Tantôt des adaptations, tantôt des biographies, tantôt des créations originales tirées de faits réels, l’univers de Bertrand Galic est à la fois riche et varié. L’Histoire n’est jamais absente de ses bandes dessinées où il a pu travailler avec des dessinateurs tels que Marc Lizano, Roger Vidal, Javi Rey ou encore Paul Echegoyen. 

Entretien avec Bertrand Galic, scénariste de bandes dessinées.

 

 

Vous avez travaillé avec différents dessinateurs et co-scénaristes. Est-il difficile de savoir transposer votre imagination et vos écrits en dessins et illustrations ? Écrivez-vous avant ou après un visuel?

 

 

L’essentiel du métier de scénariste consiste précisément à décrire, à expliquer ce que l’on a en tête à un collaborateur, le dessinateur, dont le rôle est de mettre des images sur des mots. Le scénario est le préalable nécessaire à toute planche de bande dessinée.

 

 

Avec Kris, vous avez trouvé la meilleure des collaborations ?

 

 

Kris est un peu “mon frère d’écriture”. Nous avons coécrit ensemble cinq albums et bouclons actuellement le sixième. Il s’agit donc d’une collaboration tout à fait à part, très enrichissante, pour l’un comme pour l’autre. Je ne sais pas si elle est “la meilleure”, mais elle a en tout cas jusque-là débouché sur des livres qui ont été plutôt bien accueillis.

 

 

Avec Kris © Le Parisien

 

 

L’Histoire est-elle le grand moteur de vos scénarios ? Le milieu sportif vous passionne également ?

 

 

On peut tout à fait dire cela, oui. L’Histoire m’intéresse au plus haut point, en particulier lorsque celle-ci résonne avec notre présent. Concernant le sport, vous avez également raison : il s’agit d’un autre centre d’intérêt majeur. Alors, imaginez, lorsque la grande Histoire vient croiser le monde du sport… Cela donne forcément des idées de scénarios. Des livres comme Un maillot pour l’Algérie (2016 Dupuis/Aire Libre) ou Sept Athlètes (2017 Delcourt) sont nés de cette double passion.

 Un maillot pour l'Algérie © Dupuis

 

Comment avez-vous imaginé l’adaptation du roman-phare « Le Cheval d’orgueil » de Pierre-Jakez Hélias?

 

 

L’idée d’adapter en bande dessinée « Le Cheval d’Orgueil » (2015) est le fruit deLe Cheval d'Orgueil © Noctambule ma rencontre avec le dessinateur Marc Lizano et d’une discussion qui s’est tenue un soir de festival. Nous nous faisions alors la réflexion que le neuvième art faisait la part belle aux contes et légendes, à l’heroïc fantasy… mais que la Bretagne, peut-être plus authentique, des pêcheurs et des paysans, était quand même sous-représentée. Comment cela se faisait-il, par exemple, que le best-seller de la littérature bretonne (un million d’exemplaires vendus rien qu’en 1975) n’ait jamais été adapté ? Nous avons fait le pari dingue de nous lancer dans ce projet.

 

 

Vous avez réalisé deux albums biographiques (2018-2019) sur la collaboratrice Violette Morris. Comment aborde-y-on un tel personnage ? Le portrait devait-il être totalement sombre ?

 

 

Violette Morris est un personnage très complexe, qui pâtit largement d’une légende noire construite par de pseudo-historiens, et dont le degré de collaboration reste à préciser. Sans la dédouaner de tout, loin de là, il convient donc d’en tirer un portrait plus juste, en s’appuyant sur des travaux récents et des sources variées. Au final, on constatera qu’il reste de nombreuses parts d’ombres, bien sûr, mais que cette femme pouvait aussi, à certains égards, se révéler lumineuse.

 

 

La libre adaptation des « Voyages de Gulliver » (2020) de Jonathan Swift a une multitude d’architectures, de couleurs, de visages et de polices d’écriture). C’était un rêve d’enfance ou un véritable défi ?

 

 

Je dirais que c’est un peu les deux à la fois. Avec Paul Echegoyen, nous ne nous sommes en tout cas pas faciliter la tâche en choisissant d’adapter le troisième voyage de Gulliver. Celui-ci est en effet aussi riche en rebondissements que les deux premiers, avec son lot de tempêtes, de pirates ou de sorciers, mais il propose par ailleurs une réflexion politique et des questions existentielles à côté desquelles il ne fallait surtout pas passer.

 

 

Avec « Fukushima : Chronique d’un accident sans fin » (2021), vous avez réalisé un véritable reportage sur la catastrophe. Était-ce pour la meilleure façon de narrer un séisme qui finalement aurait pu être bien plus dramatique ?

 

 

« Fukushima – Chronique d’un accident sans fin » est une fiction très documentée, mais pas un documentaire, ou un reportage. Certes, je raconte des événements bien réels, suivant une chronologie clairement établie, avec des personnages eux aussi bien réels (Masao Yoshida, Naoto Kan), mais des fils narratifs secondaires mettent aussi en scène des personnages inventés, dont le destin est lié à la tragédie. C’est un peu le même principe qui a prévalu pour la réalisation de la série « Chernobyl » (2019), avec laquelle des parallèles ont souvent été faits.

 

 

Fukushima-Chronique d'un accident sans fin © Glénat

 

 

Quels sont vos projets ?

 

 

Ils sont assez nombreux, pour ne rien vous cacher. Outre le troisième et dernier volet de Violette Morris, qui s’écrit en prenant en compte de récentes et sacrées découvertes, il y aussi un récit au long court, un road movie pour Roger Vidal (dessinateur de Fukushima-Chronique d’un accident sans fin), l’adaptation d’un nouveau Voyage de Gulliver avec Paul Echegoyen et une histoire pour la collection “Coup de tête” des éditions Delcourt. J’ai enfin d’autres projets pour Glénat, et même un conte pour enfants à paraître chez Didier Jeunesse.

 

 

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