Aux temps des vidéos Brut, du Fast & curious de Konbini ou encore de Topito, il y a encore un média qui résiste au format 2 minutes. L’émission diffusée sur YouTube Les clochards célestes est une émission ovni mêlant interview à la papa et inqualifiable bordel.

Fripon de Saint-Germain-des-prés, le présentateur Simon Collin est soit adoré soit détesté. Au moins il fait réagir… Passant aisément de l’écrivain respecté Jean-Paul Enthoven à l’inclassable Magloire, Simon Collin est à l’aise Blaise. Les clochards célestes nous propose même des interviews avec des invités que nous n’aurions plus imaginer revoir… Vivement les prochaines!

Entretien avec Simon Collin, anarchiste bon chic mauvais genre.

 

 

Comment est né Les clochards célestes ?

 

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J’ai toujours eu une passion pour les interviews de personnalités. Plus jeune, je réalisais des fausses avec mon père puis j’ai sauté le pas avec ma première : celle d’Arnaud Montebourg. Le moment fut surréaliste. Stressés, mes amis et moi-même avons décidé de boire en l’attendant. Montebourg est arrivé et a tout de suite remarqué que notre caméra était installée à contre-jour. Nous avons donc changé de place et Montebourg s’est retrouvé alors engoncer dans un canapé. J’ai commencé l’interview en lui demandant son avis sur des citations de Denis Tillinac et d’Alexis de Tocqueville. Montebourg semblait totalement sidéré.

 

« Les clochards célestes » (1958) est le titre d’un roman de Jack Kerouac. J’ai toujours aimé le goût de l’aventure de la Beat generation. L’émission est elle aussi une aventure : on ne sait jamais où on va, les invités en arrivant sont surpris par le concept, par le champagne, par le nombre de filles qui nous entourent… Qu’importe au final puisqu’on s’amuse vraiment pendant l’émission. C’est un moment de fête.

 

 

 

 

Un plan fixe, des émissions qui peuvent parfois durer plus d’une durée, un cadre effronté, une déco feutrée,… Comment s’est habillé Les clochards célestes ?

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Le lieu de l’émission est l’appartement de mon grand-père qui est un grand collectionneur d’art et a été un grand ami du poète Henri Michaux. C’est un lieu emblématique puisque c’est là que Jean-Edern Hallier a créé L’idiot international et que les partisans du Président Allende se sont organisés à Paris. Mon grand-père organisait dans cet appartement de grands dîners et un soir il a même refusé l’entrée à l’écrivain colombien Gabriel Garcia Màrquez.

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Jean-Edern Hallier a donc été la grande inspiration de l’émission ?

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Beaucoup de mes amis ont bien connu Jean-Edern mais me disent qu’il n’y aurait pas une bonne connexion entre lui et moi. C’était un écrivain fou, insupportable, drogué et en même temps une personnalité que j’admire tant. C’était le dernier prince de la débauche. À un moment, plus aucune émission ne voulait de lui à l’exception de 30 millions d’amis. Il a par conséquent présenté son chien à la télévision. Il était formidable.

 

 

 

 

 

Chez les clochards célestes, il y a un goût pour les célébrités en fin de vie…

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Je suis un vrai gérontophile (!). Les jeunes n’ont malheureusement rien à raconter. Beaucoup n’ont aucun humour et d’une banalité terrifiante. Avec les gens de ma génération, il faut parler de Konbini, de quinoa ou de chatons. La folie qui habitait des personnes comme le réalisateur anarchiste Jean-Pierre Mocky, le professeur Choron ou Olivier de Kersauson a disparu.

Je vais prochainement recevoir Didier Barbelivien qui a écrit plus de 1 500 chansons pour Johnny Halliday ou encore Patricia Kaas. Il a tant de choses à dire. J’écoute tous les jours la chanteuse Angèle mais elle n’a rien à dire en interview. C’est triste.

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Y’ a-t-il un goût pour le ragot, l’anecdote ou une certaine sagesse ?

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Je ne m’intéresse qu’aux moments étranges de la vie. J’étudie les biographies de mes invités que pour

trouver les bizarreries. C’est passionnant de parler avec Massimo Gargia de ses vieilles maîtresses; avec Hervé Villard de son voyage en Amérique du Sud où il aurait aperçu Klaus Barbie; avec Jean-Paul Enthoven et de son film, qui est, selon ses termes, « la pire œuvre cinématographique de l’humanité ». Ces moments sont très amusants. Les interviews seules n’ont finalement aucun intérêt. C’est le tout qui est un chef-d’œuvre.

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Désigné comme étant « un glaire dégueulasse » par le média Gonzaï, vous vous êtes habitué à être critiqué ?


 

 

Plus les émissions sont merdiques, plus les commentaires sur YouTube sont bons… J’ai été certes défoncé par Gonzaï qui m’a comparé à Charles Maurras et à Lucien Rebatet mais je pense qu’au final leur équipe a un amour secret pour moi. On peut tout dire des Clochards célestes. C’est une émission gérontophile, grossière ou anarchiste mais en aucun cas d’extrême droite. Jean-Marie Lepen a toujours voulu être invité. Son assistant Lorrain de Saint-Affrique m’a harcelé pour cela. J’ai toujours refusé. Les clochards célestes n’a jamais invité de personnalités d’extrême-droite. J’ai juste envie de donner une ambiance anar.

 

 

 

Il y a eu l’interview avec Gabriel Matzneff qui a fait une grande polémique.

 

 

 

Je l’ai connu par sa maîtresse qui, au moment de ma rencontre avec elle, portait un gilet par balles. Elle revenait de chez Matzneff… Je fais l’émission avec ce vieil écrivain deux jours avant la parution du livre de Vanessa Springora. Ma mère me téléphone de Genève pour me prévenir que je passe dans le grand écran de la ville. Je fais alors un tour sur ma chaîne YouTube et je constate que plus de 25 000 personnes ont regardé dans la nuit l’interview avec Matzneff. Une journaliste avait en fait écrit un article prétendant que Les clochards célestes étaient le lien l’extrême droite et la pédo-criminalité. L’article devait paraître dans Libération le lendemain. J’ai tout fait pour que cela ne puisse pas se faire. La journaliste ne lâchait pas l’affaire. A 7h du matin, nous avons trouvé la solution au problème : on l’a alors prévenue que j’étais mort. Simon Collin était décédé dans la nuit. L’article n’a alors pas paru.

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Le bad buzz fait-il du bien ou du mal?

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Du mal. L’interview avec Gabriel Matzneff a failli tuer l’émission. Dès que je devais recevoir un invité, ce dernier recevait des infos calomnieuses sur ma personne. J’ai fait des recherches avec mon meilleur ami pour savoir qui envoyait de telles horreurs. Au bout d’un mois, j’ai compris que c’était mon ami qui envoyait les infos. Il menait l’enquête sur son propre crime. On a souvent voulu me tuer médiatiquement mais pour le moment, je suis toujours vivant.

 

 

 

Et comment s’est déroulé l’interview avec Nicolas Ker?

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J’ai toujours voulu faire des Clochards célestes une œuvre d’art contemporaine. Nicolas Ker a exaucé mes prières. Lui et ses proches ont censuré une première fois l’interview. Je l’ai alors republiée sur YouTube.

 

 

 

 

Comment peut-on expliquer le grand malaise durant l’interview de Basile de Koch?


 

 

Il fait partie des humoristes qui ne font pas rire. J’imagine un entretien délirant à la Raphaël Mezrahi mais Basile de Koch ne rentre pas du tout dans le jeu. Le malaise est réel et il est vraiment parti. J’ai jeté ses livres à la fin par la fenêtre.

 

 

 

En plus des interviews, il y a les dîners. Est-ce une autre ambiance ?

 

 

 

Oui car ce sont des moments de détente où on invite les plus belles filles de Paris, où des artistes rencontrent d’autres artistes. Avec le contexte sanitaire, les dîners sont devenus impossibles. J’hésite à organiser des déjeuners mais ce ne sera clairement pas la même magie.

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Vous avez envie d’écrire à votre tour?

 

 

 

J’écris en effet un roman inspiré par des épisodes de ma vie. C’est l’histoire dramatique d’un jeune de 21 ans qui sort avec la plus grande escort-girl de Paris. Cette dernière est à la fois le sosie de Michel Simon et à la fois une femme incroyablement sexuelle. Au fil de l’histoire, c’est l’escort-girl qui va tomber amoureuse du jeune garçon. Cela se terminera en tragédie.

 

 

 

Quelle fut l’interview la plus flippante?

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Celle avec Jean-Marie Bigard. Quand il parle, il hurle et tremble comme une bête. Bigard est un artiste puissant capable d’être sur scène devant des milliers et de milliers de spectateurs. Cela se voit.

 

 

 

La plus longue?


 

 

Celle avec Frigide Barjot. Son fils s’occupait du son et elle était en plein monologue. Ivre, et à quatre pattes, je ne parlais que de ses seins. Je n’ai jamais diffusé cette interview. J’en ai donc fait une autre avec Frigide Barjot et cette fois-ci, je me suis endormi. Elle a parlé pendant 5 heures du complot « Covid-19 de Bill Gates ». Je n’ai pas non plus diffusé cette interview.

 

 

 

Celle qui a tourné court ?

 

 

 

Franky Vincent a été odieux. Il me réclamait constamment quelque chose : du café, du sucre puis une cuillère. L’interview n’a pas duré longtemps.

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L’interview la plus « excitante »?

 

 

 

Avec Charles de Consigny, il y a une sorte d’osmose et de la répartie. Nous avons beaucoup de choses en commun: les mêmes passions, les mêmes vices. L’interview fut un véritable coup de foudre amical.

 

 

 

La plus marrante?


 

 

J’hésite entre celle avec Nicolas Ker, celle avec Basile de Koch ou celle avec Michael Lonsdale. Ces trois interviews sont des œuvres d’art.

 

 

 

 

Des envies de rencontres?

 

 

 

J’ai le regret de ne pas avoir reçu des personnalités aujourd’hui décédés comme Maître Jacques Vergès ou Jean-Pierre Mocky. J’aimerais également interviewer Roland Dumas. Pour moi, c’est la dernière crapule, le dernier des géants. Il y a aussi Patrick Sébastien ou encore Olivier de Kersauson.

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Pour en savoir plus :

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La chaîne YouTube de Simon Collin : https://www.youtube.com/channel/UCFdqf6yEM0Fq3tDfU3ISgow

 

 

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