Depuis des siècles, la corrida de rejón constitue une grande partie de la culture du Portugal, de l’Espagne mais aussi du sud-ouest de la France. Le taureau (appelé ici toro) fait face au rejoneador, ce cavalier qui affronte la mort. Plus qu’un sport, plus qu’un affrontement, la corrida à cheval est considérée comme un art de vivre et un rendez-vous incontournable.

Entretien avec Olivero, torero à vie.

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Quel est votre parcours ?

 

Je suis né torero. Cela fait partie de ma culture méditerranéenne et pendant toute mon enfance, j’ai été bercé par ces sons et ces images du taureau et du cheval. Encore aujourd’hui et jusqu’à la fin de mes jours, la tauromachie restera  dans mon sang. J’ai besoin de voir mes animaux chaque jour.

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2018 Grau du Roi 077

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Comment la corrida à cheval peut-elle être perçue ? C’est un sport ? Un spectacle ? Une tradition ? Un rituel ?

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À pied ou à cheval, la tauromachie est un art. Lorsqu’ils viennent voir une corrida, les aficionados sont à la recherche un moment d’art qui demeure  pour toujours dans leurs rétines.  La tauromachie est clairement un art visuel. Le flamenco en a  même repris les gestes avec le poignet et la ceinture.

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Quel est le rôle du costume ?

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Il y a encore un aspect traditionnel. Alors que le torero espagnol va se vêtir d’un costume traditionnel d’El Campo, le torero portugais va porter la tenue style Louis XV. Lorsqu’on revêt le costume, c’est un moment intime pour le torero face aux proches, le valet d’épée et l’imprésario. C’est un moment suspendu puisqu’une heure plus tard, le torero sera dans l’arène face au toro.Vous sentez peu à peu la pression qui monte en vous  au fur et à mesure. Cela dépend également du lieu. La corrida de Madrid est le lieu des lieux : Les taureaux sont plus gros, le public plus exigeant, l’arène plus grande,… Cependant, il faut savoir que même au sein d’une plus petite corrida, si le taureau est puissant, le torero va tout donner face à lui. Chaque arène a son goût particulier.

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Entre le cheval et le toro, il y a l’homme. Quel est le rôle de chacun ?

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Le cheval qui va dans une arène est un cheval torero c’est-à-dire qu’il a été élevé dans un environnement où il connaît le toro, où ces ancêtres ont déjà côtoyé depuis des siècles des toros .Certains poulains ont déjà des réflexes pour torer – ils ont déjà ce don. De plus, un cheval est préparé pendant deux ans de dressage sportif avant d’entrer dans une arène. Avec l’encolure mise, le cheval torero connaît alors parfaitement l’art de la corrida. Lorsqu’un cheval arrête les corridas, sa forme diminue considérablement.

Concernant les races, le cheval lusitanien, élevé auprès des toros, reste le roi de la corrida.Tartas 2013

Face au toro, le danger est également présent pour le cheval. Il peut être chargé et blessé. Le toro lui aussi, connaît son rôle.

Quant à l’homme, son rôle est de piloter. Pour cela, le cheval et l’homme ne doivent faire plus qu’un. Il faut des années de dressage et une connaissance solide des animaux. Si vous montez mal, le cheval va tout de suite sentir que vous n’êtes pas prêt ce qui ne va pas le rassurer.

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Et le public dans tout cela ?

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Il est le soutien que le torero a besoin. Mais le public de la tauromachie est très exigeant. Le torero qui se dresse face au toro doit être au niveau. Pour nous tous, le toro est un dieu.

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Le toro force donc le respect…

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Il est cela, celui qui remet tout le monde à sa place. Si vous n’êtes pas au niveau, le taureau va vous sortir du milieu. Le traitement même de l’animal est important. Si vous lui faites mal, le taureau  ne va pas donner le meilleur de lui-même. Les banderilles ont pour unique but de motiver la bête. Il faut lui donner ce qu’il a envie : Le taureau  doit toujours se sentir supérieur au torero. C’est la règle de la corrida.

Un torero se souvient de tous les toros qu’il a combattus. Avec chacun d’entre eux, il y a eu une histoire intime. C’est la même chose avec le public.

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On dit que le toro est affaibli avant d’entrer dans l’arène…

 

 

 

En Espagne, tout le monde est parfaitement au courant de l’organisation. Nous avons besoin de montrer toutes les facettes et ainsi de balayer toutes les problématiques qu’il y a autour de la tauromachie.

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Quel est le moment le plus émouvant ?

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L’entrée dans l’arène donne une forte impression. Lorsque le taureau entre à son tour, l’ambiance n’est pas la même : 600 kilos vous passent autour de la taille à 50 centimètres. La mort est à ce moment-là très proche…

Ce qui est le plus beau c’est de gracier le toro. C’est rare donc magnifique. L’animal est soigné et au bout de 15 jours, il est relâché auprès des autres taureaux.

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Avec le contexte sanitaire toujours aussi difficile, la tauromachie sera-t-elle de plus en plus rare ?

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Il y a toujours eu des hauts et des bas. Les afficionados attendent toujours des grands toreros et des grands toros. Parfois le niveau baisse puis l’engouement reprend. Les années 90 ont été un pic. Près de 20 grands toreros se sont partagé la gloire.

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oli2

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