Ligne de vie, ligne de conduite, ligne de la main, ligne de mire… le trait fait partie intégrante de nos vies. Tel un chemin, la ligne nous emporte vers d’autres horizons (artistiques). Romain Froquet fait partie de ces artistes qui ont imposé une réelle signature. Inspiré par ses nombreuses observations, il nous livre ici sa vision de l’art et ses projets. Sans hésitation, nous l’avons suivi—————-

.
.
.

Comment ces figures et ces couleurs se sont-elles imposées dans votre art ?

.
.
.


C’est une construction partie de rien. A l’âge de 18 ans, je mets les pieds à Paris pour la première fois. Fréquentant le collectif d’artistes 9ème concept, j’ai été intégré petit à petitbkl parmi eux. Même si je baignais pendant toute mon enfance dans la banlieue lyonnaise dans l’art urbain, je ne dessinais pas plus que cela et je ne peignais pas non plus. Avec 9ème concept, j’ai vraiment découvert le monde artistique.

Au fil des années, je me suis construit artistiquement et, en 2009, j’ai trouvé mon style avec l’art de la ligne. Il y a eu une forte influence tribale, de civilisations anciennes, de calligraphie chinoise et même de graffiti.

Les couleurs sont surtout spontanées chez moi. Certaines reviennent dans mon art comme les couleurs ocres, le bleu et le noir. Cela me permet de souligner la courbe. Un artiste comme Keith Haring m’a également beaucoup influencé dans le choix des couleurs.

Je réalise beaucoup de dessins à l’encre de Chine. Cela m’influence beaucoup : Je tente de retrouver le même teint de noir sur mes toiles et j’en recherche sa profondeur car il marque et interpelle. C’est une couleur qui dit tout et son contraire. Le noir peut symboliser certes,  la tristesse mais aussi le calme.

.
.
.

L’improvisation est-elle le moteur de votre art ou bien au contraire tout est savamment organisé ?

.
.
.

Les lignes m’inspirent beaucoup. J’en vois partout : Dès que je sors, je vois des lignes avec les marquages au sol ou dans les arbres. J’y vois de l’esthétisme et de la connexion. Lorsque j’ai une feuille devant moi, l’improvisation est totale et pure. Les lignes m’inspirent au quotidien. Avec ces courbes, je lâche prise. Je vais certes dans une direction mais je découvre toujours une ligne directrice lors de la conception de mes œuvres. Je tente toujours de trouver l’équilibre. Il n’y a que lorsque je regarde ma toile que je sais si mon œuvre est finie.

Pour une peinture murale, je réalise une esquisse en amont afin de m’orienter puis au fur et à mesure de la création, je me laisse guider par une part d’improvisation.

L’addition de plusieurs lignes va alors créer de nouvelles formes. On sépare et en même temps on relie.

.
.
.

trait

.
.
.

En quoi pour vous le papier est-il le meilleur support ?

.
.
.
.

J’aime tout type de support car tous m’aident à m’adapter. Que ce soit un crépis sur un mur, une feuille de papier ou une toile, je m’adapte. J’y trouve un réel plaisir.

J’aime le papier car j’ai commencé à dessiner avec ce support. D’une part, le papier ,je le maîtrise d’autre part, lorsque le papier absorbe l’encre, il y a une réelle magie. De plus, contrairement à la toile , avec le papier, vous n’avez pas le droit à l’erreur. Avec la délicatesse du papier, vous ne pouvez pas revenir en arrière.

.
.
.
.

Vous utilisez de vieux journaux, des rubans adhésifs, des pinceaux, de bombes… On peut ici parler d’instruments bricolés. Vous souhaitez tout explorer ?

.
.
.
.

Avec le temps, on retrouve peu à peu ses outils. Lors de mon exposition au Pavillpcbon Carré Baudouin (20ème arrondissement de Paris), j’ai dû adapter mes pinceaux. Pour les fresques, il fallait des outils larges.

Étant artiste autodidacte, j’ai toujours utilisé différents matériaux comme des partitions de musique et de vieux journaux. Ils sont passionnants car ce sont des papiers qui ont eu une vie. J’aime cette empreinte dans le temps et je les intègre dans différentes toiles. J’intègre aussi parfois du tissus wax à mes toiles, je trouve les motifs puissants et vibrants.

La ligne se prête à tous les supports.

.
.
.
.

Les arbres sont des figures majeures dans votre art. Est-ce une signature ou une figure universelle ?

.
.
.
.

Ce sont les deux. Il y a beaucoup de dualité en moi. Dès le début, l’arbre a été pour moi une signature. Tout artiste cherche à trouver sa propre identité. Il est connecté à la terre-mère, au ciel et à la vie. L’art primitif et ses totems m’ont toujours beaucoup inspiré.

Avec l’arbre, il y a une vraie métaphore de la condition humaine. Malgré nos différences, nous sommes tous comme ancrés, unis et connectés.

Chacun de mes arbres de vie sont uniques car je les improvise. Il y a des similitudes mais dans le détail, il y a des différences. Avec comme cadre, l’arbre, j’ai pu développer différents sujets. Il a été le fil conducteur depuis mon début artistique.

.
.
.
.

Vous êtes très présent dans la rue. Est-ce une façon de votre zone de confort, votre atelier ?

.
.
.

Assez rapidement, j’ai voulu travailler dans la rue. Mon travail débute dans l’atelier puis je sors. Les lignes et les gestes ont besoin de sortir de la feuille et de la toile. Travailler en11 extérieur nourrit énormément mon travail en atelier. En extérieur, vous expérimentez tant de choses. De plus, dans la rue, vous imposez la création aux passants. Certains se mettent alors à échanger avec vous. Parfois, les réactions sont excessives mais au moins il y a débat. Je suis toujours ouvert à la réflexion. En travaillant à l’extérieur, j’accepte l’échange et la critique.

Plus jeune, j’ai pu observer l’artiste Philippe Bodeloque qui prenait beaucoup de temps à échanger avec les passants. Échanger  était un aspect positif pour son travail. Je parle sans problème de mon art dans la rue. C’est un public que l’on ne retrouve en galerie.

.
.
.

Avec les données Google Earth, vous retracez sur vos supports les réseaux autoroutiers. Ces axes vous inspirent beaucoup ?

.
.
.

Lors de voyages à Houston, j’ai découvert les échangeurs autoroutiers. J’ai été séduit parclic cet esthétisme de la courbe. Avec ma série « Highway », j’ai voulu prendre plus de recul et j’ai utilisé des outils numériques comme Google Earth. De la Chine à la France, du Sénégal aux États-Unis, on peut constater que la Terre est en mouvement perpétuel, que l’homme casse et reconstruit constamment. Avec toutes ces observations de coordonnées GPS, je conçois de nouvelles œuvres composées de matériaux comme le plexiglas et le plastique. Les routes qui racontent tant sur les peuples ont une construction infinie.

.
.
.

Vous exposez également en Russie. Est-ce un pays qui vous inspire ?

.
.
.

J’expose en effet mes œuvres dans une galerie à Moscou (Askeri Gallery) depuis 2016. La Russie a été une vraie découverte au même titre que les États-Unis et ainsi que l’Inde. En allant sur place, avec de tels pays, vous ne pouvez qu’être surpris parce que vous vivez et ressentez. Vous perdez vos repères avec un autre alphabet, une autre langue que vous ne connaissez pas, avec une nouvelle échelle des bâtiments… C’est aussi un plaisir de perdre ses repères.

.
.
.

Vous dites que 2020 vous a beaucoup inspiré. Quels sont vos projets ?

.
.
.

J’ai pu réaliser mon exposition « Lignées » qui fut très importante pour mon travail. Elle a cristallisé des années de recherches et d’expérimentation autour de l’arbre, de l’autoroute et de la peinture. Cette exposition a été complète et transversale.

En plus avec la crise sanitaire, l’année 2020 a été très chargée émotionnellement .Mais à la fin de l’exposition « Lignées », artistiquement, je me suis senti vidé.

Pendant le confinement, je n’ai pas réussi à créer. Je suis inspiré par les fluides et les échanges. Ce fut donc difficile de créer.

Ma nouvelle exposition en Russie à la Askeri Gallery aura lieu prochainement. De nombreux projets de fresque et d’exposition sont prévus jusqu’à la fin de l’année.
.
.
.

IMG_0590

.
.
.

Pour en savoir plus :

Le site de Romain Froquet : https://romainfroquet.fr/

L’instagram de Romain Froquet : https://www.instagram.com/romainfroquet/

La page Facebook de Romain Froquet : https://www.facebook.com/romainfroquet

PARTAGER