« Le sommeil de la raison engendre des monstres » écrivait le peintre de génie Francisco de Goya. La réalité est d’autant plus monstrueuse car contrairement à la fiction les faits se sont bien déroulés. Tout peut arriver. Le fait divers sordide ne vient pas de l’esprit d’un écrivain ou d’un réalisateur – il est une anomalie de nos sociétés. 

« L’Appât » (1990), « Tout, tout de suite » (2016) [qui relate l’affaire Ilan Halimi], ou encore « Les Djihadistes aussi ont des peines de cœur » (2021) sont les écrits de l’auteur Morgan Sportès. Ces histoires relatent les crimes et châtiments de jeunes désœuvrés, tantôt séduits par l’appât du gain ou par l’islamisme le plus radical. 

La vie de Morgan Sportès est elle-même tout aussi passionnante. De l’Algérie à la Thaïlande, en passant par les couloirs des palais de justice français, l’écrivain a toujours eu le souhait de raconter sa vision des faits.

Entretien.

 

 

 

Vos livres sont-ils des hommages à la réalité –  celle qui est plus étrange que la fiction ?

 

 

« Le réel, c’est ce à quoi on se cogne ! » disait jadis Jacques Lacan. Je suis maso. J’ai besoin régulièrement d’aller « au charbon ». Cela a été le cas quand j’ai publié l’APPÂT en 1990 (affaire criminelle datant de 1984) ; puis TOUT, TOUT DE SUITE en 2011 et mon dernier livre paru LES DJIHADISTES AUSSI ONT DES PEINES DE CŒUR (2021). Je plains les écrivains qui ne savent pas de temps en temps sortir de leur subjectivité… Moi, tous les dix ou vingt ans, il me faut mon électro-choc. Il faut que je me « cogne » aux choses. Ça a été le cas avec l’APPÂT… C’est à la fin des années 80 qu’a commencé le procès de ces trois jeunes criminels. Une affaire apparemment traditionnelle de meurtre à l’entôlage, ou à l’ « enjôlage » : Valérie, jolie jeune femme de 18 ans , drague des messieurs supposés riches dans des boites de nuit, les suit chez eux, prétexte d’aller aux W.C. pour entrouvrir la porte. Ses deux complices Laurent et Jean-Rémy entrent. Tuent la personne qu’on a ainsi piégée et ramassent trois ou quatre babioles, un briquet, une ceinture Hermès, un peu d’argent liquide… La vie d’un homme, contre des colifichets. Arrêtée avec ses complices juste avant Noël, en décembre 1984, après cinq semblables tentatives de meurtre (dont deux qui ont abouti) Valérie, après son passage aux aveux, dira au policier qui l’interroge : « Maintenant que j’ai tout avoué, est-ce que je serai libre pour Noël, parce que papa m’attend à Noël ? »… C’est cette puérilité extrême des meurtriers, cette irréalité de leur «réel », cette virtualité dans laquelle ils vivent qui m’a fasciné. On a là un meurtre très «moderne ». On est dans la société du spectacle. Guy Debord, que j’ai bien connu, a évoqué leur « sinistre innocence ».

 

 

Vous grandissez dans l’Algérie française alors que sont perpétrés des attentats commis par le FLN et l’OAS. Ce climat anxiogène a-t-il influencé votre personnalité ou au moins votre fascination pour la violence ?

 

 

 

L’enfant gobe tout ce qu’il voit, et puis il oublie. Lacan appelle ça « forclusion ». En Algérie j’ai été témoin de plusieurs assassinats, dans la rue. J’ai vu le sang couler. J’ai aussiisly participé à la manifestation de la rue d’Isly, qui a fait une centaine de morts, l’armée ayant tiré sur la foule des manifestants pieds-noirs. Jamais je n’ai couru aussi vite de ma vie. J’avais peut-être quatorze ans à l’époque. Tout cela se grave   dans l’inconscient. Et ça ressort plus tard d’une façon ou d’une autre. Dans des bouffées de violence… Au sujet des jeunes délinquants, les psychiatres de l’institution judiciaire disent souvent « ils ne verbalisent pas. » Faute de mots, ils passent aux actes. C’est là où la culture, le langage, sont d’importance. Si on a les mots (et j’ai beaucoup lu quand j’étais enfant ») on y déverse cette violence accumulée. La littérature m’a en quelque sorte servi de déversoir. De poubelle, pourrais-je dire ! Ce fut le cas avec un livre sur mon enfance algérienne, justement, OUTREMER (1989).

 

 

Ecrire sur votre mère psychologiquement dérangée (OUTREMER) a été une thérapie ?

  

 

Une sorte de thérapie. Mais la littérature ça n’est pas seulement « ça ». Il y faut aussi de l’art, du talent ! Au demeurant il est vrai   que si je n’avais pas entendu de façon continue, durant mon enfance, le monologue paranoïaque de ma mère qui avait construit contre mon père (elle était catholique et lui juif) un délire digne de celui de Céline dans BAGATELLE POUR UN MASSACRE, je ne serais sans doute jamais devenu écrivain. Ses monologues cherchaient à asservir mon cerveau. Au demeurant, il est étonnant de constater combien un enfant c’est solide ; comment, enfant, j’ai su construire des systèmes de défense pour n’être pas envahi, submergé, par les mots de ma mère, et mentalement colonisé. Un de ces systèmes de défense, pour moi, ça a été la Littérature. Tout enfant, sur la Remington portable de mon père, j’écrivais des romans. Ainsi ai-je rédigé un remake des DIX PETITS NEGRES d’Agatha Christie. Si je ne suis pas devenu fou (ma mère quant à elle est morte en asile psychiatrique) mon « cas » a cependant beaucoup intéressé les psychiatres, ceux de la clinique antipsychiatrique de Laborde entre autres, où professaient Deleuze et Guattari. Mes profs de fac (j’étais à Paris VII, chez les structuralistes) m’avaient introduit dans ce milieu. Mon comportement les intriguait. Pour me différencier des gauchistes, par exemple (ils tenaient le haut du pavé dans les universités, débitant leurs vulgate marxiste-léniniste) je jouais les dandys, costume en tweed et cravate de laine écossaise, me prétendant royaliste ah, ah ! Les seuls gauchistes qui m’intéressaient alors c’était les situ, car ils avaient du talent, ils écrivaient bien et ne manquaient pas d’humour : des petits-enfants de Dada ! L’humour, c’est aussi ce qui m’a sauvé…

 

 

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Vous avez effectué votre service militaire dans la coopération en Asie. Vous avez écrit sur cette région du monde des livres comme SIAM, POUR LA PLUS GRANDE GLOIRE DE DIEU, TONKINOISE…, RUE DU JAPON, LE CIEL NE PARLE PAS… D’où vient cette fascination de l’Asie ?

 

 

 

L’Asie, l’Asie… ça date de mon enfance ! J’étais fasciné par les livres de Loti, de Claude Farrère (j’avais lu par exemple FUMEES D’OPIUM). Il y avait aussi, caché dans un recoin de notre bibliothèque par les soins de ma mère, qui ne voulait sans doute pas que je mette la main dessus, un livre d’anthropologie du XIXème siècle intitulé LA FEMME. On y trouvait des photos de femmes du monde entier, Amérique, Afrique, Europe, Asie, complètement nues. C’étaient les asiatiques qui m’attiraient le plus. Leur corps gracile… Mais je ne pense pas qu’il s’agisse seulement d’une attirance physique ou esthétique. C’est plus profond… L’Asie c’était une façon   de m’échapper de la vieille farce sanglante des monothéismes qui sévissait chez moi (avec mon père juif et ma mère catho qui se crêpaient le chignon) et dans le pays où je vivais, l’Algérie (les masses « indigènes » musulmanes s’affrontant à la France chrétienne.) Le bouddhisme, le confucianisme, ce sont d’autres schémas, d’autres structures. Un Ailleurs ! … A vingt ans et quelques, j’aurais pu facilement être réformé, vu que ma mère était internée psychiatrique. Mais j’ai voulu faire mon service dans la coopération militaire. J’ai été nommé dans un pays que personne ne connaissait à l’époque en France (ça paraitra bizarre aujourd’hui) : la Thaïlande. On n’y voyait pas de touristes (1973). Du moins le tourisme de masse ne sévissait pas encore. Je fus nommé prof de littérature à l’Université de Chiangmai, la seconde ville du pays. J’y suis resté 6 mois. On m’a viré en effet : drogue, filles, et fréquentation des étudiants gauchistes locaux. C’était alors la guerre froide. Une guerre froide qui là-bas était très chaude. Nombre d’étudiants furent assassinés. La guerre du Vietnam, tout à côté, se poursuivait … J’ai été viré donc. Mais j’ai pris le virus. « Le coup de palu » comme on dit. J’y suis retourné souvent. D’où ces livres sur l’Asie qui sont sortis de ma plume. Le premier, SIAM (1982) narre mes dérives hallucinatoires à Chiangmai sous l’effet de la Gandja et de l’opium… Je crois qu’on y trouve la description de quelques très belles hallucinations. Parenthèse rimbaldienne donc…

 

 

 

Dans l’APPÂT, vous décrivez les terribles meurtres de 3 jeunes paumés des années 80. Pourquoi avoir choisi d’écrire cette affaire ?

 

 

 

Comme je l’ai dit plus haut, c’est mon côté maso. Désir de temps en temps de me rabattre sur la prose des choses. J’admirais l’écrivain américain Truman Capote. Son DE SANG FROID. Mais au départ, quand j’avais la trentaine, je manquais encore de maturité. Il fautappat avoir un peu de « bouteille » pour se lancer dans ce type de livre. De l’expérience. Cette affaire criminelle avait fait les gros titres de la presse, quand elle a éclaté. En lettres rouges et noires sur fond blanc j’avais vu écrit, sur l’affichette d’un magazine : ELLE DRAGUAIT LES HOMMES ET SES COPAINS LES ASSASSINAIENT. Sous cette annonce, la photo d’une belle jeune femme aux longs cheveux noirs. Alors c’est comme si j’avais suivi une fille dans la rue. Je l’ai « suivie » en enquêtant sur son destin. J’ai rencontré un des personnages centraux de l’affaire, le public-relations du restaurant échangiste des Champs-Elysées Le Jardin de La Boétie, une sorte de maquereau pourrait-on dire, doublé d’un indicateur de police. Il branchait des jeunes filles naïves débarquant toute fraiches de leur banlieue, la tête pleine de rêves de pacotille (devenir actrice, mannequin). Au Jardin de La Boétie il les présentait à ses clients qu’il disait être producteurs, metteur en scène ou avocats de stars (en fait des cinéastes du porno ou des avocats spécialisés dans les accidents de la route). On était donc dans le monde moderne de la culture de masse, de la société du spectacle, des années fric et frime, qu’ont dénoncé Baudrillard, Debord etc. J’ai rencontré quelques copines de Valérie, une maquilleuse de la télé, une vendeuse du quartier du Sentier… et puis j’ai laissé tomber, me plongeant dans   la rédaction de ce livre sur mon enfance algérienne OUTREMER. Je l’écrivais à la campagne, dans les Cévennes. Un hameau paumé… Quand une amie m’a téléphoné un soir pour me dire que le procès concernant cette affaire criminelle commençait à la Cour d’Assise du Palais de justice de Paris. J’ai sauté dans un train… Le lendemain j’étais dans le box des journalistes. Je prendrais en note tout le procès… C’est à une sorte de tragédie grecque que j’ai assisté. C’était mon premier procès d’Assise. Au début je vois une sage jeune fille vêtue de gris, les cheveux tirés en arrière, flanquée de ses deux complices, dans le box des accusés : Valérie. On lui eût donné le bon dieu sas confession. Et puis les témoins défilent à la barre. Narrent les faits. L’horreur devient de plus en plus concrète. La première victime, un avocat, a été lardé d’une trentaine de coups de coupe-papier… J’ai rencontré deux fois l’un des meurtriers en prison, Jean Rémy, puis je l’ai revu vingt ans plus tard, en liberté. Cette dernière fois, c’est au bar du Bataclan qu’on s’est retrouvés… Il avait les cheveux en catogan qui lui descendaient jusqu’aux mollets (ayant fait le vœu de ne pas se les couper en prison). Il m’a   dit : votre livre m’a bouleversé. J’ai compris en effet, en le lisant, que je n’avais pas seulement tué un homme, mais que j’avais détruit la vie des personnes de son entourage. J’ai apprécié votre livre, car vous ne portez pas sur moi de jugement. Quand il était en prison, à lui qui n’avait jamais ouvert de livre sérieux de sa vie, j’avais offert CRIME ET CHÂTIMENT de Dostoïevski. Il m’a dit qu’il l’avait lu deux fois, avec un dictionnaire. Aujourd’hui il est marié, il a un enfant, un métier, informaticien…. Il semble avoir fait amende honorable. Bertrand Tavernier, à partir de mon livre, a fait son film, qui a eu l’Ours d’or à Berlin. Le scénario, plusieurs fois remanié, suit honnêtement les faits.

 

 

 

Vous avez écrit en 2008 sur l’affaire Pierre Overney (ILS ONT TUE PIERRE OVERNEY). Assassinats, représailles, affrontements entre extrême gauche et extrême droite. La gauche selon vous est-elle morte lors des funérailles d’Overney le 4 mars 1972 ?

 

 

 

1972 – C’était encore la guerre froide (de mon côté, comme j’ai dit, je m’apprêtais à faire mon service militaire en Thaïlande). Overney, militant de l’organisation maoïste Gauche prolétarienne, a été tué d’un coup de pistolet par un vigile des usines Renault de Boulogne-Billancourt juste au moment où son maître à penser Mao-Tse-Toung recevait à Pékin le président Richard Nixon et Henri Kissinger. Serrant la paluche de Nixon, Mao lui a susurré à l’oreille « Monsieur le président, je vote pour vous (les élections présidentielles étaient prochaines aux Etats-Unis), je vote à droite. Ici en Chine, nous n’aimons pas tous cesoverney gauchistes fumeux… » (Mao venait de liquider l’ultragauchiste Lin Piao qui, prosoviétique et qui était contre la rencontre Nixon/Mao). Comme, à l’échelle internationale, les Etats-Unis jouaient la Chine contre l’URSS ; à l’échelle nationale, en Europe « on » s’est servi des gauchistes contre les partis communistes locaux et les syndicats, tels la CGT. L’ultra gauche contre la gauche. C’était une des tactiques de la CIA (comme plus tard, et cela apparait dans mon dernier livre sur les djihadistes, elle se servirait de l’Islam contre l’URSS et ses satellites, en Afghanistan par exemple). A ce titre, dans mon livre ILS ONT TUE PIERRE OVERNEY, j’évoque une scène savoureuse racontée dans les mémoires de Jacques Foccart, l’homme de l’ombre du général de Gaulle et de Georges Pompidou. Foccart est furieux parce que Pompidou, alors président de la République, a autorisé l’enterrement à grand spectacle du militant mao Pierre Overney, avec défilé de plusieurs milliers de personnes, à travers Paris. On eût dit les funérailles de Victor Hugo !

« Vous faites de la publicité aux gauchistes ! » s’exclame Foccart à peine est-il entré dans le bureau de Pompidou. Et celui-ci de lui répondre en souriant, avec son éternelle cigarette au bec : « Mais voyons mon cher Jacques, la situation est excellente. Lisez l’Humanité, les communistes sont furieux. »

En effet, si derrière le cercueil d’Overney, porté par des « camarades » (et derrière des portraits de Mao et Staline),  va défiler tout le gratin des bobos de gauche, de Sartre à Simone Signoret en passant par Lionel Jospin et Jean-Luc Godard, les communistes français, eux, refuseront de se mêler à   ceux qu’ils appelaient les « gauchistes-Marcellin » (Marcellin étant le ministre de l’intérieur). Ainsi avait-on astucieusement divisé la Gauche. Sans doute n’était-ce pas déjà « la mort » de cette Gauche. Mais le premier symptôme de son agonie. N’oublions pas qu’à l’époque, en France, les communistes faisaient près de 20% des voix (et 30% en Italie). Ça faisait peur ! Michel Overney, frère ainé de Pierre Overney, que j’ai interviewé longtemps plus tard, m’a déclaré « On dit que mon frère est mort pour la cause du Peuple, tu parles. Mon frère il est mort pour rien ! » Ou pour le roi de Prusse peut être* ? Sinon – dans ce jeu d’ombres que fut la Guerre Froide – pour l’accomplissement des visées secrètes des Etats-Unis !

 

 

 

Les djihadistes d’aujourd’hui (ceux que vous mettez en scène dans votre livre LES DJIHADISTES AUSSI ONT DES PEINES DE CŒUR) auraient-ils pu devenir, à une autre époque, des SS ou des Brigades rouges ?

 

 

 

Le héros de mon livre L’AVEU DE TOI A MOI, personnage bien réel avec qui j’ai longuement parlé, s’était engagé dans la Brigade Frankreich fin 1942 alors qu’il était puceau et âgé de 20 ans. On l’envoyait sur le Front russe, au casse-pipe. Pris de peur, en chemin, il a déserté… L’ennemi pour lui c’était Staline, l’Union Soviétique. Nos gauchistes, d’une autre manière, partaient eux-aussi bille en tête contre les cocos. Et on sait comment, en Afghanistan, les moudjahidin ont été utilisés, armés, financés contre l’armée rouge qui avait mis la main sur le pays. On retrouve semblable fanatisme chez certains des djihadistes que je mets en scène dans mon livre LES DJIHADISTES AUSSI ONT DES PEINES DE CŒUR. On ne jure plus par Mao mais par Mahomet. Au demeurant, on a affaire à semblable aveuglement. Disons qu’on est passé de la Pré-Guerre froide à l’Après-guerre froide, de 1942 à 2012 (année où commence mon roman sur les djihadistes). Encore et toujours ce même jeu d’ombre machiavélien… Moi, je décris tout ça. Sans prendre parti. C’est une description « clinique » à la Primo Lévi. D’ailleurs je n’ai aucune idée bien arrêtée sur ces choses si complexes…

 

 

 

Vous écrivez des romans basés sur des faits réels. Est-ce dangereux de mêler la réalité avec la fiction ?

 

 

 

Je ne mêle pas vraiment la réalité à la fiction. La fiction, à vrai dire, ne m’intéresse pas ou peu. Je ne sais pas si je n’ai jamais écrit un livre de pure fiction. J’essaie de mettre en scène, souvent de façon distanciée et même comique, des faits et des personnages aussi vrais que possible. Que je parle des mousquetaires de Louis XIV envoyés au Siam à la fin du XVIIème siècles (POUR LA PLUS GRANDE GLOIRE DE DIEU,1993); ou des imbéciles utiles de la Gauche prolétarienne (maoïstes donc) ; sinon de ces autres imbéciles utiles que sont les fanatiques évoqués dans mon livre LES DJIHADISTES AUSSI ONT DES PEINES DE CŒUR. Trois de ces djihadistes sont partis faire la guerre contre Bachar el-Assad en Syrie (avant de revenir en France pour commettre des attentats.) Un des membres de cette bande, au lieu de s’enfuir en Syrie, après un attentat raté à Sarcelles, a préféré s’exiler dans un lieu plus pacifique, à Pattaya, en Thaïlande (le plus grand Bordel du monde.) Il m’a fait ses confidences :

« Un soir ; j’étais dans un bar de Pattaya, raconte-t-il. Je jouais au billard avec une fille. Elle m’avait promis que si je gagnais, elle passerait avec moi la nuit gratis. A un moment, mon portable que j’avais posé sur le bord du billard, a sonné. C’était un de mes potes qui m’appelait de la frontière syrienne : «  Où t’es, qu’il m’a dit, en Thaïlande, ce pays de Kouffar ? Viens nous rejoindre, on te paie le billet d’avion, on fait la guerre à Bachar. Ici, en Syrie, t’auras tout : on te donne un appartement, une voiture, une femme, une kalache…

__Moi, continue de me confier ce garçon, je ne savais même pas où se trouvait la Syrie. Il a fallu que je regarde   sur une carte… je serais bien allé faire la guerre là-bas, mais il aurait fallu avant qu’on me dise quel était le sens de cette guerre en Syrie [phrase qu’il répète deux fois], cette guerre où des arabes tuent des arabes, et où des musulmans tuent des musulmans…

Comme quoi « les djihadistes aussi ont (parfois, rarement) des moments de lucidité ».

Amen.

 

 

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