si moins que sur Star Wars. Il y a donc une réelle réflexion sur la musique et son impact sur les images, et là aussi, sous couvert d’une formule « pop-corn », les films dévoilent une construction pensée et complexe par moment. La scène d’introduction de « Last Crusade » est un prodige absolu, avec des points de synchronisation entre l’image et la musique, avec ses propres thèmes et une orchestration d’une qualité sidérante. Ce n’est pas des choses que l’on reverra vraiment au cinéma avant la prélogie Star Wars et Le « Seigneur des Anneaux » d’Howard Shore.

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L’accueil très mitigé d’ « Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal » (2008) peut-il s’expliquer par le fait que le public ne souhaitait pas voir un héros abimé par le temps ?

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Il y a plusieurs raisons qui sont assez complexes à expliquer, alors que le film est loin d’être si mauvais, et est même très bon selon moi. « Crystal Skull » a évidemment des défauts, je ne dis pas que c’est un film parfait, que cela soit entendu. D’une part, on reproche au film de faire ce qu’il n’aurait pas dû faire : parler d’Aliens, avec de la CGI. Je trouve ça curieux. Un auteur fait ce qu’il veut, non ? Dans une époque où les « fans » dictent ce que les auteurs doivent faire, George Lucas a dit non. Il a fait Star Wars et Indiana Jones comme il le souhaitait, toujours. Et il fait des erreurs, je suis le premier à les pointer sur « Temple of Doom », mais c’est sa vision et je la respecte, et d’ailleurs j’aime quand même « Temple of Doom » car c’est aussi un pastiche, un pur produit pulp. « Crystal Skull » c’est pareil. En 1936, Indiana Jones est contre les nazis pour trouver l’Arche d’Alliance à une époque où les fouilles en Égypte étaient d’actualité ; en 1935, il est dans les Indes Anglaises contre les thugs ; en 1957, c’est la guerre froide, il n’y a plus de nazis et l’actualité c’est Roswell et l’immense vague d’observation des OVNI partout dans le monde. Lucas a fait du Lucas, il aime l’Histoire et le fantastique, Indiana Jones n’a jamais été autre chose. Le film comporte plein d’effets pratiques, et même plus longs et plus impressionnants que les trois précédents films, mais on s’arrête sur quelques effets de CGI dont certains présentent des caractéristiques voulues pour faire écho aux productions des années 1950 et 1960. Sauf que le film a été moqué, puis singé, jusqu’à devenir un mème d’Internet. Aujourd’hui, je ne compte plus les gens qui n’ont pas vu « Crystal Skull » mais qui sont convaincus que le film est mauvais, à cause de sa réputation faite de sarcasmes. Défendre ce film me vaut régulièrement des moqueries ou des attaques plus frontales et gratuites sur les réseaux sociaux. Alors bien sûr, on peut ne pas aimer ce film, ce n’est pas mon propos. Mais pour répondre, je pense que oui, « Crystal Skull » subit le simple fait qu’il n’est pas raccord avec l’image que la plupart en ont : un héros figé dans le temps, dans son époque, dans une représentation fantasmée de ce qu’ « il devrait » être, et cela passe aussi par l’âge d’Harrison Ford. Et au-delà du fait que l’on peut ne pas aimer le film pour plein de raisons valables, les raisons invoquées sont souvent les mêmes : les choix artistiques de Lucas et Spielberg sont refusés. Et avec ça, la notion même de vision d’auteur, même quand l’auteur, ce qui est le cas de Lucas, adapte sa vision à un impératif marketing (ce qui n’est toutefois pas du cas de « Crystal Skull »).

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Les jeux vidéo Indiana Jones ont-ils été de bonnes adaptations selon vous ?

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Il y a une bonne adaptation qui est le Graphic Adventure de Last Crusade (1989), qui non seulement est un bon jeu, mais aussi une bonne adaptation dans le sens où il s’adapte totalement au médium qu’est le jeu vidéo. Le jeu apporte des éléments que l’on n’a pas dans le film, comme la fameuse énigme de la bibliothèque de Venise, qui est plus longue, plus complexe, et sacrément bien pensée. Les jeux suivants sont originaux, on ne parle donc pas d’adaptation, mais ils sont souvent de très bon niveau, le meilleur reste le Graphic Adventure de l’Atlantide (1993), qui aurait vraiment mérité une adaptation cinéma, pour le coup. Enfin, les épisodes plus récents, des jeux en 3D, sont à l’époque du niveau de Tomb Raider et il est très dommage que cela n’ait jamais continué pour offrir de vraies suites aux aventures d’Indiana Jones comme l’a fait par la suite Naughty Dog avec Uncharted. Et je pense encore que l’un des sérieux avenirs de la licence est le jeu vidéo.

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Qu’attendez-vous du prochain volet réalisé par James Mangold ?

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Qu’il ne cherche pas à faire trop de fan service. Je ne veux pas d’un Ke Quan [Interprète de Demi-lune] ou John Rhys-Davies [Interprète de Sallah] pour faire coucou à la fin, juste pour dire aux fans « eh vous avez vu, on pense à vous ! », ce que les « fans » applaudiront alors que ça n’aurait aucun sens. A priori, je verrais bien Mangold et Jez Butterworth (scénariste) prendre comme élément central le fait que cet Indiana Jones est le dernier d’Harrison Ford et John Williams, mais aussi symboliquement le dernier de Lucas et Spielberg qui ont initié le projet (ce dernier reste d’ailleurs producteur, et je doute qu’il fasse quoi que ce soit sans demander son avis à son ami Lucas…), et au-delà de tout, c’est aussi une sacré étape pour Hollywood et pour nous, spectateur. Il y aura un avant/après Indiana Jones 5, à n’en pas douter. Je pense que Mangold va jouer les métaphores sur tout ça. Le nouvel Hollywood des années 1970 vs. le nouvel Hollywood des années 2020, le tout dans la période des années 1960/1970 pour Indiana Jones. On arriverait presque à un paradoxe, puisqu’en 1981, Indiana Jones aurait 82 ans et pourrait aller voir ses propres aventures au cinéma (dans la série, on sait qu’il vit au moins jusqu’en 1993). Je pense qu’il y a quelque chose de très intelligent à faire avec tout ça, et j’espère vraiment qu’ils y arriveront et que les « fans » accepteront l’idée sans la tourner en dérision car Harrison Ford est vieux.  

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