Présent au cinéma, dans les séries et au théâtre, Richard Sammel est un acteur complet. Lors de notre premier entretien, nous avions déjà constaté cette envie d’expérimenter, de varier les rôles et surtout de comprendre les personnages. Après avoir traité de ses interprétations cinématographiques aux côtés de Quentin Tarantino, Daniel Craig ou encore Guillermo Del Toro, nous avons cette fois-ci voulu nous pencher sur l’actualité de Richard Sammel mais aussi sur sa perception du milieu artistique au temps du Covid-19. Entretien.
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Vous donnez des stages. Quels sont les meilleurs conseils que l’on peut donner à un acteur ?
D’avoir la vraie motivation de faire ce métier. Tout est ensuite une question de volonté et de travail. Bâtir une carrière uniquement sur le talent est assez difficile. Être acteur nécessite à un moment donné aussi une discipline, une rigueur. Il est très difficile de vivre de sa passion. À partir du moment où vous cherchez à obtenir un emploi qui vous plaît, il y a de toute façon des difficultés que vous allez rencontrer sur votre chemin. La passion n’est que l’étincelle… ensuite il y a le travail au quotidien…. et c’est ça qui fera la différence.
J’ai commencé au départ en tant que musicien puis je suis devenu acteur. Mais la vie de comédien de théâtre dans une ville allemande, c’était pour moi à l’époque une vie de fonctionnaire. J’ai eu une grande envie de voyager, d’apprendre d’autres langues et de découvrir d’autres cultures. J’ai quitté l’Allemagne. J’ai été mime ou encore danseur. Ma curiosité, l’envie de toujours apprendre est finalement l’énergie de mon travail d’acteur.
Vous faites également du doublage (Hellboy 2, Eleonor d’Avalor…) – Ce sont des interprétations comme les autres ?
À partir de 1993, lorsque je me suis installé à Paris, j’ai aussi gagné ma vie en faisant du doublage. C’était comme un jeu, J’ai doublé des films pour les versions allemande ou française ; je gardais un lien comme ça avec ma langue maternelle et m’entrainais en français au niveau de la diction: j’ai doublé des dessins animés, des documentaires ou encore des publicités. J’étais la voix française de Michael Schumacher pour l’Oréal. Je faisais également de la traduction de l’italien à l’allemand ou encore du français à l’allemand.
De nos jours, je me concentre pour doubler les versions étrangères de mes propres films. J’essaye tout de même de participer autant que je peux aux doublages en France, en Italie et en Allemagne pour éviter d’être doublé par quelqu’un d’autre. Le rythme commence tout de même à être difficile à suivre. La première saison de la série « The Strain » (2014) a été doublée en allemand par une autre voix. J’ai alors insisté pour refaire les doublages de la saison 1 ainsi que pour les autres saisons.
Vous avez incarné Malachie d’Hildesheim dans la mini-série « Le nom de la rose » (2019). Comment on se transforme en moine (après avoir été un vampire) ?
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Vous enfilez une soutane qui pèse 30 kilos, on vous fait une tonsure, vous lisez le livre d’Umberto Eco et vous étudiez beaucoup sur le conflit historique entre les courants chrétiens jacobins et bénédictins au XIVème siècle. Comme pour mes autres rôles, je me renseigne beaucoup. Mais ensuite ce n’est qu’à partir du moment où vous pouvez comprendre l’intimité du personnage, que vous pouvez bien le jouer. Ce moine est un être tourmenté car il porte les clefs de la tour secrète et il est homosexuel – Ce qui au Moyen-Âge pouvait vous faire exécuter. Il y avait ici un mélange explosif à travailler. Quand je joue un personnage, je m’intéresse à ces motivations. Pour quelles raisons il ment ? Il est violent ? Quel est son secret ? J’humanise son personnage, enfin j’essaye de trouver les raisons qui me feraient agir comme lui. C’est ce que j’ai fait notamment avec Heinrich Muller dans la série « Un village français » (2009-2017).
Avec « The head » (2020), vous intégrez un univers proche du thriller. Le huit clos c’est une formidable façon de valoriser son jeu ?
Le huit clos permet d’exalter les émotions. Au départ, tout va bien puis un élément étranger arrive et bouleverse la situation. Le huit clos devient subitement un lieu oppressant où l’aide extérieure ne peut arriver. « The head » se passe en Antarctique et est ce que l’on peut appeler un psycho-thriller glacial.
Avec «Maradona, sueño bendito» (2020), vous incarnez Udo Lattek, l’entraîneur allemand de Diego Maradona. Être acteur c’est surtout du grand plaisir ?
Bahh, c’est sûr que je choisis mes rôles aussi en fonction du plaisir qu’ils peuvent me procurer. Déjà le foot me plait, puis Udo Lattek est une figure historique et le mythe de Maradona est une vraie tragédie grecque. Je suis fan de tout cela; Il s’agit d’une série historique italo-argentino-espagnole réalisée par Alejandro Aimetta. L’histoire traite de la montée de Maradona, de sa gloire au FC Barcelone puis de sa déchéance à Naples. L’entraîneur allemand Udo Lattek a permis au Bayern de Munich de devenir un club international et a ensuite entraîné le FC Barcelone. Le côté personnage historique m’a beaucoup plu. J’ai été également très impressionné de jouer avec Juan Palomino qui joue Maradona. Il lui ressemble beaucoup.
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Les séries sont-elles en train de marginaliser le cinéma ?
La série a redonné les titres de noblesse à la télévision, elle a sauvé la TV. C’est aussi une excellente adaptation au digital avec le streaming. D’un autre côté, c’est vrai le cinéma s’est peut être affaibli. En général, pour un film, vous n’avez que deux heures pour raconter une histoire. Avec la série, vous pouvez prendre votre temps et faire évoluer vos personnages. Pour cette raison, j’apprécie de jouer dans des séries. C’est aujourd’hui devenu un support indispensable. Même de grandes stars de cinéma américaines veulent leur série maintenant. Il y a 10 ans, cela aurait été impossible. Le risque c’est l’overdose de séries mais pour l’instant nous avons surtout une flambée des fictions de très bonne qualité.
Vous avez eu initialement une formation comique. Vous souhaitez vous orienter plus vers ce genre ?
Avec ma rage de vivre et mon physique, on m’a orienté vers des personnages durs, complexes, parfois psychotiques.. Ma propre histoire personnelle a indubitablement influencé cela même si je suis quelqu’un qui rit beaucoup dans la vie. Je veux toujours croire que je suis un acteur éclectique. Je joue en ce moment dans une série allemande proche de l’ambiance de « Six feet under ». Je cherche d’une certaine manière à retrouver le genre comique. Je me suis notamment beaucoup amusé dans la pièce de théâtre « Le bal » (2018) au théâtre Silvia Monfort. C’était très loufoque. Mais je reçois beaucoup de bonnes propositions. Je ne m’interdis donc pas de jouer dans des drames.
Avec la crise sanitaire, le monde du spectacle vivant est considérablement bouleversé. Vous sentez un certain épuisement chez les artistes ?
La crise dans le théâtre ou le cinéma je l’ai toujours senti, à 25, 35, 45 ans. J’ai grandi avec mais maintenant cela menace la survie de beaucoup d’entre nous, surtout les faibles revenus.. Qu’importe la situation, il faut s’adapter aux difficultés. Cette crise sanitaire impose une longue réflexion et une capacité d’adaptation. Tous les artistes ne pourront survivre à cela. Il faudra apprendre à vivre avec le virus. Le monde du cinéma est moins en difficulté que le théâtre où le public est présent dans la salle. L’art vivant doit limiter le nombre de spectateurs ou annuler les spectacles tout court. Par contre, les tournages s’adaptent plus facilement à la crise sanitaire. Dès que je joue sur un lieu de tournage, je suis testé comme le reste de l’équipe (chauffeurs compris). Seuls ceux qui sont testés négatifs travaillent, et seuls les acteurs peuvent enlever le masque devant la caméra. Mais enfin même pour nous beaucoup d’événements sont annulés ou reportés.
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