Rahan : Une grande histoire de famille – Entretien avec Jean-François Lécureux

« Et puisqu’il n’a plus de clan, plus de horde, Rahan sera le fils de tous les clans, de toutes les hordes! Rahan ira partout, verra tout apprendra tout! Il révélera aux uns ce que lui auront enseigné les autres. »

Ainsi va la vie de Rahan, célèbre aventurier de bande dessinée imaginé par Roger Lécureux et dessiné par André Chéret. De 1969 jusqu’à nos jours, le fils des âges farouches a su captiver des millions de jeunes lecteurs. Suspense, affrontements avec les goraks, terribles créatures aux dents longues mais aussi histoires d’amitié et multiples inventions font l’essence même des aventures de Rahan. 

Egalement père des formidables « Pionniers de l’Espérance », Roger Lécureux (« L’homme aux 40 000 planches») fut incontestablement un extraordinaire conteur. Grâce à Rahan, jamais la Préhistoire n’a été aussi proche de nous. Suite au décès de son père le 31 décembre 1999, Jean-François Lécureux est devenu à son tour le scénariste de Rahan. André Chéret, quant à lui, est décédé en 2020. 

Pourtant, nous sommes persuadés que Rahan, fils de Crao le sage, continuera, d’une façon ou d’une autre, de voyager, d’apprendre et d’unir « Ceux qui marchent debout ».

 

 

Peut-on dire que Rahan est un fils de Mai 68 ?

 

 

Sans l’aspect politique, mon père a toujours voulu faire vivre un personnage avec le plus d’humanité possible, le plus proche possible de ceux que Rahan appellent « Ses frères qui marchent debout ». Selon moi, il est trop réducteur de rattacher les créations de mon père à une période de mouvements politiques. Roger Lécureux écrivait de la bande dessinée depuis 1945 et 24 ans plus tard naissait un nouveau personnage qui me ressemblait beaucoup… RAHAN !

En effet, en 1965, alors que j’étais âgé de 11 ans, nous avons eu la chance de nous installer avec mes parents, dans une petite maison en bordure de forêt de Sénart alors que nous avions vécu pendant longtemps dans des HLM à Bonneuil. Je passais donc mon temps dans les bois et racontais à mon père, le soir venu, mes histoires de cabane, de marches, de rencontres avec des nouveaux copains. Ce jeune Aventurier que j’étais devenu inspira mon père ! Rahan était né dans son esprit, et ce magnifique héros moderne des temps farouches allait voir le jour… ! Bien des années avant Mai 68… ! 

Au même titre que les œuvres antérieures de mon père comme Les Pionniers de l’Espérance, Nasdine Hodja, le Grêlé 7/13, Capitaine Apache, Teddy-Ted et bien d’autres, Rahan est la représentation parfaite du héros humaniste qui n’a de cesse de découvrir, de transmettre et d’aider son prochain.

 

 

 

Comment votre père est-il devenu scénariste de bandes dessinées ?

 

 

 

Le petit fanzine Vaillant est né tout de suite après la Seconde Guerre mondiale, en 1945. À l’âge de 19 ans, jeune résistant quittant le maquis, mon père monte à Paris et est embauché pour s’occuper des abonnés du journal naissant. Les abonnés étant encore peu nombreux à l’époque, mon père trainait avec les jeunes scénaristes regroupés autour de la table. Toute cette équipe criait, braillait et mimait les scènes qu’ils voulaient que l’on illustre dans le fanzine. Un des scénaristes avoue humblement un jour à mon père qu’il ne trouve pas de solution pour son personnage… Empêtré dans une situation impossible, il n’a plus d’idées… Mon père lui propose alors un dénouement extraordinaire qui va sortir le héros du pétrin dans lequel il s’était fourré…

Roger Lécureux, tout jeune en charge des abonnés, a alors impressionné toute l’équipe. Ils lui ont alors demandé d’imaginer un autre héros. Il n’en fallait pas plus pour faire exploser un talent. Mon père a alors créé cette fabuleuse et première histoire de science-fiction pour lui : «  Les Pionniers de l’Espérance ». Quel joli titre… !! Les copains étaient unanimes, ce formidable scénario devait trouver un dessinateur hors pair. La décision fut prise, ils iraient demander au dessinateur Raymond Poïvet, le Maître de l’époque. Rendez-vous pris, le « maitre » se plonge dans la lecture du scénario devant le petit groupe fébrile… Mon père tremble… »le maître » lève les yeux vers le groupe inquiet et dit : « Je veux dessiner ça ». La notoriété s’emballa…

Malgré cette notoriété grandissante, le journal de Vaillant était toujours un petit fanzine, sans argent, il est alors parti à la recherche d’un partenaire. Le journal L’Humanité, lui aussi farci de fonceurs, voyant la motivation de tous ces jeunes talents, a accepté de les aider financièrement. Cette aide leur permettrait donc de publier toutes leurs histoires…. La grande Aventure commençait… Voilà comment se créé un amalgame dit « politique ». Tout le monde a pu en juger et le vérifier par la suite, aucune allusions sur tel ou tel gouvernement dans ce journal d’enfants. Instruire en distrayant quel beau challenge!

Ses personnages étaient avant tout humanistes et cet esprit qui prévalait, dépassait tous les clivages politiques. Le succès de la nouvelle formule du journal qui s’appellera « Pif Gadget », dû aussi et beaucoup à l’engouement pour Rahan – Personnage qui jeta un pavé dans la mare et révolutionna dès son arrivée, les façons de penser et de dessiner… !!

Le projet a mis quelques mois à se développer. André Chéret avec son coup de crayon incroyable avait été choisi par mon père pour être le dessinateur de son nouveau héros. L’association était parfaite et cette création fut gardée en secret pour naître lors la sortie du N°1 de Pif Gadget en mars 1969. Nouvelle formule : Histoires complètes, dos carré, plus de pages, de la couleur, le gadget et RAHAN… !!Succès immédiat et grandiose qui dure encore et toujours aujourd’hui !!

 

 

Comment est né Rahan?

 

 

Mon père avait une imagination sans limites et était un vrai dénicheur de talents. C’est d’ailleurs lui qui, devenu rédacteur en chef de vaillant, aide à l’embauche au journal de grands dessinateurs comme Hugo Pratt, Gotlib, Jean Tabary et d’autres…

Mais pour ses créations les grands thèmes le travaillaient… : Rahan, sera le fils des âges farouches, il sera un homme préhistorique blond qui aura tout à inventer… C’était le concept de départ… Tout à faire, à découvrir, à transmettre, à inventer… 

André Chéret, alors dessinateur de « Bob Mallard », laissa trainer sur les bureaux de Vaillant, quelques beaux dessins d’un gaulois… Papa l’a de suite imaginé faisant l’affaire pour son Rahan. Je me souviens les avoir vus tous les deux, chez nous à Draveil, étaler les planches de la première histoire ( « Le Secret du Soleil » ) sur le tapis du salon. Mon père était conquis, ce serait un beau personnage. André ne ménagea pas ses efforts pour que Rahan embellisse au fur et à mesure des épisodes…. Son épouse, Chantal, finira quant à elle, par faire les splendides couleurs de notre héros pendant plus de trente ans….
Le concept de Rahan est bien une invention détaillée de mon père, mais sans André, le succès aurait-il été aussi grand… ?? C’est l’union parfaite d’un scénariste de génie et d’un dessinateur hors pair qui a mené Rahan au sommet de sa gloire… Merci à eux… !!

 

 

 

 

 

 

Peut-on dire que Rahan sort des cases ?

 

 

 

Mon père a voulu concevoir un personnage noble au sens propre du terme. Rahan a de grandes valeurs et ses aventures étaient faciles à suivre. Beaucoup d’enfants ont appris à lire et à écrire grâce à Rahan. À cette époque, avant Rahan, la bande dessinée était peut-être trop simpliste…Cela n’engage que moi… ! 

André Chéret a su également montrer une vraie originalité artistique en faisant ses dessins jaillir hors des cases. Roger Lécureux était un papa simple mais extraordinaire par moments et a su magnifiquement raconter des histoires qui s’adressent au monde entier.

Rahan est le premier en bande dessinée à traiter de l’environnement : Premier écologiste au Monde.. !!! Nous en sommes fiers.

André était lui aussi quelqu’un de simple. Je le suis également. Pourtant, nous avons eu du succès… ! De quoi perdre la tête.. ! Rendez-vous compte, Rahan a été vendu à plus de 80 millions d’exemplaires… Et il continue encore aujourd’hui son chemin et n’a de cesse de replonger quotidiennement dans le cœur des lecteurs et lectrices… Un rêve pour le fils héritier du créateur, qui fut frère, puis devint père de notre héros légendaire… !!

 

 

 

Tout au long de son parcours, Rahan rencontre différents peuples, créatures (telles les terribles goraks) ou encore les sorciers. Est-il un personnage qui lutte contre les superstitions et les autoritarismes ?

 

 

 

Rahan est favorable à l’installation d’un chef. Craô le sage, son père adoptif, a été choisi par son propre peuple pour le diriger. Cependant, un chef ne doit pas abuser de son pouvoir. Rahan lutte contre les mauvais dirigeants. À la fin de nombreuses histoires, Rahan est sollicité pour devenir le chef de tribu. À chaque fois, il refuse car il a juste transmis ce qu’il devait transmettre ou a vaincu le mauvais chef pour que le bon ordre revienne. C’est une règle toujours valable aujourd’hui… !

Mon père est l’inventeur du Gorak. Lorsqu’il conçoit et invente l’expression le « tigre à dents de sabre », il n’imaginait pas que des dizaines d’années plus tard des chercheurs allaient découvrir des crânes de telles créatures. Mon père voulait une bête visuellement monstrueuse et démesurée. Dans l’aventure, les goraks ont tué les parents biologiques de Rahan. Il n’avait que quelques semaines et le découvrit plus tard. Ils sont donc devenus ses grands ennemis. Tout en sachant que Rahan ne tue pas ceux qui marchent debout et ne tue les animaux que pour défendre sa vie -ou se nourrir…

 

 

Quelle est la part des femmes dans le monde de Rahan ?

 

 

40% des lecteurs sont des lectrices. Ce qui était incroyable. Contrairement à Tintin, Rahan est un héros qui côtoie les femmes. Il est même tombé amoureux de Naouna. Le couple a eu deux enfants. Naouna fait ensuite le choix de partir et laisser son Rahan suivre son chemin et sa mission d’aide au monde. Elle a pensé qu’elle serait un frein à sa progression et Rahan en est toujours triste. Il va partir à sa recherche sans succès jusqu’à aujourd’hui… Bien entendu, nous le comprenons de suite au fil des épisodes, Le fils des âges farouches respecte sans limites les femmes, compagne indispensable à l’équilibre des peuples.

Dans « La Horde des bannis », que mon père avait commencé à écrire et dont j’ai terminé l’histoire, Rahan ayant les cheveux blonds et longs se retrouve emprisonné et jeté sur le radeau où sont réunies toutes les femmes d’un clan, l’autre radeau est réservé exclusivement aux hommes… Rahan va alors montrer avec force, dans cet épisode, que la femme est l’égale de l’homme et qu’il faut compter avec elle. 

 

 

Rahan combat-il le sauvage ?

 

 

Il lutte contre le sauvage que l’on retrouve chez l’homme mais pas les peuples sauvages. Lorsque Rahan observe, découvre ou invente, il crée peu à peu notre société humaine. Il est l’un des premiers hommes modernes.

A chaque expérience, bonne, mauvaise, nouvelle en tous cas, Rahan y trouve un côté positif. Par son intelligence, le Fils des âges farouches permet aux différents clans de survivre, s’améliorer, avancer de toute façon dans la bonne direction ….  Chaque aventure est incroyablement réaliste et nous plonge dans un univers pas si lointain que ça… !! Rahan est vraiment notre frère à tous… !!

 

 

 

 

 

Les couvertures ont joué un grand rôle dans le succès de Rahan. Comment sont-elles conçues ?

 

 

 

Mon père a été l’un de ceux qui ont permis la réussite et la popularité de Pif, nous en avons déjà parlé, mais il avait surtout le don d’accrocher le lecteur et un certain talent pour la communication. Il a été, rappelons-le plusieurs années rédacteur en chef du journal…Il disait, Rahan c’est l’aventure, l’action, le mouvement, les astuces, les découvertes, les paysages et tout le temps la sagesse… Textes et dessins doivent sans cesse rappeler cela aux lecteurs.

Mon père avait aussi expliqué à André Chéret que le logo Rahan, devait être 5 grosses lettres taillées dans de l’écorce. Dès les premières histoires, il avait expliqué que le « RA » voulait dire le « petit enfant » et qu’il venait du clan des « Hans », peuple des pays froids.

 

 

Voilà pourquoi Rahan était blond car il venait d’un clan nordique. Lorsque Craô, parti en chasse, découvre le bébé pleurant dans ses langes, enfoui dans un trou, près de ses parents tués par les goraks, il accouche la terre du petit Rahan ensanglanté par le terrible combat. « Tu seras le fils que la nature ne m’as jamais donnée. Nous t’appellerons (Ra-Hans) RAHAN.
J’ai affiné ce logo en lettres d’écorces pour qu’il soit le plus proche de l’original. Et c’est maintenant le logo officiel de la marque, car oui, Rahan est devenu une marque comme les plus grandes… !!

 

 

Le dessin animé (1987) a-t-il été un plus ou un support secondaire selon vous ?

 

 

En une vingtaine de minutes de dessin animé, le nom de Rahan est prononcé des dizaines de fois. En terme de communication, il n’y a pas mieux (rires). Mais pour moi, la place du rêve est moins forte que dans les bandes dessinées. Une seule image d’action d’un album vous permet de plonger dans votre imaginaire… ! Le dessin animé propose l’action complète et bizarrement fige l’image dans votre cerveau et ne laisse plus la place au rêve…Vous ingurgitez l’action mais ne vous y plongez pas. C’est d’ailleurs étrange : L’image fixe, anime votre cerveau, et l’image mobile, le fixe… !! Paradoxal mais intéressant intellectuellement. Cela laisse la part belle à la bande dessinée.. !!! Une seule image et votre imaginaire démarre… ! D’ailleurs image et imaginaire n’est-ce pas un peu mélangé… ?

Une petit anecdote au passage : lorsqu’il a fallu trouver une voix pour Rahan, quelqu’un de l’équipe a montré son étonnement en écoutant les premiers rushs : « C’est étrange, c’est pas la voix de Rahan ça… ?! ». Comment pouvait-il avoir entendu une voix de Rahan en lisant les bandes dessinées ? Preuve que la BD crée un univers qui est propre à chaque et laisse vagabonder le rêve… ! Les scènes d’un album deviennent réelles, évidentes… !

Nous plongeons tous au cœur de l’aventure lorsque la première page d’un Rahan s’ouvre… !! Feuilleter les pages du fils de Craô à une saveur particulière. Nous pouvons le faire à notre rythme, choisir nos vignettes, nos pages, relire ou redécouvrir des détails non vus ou oubliés. C’est magique! Vous ne pouvez pas faire cela avec un dessin animé. Vous avalez ce que l’on vous jette au visage. Même si je suis évidemment admiratif de certaines productions …

Mon père a écrit les scénarios de ces 26 épisodes de télé sortis en 1987 ! Il a même évidemment écrit les paroles de la chanson du générique à la demande d’une certaine Nina qui était venue faire écrire ces paroles par mon père à Itteville. La famille se souvient de ce moment… En résumé, les scénarios de ces 26 épisodes de télévision ont été écrits par mon père et les thèmes toujours aussi passionnants et fidèles à l’esprit Rahan… Cette promotion pour notre héros a fait du bien et était la preuve que Rahan avait une vraie valeur aux yeux des grands médias !!

Concernant le dessin animé de 2009, j’ai cédé sur le fait qu’il n’allait plus voyager. Toute l’intrigue se passe dans la même jungle. Un petit ours accompagne le petit Rahan (représenté plus jeune que dans la BD ). Cela a certes interpelé certains fans mais ils sont tous tombés d’accord pour dire que c’était bien de continuer à faire vivre le personnage. Cela n’a pas terni son image et l’a fait connaître auprès des plus petits… !

 

 

En 1999, vous prenez la place de votre père alors décédé en devenant scénariste de Rahan. Qu’avez-vous voulu apporter aux aventures?

 

 

 

Je n’ai pas pris la place de mon père car il est irremplaçable. J’ai juste voulu essayer de continuer à faire vivre Rahan. Mon père avait commencé une nouvelle histoire (« Les fils de Rahan »). 28 pages ont été écrites et j’ai dû rédiger les 32 dernières. Mon père voulait réaliser une trilogie mais il est décédé avant la fin. Pour écrire, j’ai fait comme mon père : j’ai séparé ma feuille en deux : une partie avec le texte et l’autre avec la description d’images afin qu’ André Chéret puisse être guidé. Depuis le début des aventures de Rahan, la description de l’image ( réservée au dessinateur ) est très importante pour guider la main de ce dernier. Mon père fonctionnait comme cela, j’en fait de même et André était ravi de toutes ces infos détaillées. C’est compliqué un scénario de Rahan et le moindre détail peut faire chavirer une aventure… Tout le monde en était conscient…

 

Mais cette fois-ci, face à cette feuille blanche, je me suis retrouvé dans une nouvelle épreuve. Ce n’était pas une course haletante avec des adversaires. J’étais seul pour continuer l’histoire de mon père. Comme lorsque j’avais 14 ans où j’ai dû écrire une aventure de Galax, j’ai eu l’impression d’avoir mon père derrière mon épaule qui regardait mon travail.
En 5 jours, j’ai réalisé les 32 pages qui manquaient pour faire cet album de 60 pages… ! un record quand on sait que pour certain il leur faut des mois, voir des années pour faire un album… ! Je n’en revenais pas, mon entourage non plus…  Mais cela allait-il convaincre ?

Le téléphone sonne… ! André Chéret au bout du fil, il a reçu mon scénario… ! Il s’exclame : «  JF, mais c’est du Roger Lécureux tout craché ça… !! » Je n’en revenais pas… ! « Merci André, alors tu dessines et on y va… ! « 

Ma nouvelle vie commençait.

 

 

Pourquoi avez-vous ajouté une sixième griffe au collier de Rahan?

 

 

 

Même si « l’ingéniosité » n’est pas une valeur noble, Rahan méritait de recevoir cette sixième griffe. De plus, ce sont ses propres fils qui lui apportent ce trophée. Rahan a réussi à réaliser une énorme vis avec des arbres. Moi qui ai passé des années dans les ateliers c’est un outil plus proche de mon monde que celui de mon père.

Apporter un peu plus de technique dans cet épisode a été un peu une marque personnelle et cette 6^ème griffe est et restera ma griffe… Un symbole dont mon père doit être fier du petit nuage ou il me regarde… ! Toujours des mots pour penser à lui tous les jours.

 

 

 

 

 

Pourrait-on imaginer qu’un dessinateur puisse remplacer André Chéret (décédé en 2020) et continue à faire vivre Rahan ?

 

 

Honnêtement aujourd’hui les disparitions de Chantal et d’André sont encore beaucoup trop présentes dans ma mémoire. C’est leur œuvre, pas la mienne… Je ne suis que l’humble successeur de mon papa… et n’ai écrit modestement que 9 albums… ! J’aurai un peu l’impression de les trahir !!! Prendre la suite de mon papa c’était un peu continuer avec la même âme, le même sang et André était toujours à partager avec moi ces naissances d’albums… Bien sûr j’ai déjà été sollicité par quelques jeunes dessinateurs plein de talents qui me demandaient ce que j’allais faire maintenant… Je ne suis pas très motivé pour le moment de recréer de nouvelles aventures.. Maman vient de nous quitter en avril 2021, j’écrivais aussi pour elle pour qu’elle soit fier de son fils et de son mari disparu 22 ans plus tôt, Roger, ce créateur de génie, mon père…  Fier de briller aux yeux de Chantal et d’André qui découvrait en moi un fils qu’il n’avait jamais eu, un fonceur qui s’est engagé à porter aux les couleurs de Rahan et qui s’y emploi tous les jours… 

Et puis il y a toujours le projet film avec de vrais acteurs qui est dans les tablettes depuis des années. Le réalisateur Christophe Gans avait commencé à travailler dessus et a failli réaliser le film. Puis il y a eu des mésententes avec les producteurs… Un autre monde… 

Depuis peu, Michaël Youn rêve de mettre en scène le film Rahan. C’est quelqu’un de sérieux que j’ai rencontré. Aura-t-il la niaque pour faire avancer le projet ? Je l’espère…

Cette annonce un peu fracassante en a réveillé certains. J’ai déjà révisé une version et donné un avis sur quelques scènes imaginées. Je serai toujours un correcteur des travers que le personnage pourra subir… Je suis là pour défendre l’honneur du héros et que sa philosophie de vie ne soit pas trahie. Je veille… !

 

 

 

Chez Rahan, le mysticisme est très important. Il est au départ à la recherche de la tanière du soleil. Est-ce que finalement ce n’est pas la quête qui compte ?

 

 

 

Absolument !! C’est le voyage qui compte avant tout, mais le résultat pour les fins d’épisodes est quand même important. Des morales s’en dégagent et une bonne attitude à avoir s’y découvre… La fin est quand même essentielle dans Rahan !!

Notre héros, qui courrait après la tanière du soleil, finit par comprendre… ! Alors qu’il est sur le sommet d’une île, il observe une course de canoés. A un moment donné, il ne les voit plus puis les retrouve de l’autre côté de l’île. À ce moment-là, Rahan comprend que le soleil fait lui aussi un parcours. Nous savons tous à présent que c’est la Terre qui tourne autour du soleil mais Rahan comprend qu’il n’y a pas de « tanière.  » C’est ça Rahan, chercher à comprendre… !! Pourquoi le vent, pourquoi la pluie, pourquoi le jour, la nuit… ?? Une quête infinie pour un héros des Âges Farouches… !!

Rahan, l’homme aux cheveux de feu, a sans cesse soif d’aventures et de rencontres. Il est clair que beaucoup de personnes n’ont pas encore lu toutes les aventures de Rahan. Il y a quand même plus de 184 histoires et presque 4000 planches de dessins ! INCROYABLE !!

Nous avons encore du pain sur la planche pour le faire connaître au reste du monde…

Il y a 6 ans, 67 albums de 60 pages ont été publiés par la maison d’éditions Altaya. Tintin, Astérix et une partie de Lucky Luke sont nécessaires pour égaliser le nombre d’aventures de Rahan. Nous pouvons être fiers… !!

Avec les éditions Soleil, toute l’œuvre en couleur est remaniée depuis deux ans, nous refaisons aussi des tomes noir et blanc. Nous en sommes à plusieurs rééditions. La nouvelle, en albums de 550 pages est magnifique ! De véritables dictionnaires que l’on a en main. Il y en aura 5 gros, les deux premiers viennent de sortir.

Depuis quelques mois, une très belle collection avec Hachette est en route : Dos toilés superbes et 47 albums prévus pour cette intégrale !! nous sommes au 46 et 47 dans les kiosques.

Si tout va bien, nous devrions ressortir 43 fascicules souples RAHAN /PIF copie exactes des fascicules d’il y a plus de 40 ans… Génial … !!… ! Les tomes 1 et 2 sont déjà en vente. C’est la copie conforme des œuvres originales.

L’univers de Rahan grandit, grandit encore… Chantal, André, papa, maman …Je vous aime… !!