Et elle tomba. Une anonyme gît sans vie sur le sol sous le regard ébahi des passants. Quelle image ! Stephanie Leigh Rose a commencé une série de photos il y a à présent 9 ans. Elle pose morte devant des attractions touristiques telles que la Tour Eiffel, le Golden Gate, l’Etna ou encore Buckingham Palace. Interview.
Pouvez-nous expliquer votre travail ? Est-ce un peu court de le résumer un anti-selfie ?
STEFDIES est une performance photographique qui narre une vie. Chaque photo est un « anti-selfie » qui s’efforce de revenir aux racines au sujet initial de la photographie : Capturer un moment dans le temps.
Ces photos entraînent des discussions sur la mort, le motif réel de la photo et stimulent 
l’imagination. Chaque image est une capture d’un mauvais moment passé durant une journée. Rien de moins, rien de plus. C’est selon moi le plus grand sens que la photographie devrait avoir : Montrer que « j’étais ici ».
L’intérêt de STEFDIES est que le spectateur peut participer à la conception de la photographie. Il peut en effet imaginer les raisons de cette chute ou recréer une telle pose sur ses propres photos. Mes cheveux longs (et mon maillot de bain sur certaines photos) montrent que je suis une femme mais à part cela, rien d’autre sur les photos ne montre qui je suis. Je préfère que STEFDIES reste neutre ne montrant pas un âge précis, une nationalité, une politique, un statut social-économique… STEFDIES est un personnage à part entière. Je souhaite que les spectateurs aient leur propre avis et à interpréter les scènes. Le plus amusant sur ces photos c’est personne ne sait ce qu’il s’est réellement passé. C’est en fait ce qui arrive souvent.
Toutes les images STEFDIES se sont réalisées spontanément dans ma vie. Ce que vous voyez, spectateurs, ne sont que 25% de ce que j’ai pu réalisées. C’est pour cette raison que les photos STEFDIES sont l’opposées d’un selfie. Ce dernier est parfaitement contrôlé avec un éclairage spécifique, avec du maquillage, une belle coiffure, une jolie robe, un agenda et se concentre sur un individu. C’est finalement une image artificielle, manipulée et déformée. STEFIDIES en est l’anti-thèse. Je n’ai qu’un essai pour réaliser la photo. Si cela ne marche pas – Ce n’est pas grave, c’est la vie. Nous n’avons qu’une vie à vivre et nous ne pourrons pas la revivre. J’essaye justement de capturer dans mes photos ces moments de vie et son côté éphémère.
Votre travail est réalisé avec minutie comme avec la position de vos jambes et des mains, le même cadrage,… Y’a-t-il des artistes qui ont une grande influence sur votre travail (peintres, photographes,…) ?
J’apprécie beaucoup le travail de Yoko Ono et de Cindy Sherman utilisant la performance artistique et la photographie afin de toucher un plus grand nombre de personnes. Le peintre John Currin combine très bien l’histoire de l’art et le kitsch dans ses satires. Les photographies de Tim Walker sont tout simplement splendides et de haute tenue. J’apprécie Alexander McQueen pour une esthétique similaire et son interprétation de la grandeur – combinant mortalité et nature dans ses créations de mode; Paul Rubens 
pour son intelligence créative, absurde et joyeuse de Pee-Wee Herman. Ses spectacles, ces émissions de télévisions ou encore ses films sont formidables; Jim Henson pour son imagination et pour avoir fait don au monde de ses Muppets et de 1, rue Sésame; puis il y aussi M. Fred Rogers (Mister Rogers’ neighborhood) qui a appris des générations d’enfants à être gentils et à aimer son prochain. Chaque semaine, il finissait son émission par dire : « Tu as fait de cette journée une journée spéciale en étant présent. Dans le monde entier, il n’y a personne d’autre comme toi et je t’apprécies pour ce que tu es. » Cela résume parfaitement les grandes valeurs de STEFDIES. Tout ce que j’ai pour ma photo, c’est moi, mon appareil photo et ce moment à capturer. C’est suffisant. C’est cette chose simple que je souhaite partager avec le reste du monde.
Même si on ne voit jamais le visage, celui qui fait la performance n’est qu’une seule et même personne : Vous. Est-ce un choix depuis le début ?
Oui. Mon projet raconte ma vie et mes voyages par conséquent ce sera toujours moi, Stef. MAIS je n’aime pas trop expliquer le contexte et l’histoire de la photo car je veux laisser place à l’imagination du spectateur. Moins je suggère et plus le spectateur peut s’identifier au personnage de Stef et à sa chute. J’ai toujours souhaité que mes photos et mon personnage soient agréables à regarder. Stef doit également être le plus neutre possible. Elle peut être n’importe qui, de n’importe quelle origine, de n’importe quelle religion, de n’importe quel statut économique et social, de n’importe quel genre…
Est-ce une vraie organisation de trouver le meilleur endroit ou parfois vous improvisez ?
Toutes mes photos sont improvisées. Cela veut dire qu’aucune prise n’a été préparée à l’avance. Il n’y a aucune organisation, aucune volonté de trouver le meilleur endroit, de rechercher la meilleure lumière. Rien. Une des particularités que j’essaye de montrer avec mon travail c’est que ces moments de vie nous arriveront toujours et qu’il faut parfois 
s’arrêter et faire attention à ce qui nous entoure. Parfois, les meilleures choses qui nous arrivent dans nos vies n’auraient pas dû arriver. Je crois fermement en 2 choses : Nous avons déjà tout ce dont nous avons besoin dans nous-mêmes; et il n’y a pas de meilleur moment que le présent. C’est pour cette raison que STEFDIES est comme un documentaire. Je prends en photo que ce qui m’arrive. Je crois que nous apprenons beaucoup sur nous-mêmes en apprenant sur les autres. C’est pourquoi j’adore voyager.
C’est aussi pour cette raison que mes photos sont des « anti-selfies ». Je suis toujours préoccupée par l’attention. L’idée d’un selfie préparé est de transmettre une image clairement améliorée de la réalité et de donner envie au spectateur d’avoir le même style de vie ou la même marque. Cela va inciter le spectateur, pensant qu’il est moins bien car différent, à vouloir atteindre ce même degré de perfection. Je pense qu’il est dangereux de donner une fausse illusion aux jeunes générations très friandes des réseaux sociaux. Cette idée de « perfection » peut conduire à des attentes irréalistes puis à des sentiments d’échecs lorsqu’on ne trouve pas sa place dans la culture du moment. J’aimerais produire des œuvres qui puissent briser ce moule et permettre à tous d’utiliser les réseaux sociaux de façon unique, drôle et unique.
Pensez-vous que nous vivons que nous vivons dans une société très individualiste et égocentrique où nous sommes finalement étendus seuls dans la foule ?
Oui je le pense que nous avons perdu l’esprit du village et de la communauté malheureusement.
La France semble être une grande source d’inspiration pour vous. Est-ce un formidable endroit pour mourir ?
Ahaha oui. Vive la France [En Français dans le texte]. J’adore réellement travailler en 
France. Beaucoup de gens pensent que je fais un art bizarre… C’est la réalité. Les Parisiens ont toujours très bien accepté mon travail artistique même s’ils n’ont aucune idée de ce que je fais vraiment. Je voudrais visiter d’autres endroits en France et « leave a mark » [Laisser une trace]. C’est surtout les zones vinicoles qui m’intéresse et rencontrer les producteurs de vins. Boire du vin est une de mes occupations préférées – cela se voit d’ailleurs sur mes photos haha! Je plaisante…enfin peut-être pas 😉 . Arles fut un formidable endroit pour « mourir ». C’était durant les Rencontres d’Arles de 2018, énorme festival de photographies qui attirent des artistes du monde entier.
Quelle fut la réaction la plus étrange de personnes lors d’une performance ?
En général, les réactions les plus étranges sont : Pas de réaction. 99% du tem
ps personne n’ose demander ce qui se passe. Les gens se contentent de regarder et ne prête pas d’assistance. C’est genre « ce n’est pas mon problème » ou « quelqu’un d’autre devrait aider ». Les 1% ont le souffle coupé, se précipitent vers moi ou se mettent à me crier dessus. J’ai déjà été virée d’endroits; la police est parfois même venue pour m’aider :). Il y a eu un événement qui me revient à l’esprit et qui est même arrivé en France. J’attends toujours la bonne opportunité pour faire les photos. Un de ces moments est arrivé à Pigalle, quartier réputé pour être assez électrique et fréquenté la nuit. Je n’aurais pas dû être surprise de voir des gens s’amuser et boire dehors. Mais alors que j’étais allongée, je sentis soudainement une énorme pression sur moi, un souffle et une odeur terrible de sueur et d’alcool. Apparemment, mon nouvel ami voulait participer à ma performance artistique…
Vous dites que STEFDIES est un hymne à la vie. Cela veut-il dire que vous seriez prête à le faire toute votre vie ?
ABSOLUMENT! Je pense que ce sera fantastique de revoir cela après des années de STEFDIES. Chaque fois que je prends une photo STEFDIES, je me sens complètement engagé dans le moment et l’environnement. Ma position contre le sol l’exige. En m’engageant physiquement à cet instant précis, je me crée une mémoire sensorielle et lorsque je regarde la photo, je ris à nouveau car j’ai l’air ridicule. J’aimerais me souvenir de nombreux moments de ma vie ainsi et j’espère que je m’en souviendrai pendant longtemps.
Vous avez de nouveaux projets ?
Oui j’ai été pas mal occupée à ajouter de nouveaux visuels sur mon site internet mais des sacs avec le logo STEFDIES. La plupart des photos STEFDIES en ligne peuvent vous être 
envoyée chez vous. De plus, j’ai commencé à travailler sur des images et des histoires pour un livre sur les tables basses (si vous connaissez un éditeur qui pourrait être intéressé, n’hésitez pas à les mettre en lien avec moi ! ahaha).
Pour 2021, j’ai décidé de laisser à mes admirateurs et fans de m’aider dans mes aventures. J’ai pensé que ce serait drôle de créer un lien plus proche avec ceux qui me suivent. Je vais organiser mes futures voyages et aventures avec leurs conseils. Même si je suis encore en train de réfléchir à la conception du projet, je suis ouverte à toutes les idées. Vous pouvez me les envoyer à info@stefdies.com. Qui sait? Je pourrais peut-être passer dans votre ville. Je suis toujours intéressée d’explorer de nouveaux endroits, de nouveaux plats et d’avoir de nouveaux amis.
Pour en savoir plus :
Le site internet de STEFDIES : www.stefdies.com
Facebook : /stefdiesofficial
Instagram : https://www.instagram.com/stefdies/?hl=fr
And she fell… An anonymous person is lying motionless on the ground sometimes under the amazed gaze of passersby. What a picture! Stephanie Leigh Rose started the picture series 9 years ago taking photos pretending to be dead in front of tourist attractions around the world such as the Eiffel tower, the Golden Gate Bridge, Mount Etna or Buckingham Palace. Interview.
How can you describe your artwork ? Is it a bit short to sum up as an ‘anti-selfie’ ?
STEFDIES is a photographic performance that chronicles a life. Each photo is an ‘anti-selfie’ that strives to get back to the roots of what a photograph was intended to be – a captured moment in time.
The series provokes discussion on mortality, the function of photography, and stirs the imagination. Each photo is just a blip in a day. Nothing less, nothing more. It is the truest sense of what I believe photographs should be- tangible physical proof that ‘I was here’.
The entire point of STEFDIES, is that the viewer is allowed to participate in the image, whether that is by imagining the circumtances of the surrounding image, or in recreating the STEFDIES pose in their own photos. My long hair (and swimsuit in selected photos) would allude to the fact I am a female, but outside of a viewer coming to one of my gallery shows and meeting me personally, I prefer to keep STEFDIES neutral and free of age, nationality, politic, socioeconomic status. STEFDIES is a character of its own, and I invite people to connect with that, and interpret the scenes as they wish. Part of the joy and humor of STEFDIES, is no-one knows exactly what the hell is going on, and that’s pretty much a direct reflection of real life in general.
All STEFDIES images occur spontaneously in my daily life, the images the viewer happens to see are the 25% of images that are useable. This is why a STEFDIES image is the opposite of a selfie. A selfie has controlled conditions, specific lightning, make-up/hair/wardrobe, an agenda, and is focused on the individual personality – it is a contrived and manipulated image distorted to achieve a desire result. STEFDIES is the polar opposite- I get one chance to get the shot, if it doesn’t happen, c’est la vie! We have one life to live, and we don’t get re-do’s- I would like to think I try to capture that feeling sense of life and its impermanence in my photos.
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Your art is really well-organized like the position of your legs and arms, the same framing… Do some artists have a big influence on your work (painters, photographers…) ?
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I very much enjoy the work of Yoko Ono and Cindy Sherman regarding performance art and the use of photography to engage larger audiences. John Currin the painter combining art history and kitsch in his satirical attitude towards his subject matter. Tim Walker’s photographs which are gorgeous and high fashion. Alexander McQueen for the similar aesthetic of grandeur and combining mortality and nature in his fashion designs, Paul Rubens for his clever, absurdist, and joyous creation of Pee Wee Herman and corresponding live stage show/television show/films, and Jim Henson for his imagination and his gift to the world of the Muppets and Sesame Street. Then there is Mr. Fred Rogers (Mr. Roger’s Neighborhood), who taught entire generations of children to be kind and love their (global) neighbor. Every week he ended the program by saying, ‘You’ve made this day a special day, by just your being you. There’s no person in the whole world like you; and I like you just the way you are. This statement underlines the core value of STEFDIES. All I have for a STEFDIES photo is myself, my camera, and the moment… and that is enough. That is joyful. That simple thing is something I can share with the world.
Even though you never see the face, the performer is definitely the same person : You. Is it a choice from the beginning ?
Yes. My project chronicles my life and travels, so of course it will always be me, Stef. BUT- I don’t like to expose much of the contest of the context or story of the photo, as I like to leave the story up to the viewer’s imagination. The less I speak about the image, the more the viewers may identify themselves in the character of Stef and in the imaginary world and circumstance. I had always wanted my photos and my character to be relatable, and I try to do that by having the Stef character neutral as much as possible. Stef can be any person, any ethnicity, and religion, from any socioeconomic background, any gender identifying…
Is it a real organisation to find the best spot or you improvise sometimes ?
should stop and pay attention in the moment. Sometimes the best things in life cannot be planned. I firmly believe 2 things- we have everything we need already inside of ourselves, and there is no time like the present. This is why the STEFDIES series is very much a documentary. I’m capturing my life as it is happening. I believe we learn about ourselves by learning about others. This is why I’m passionate about travel.
Do you think we live in a very individualistic and egocentric society where we are finally lying alone in the crowd ?
Yes. I think as a civilization we are moving away from our sense of village and community unfortunately.
France seems to be a big inspiration for you. Is it a great spot to die ?
Haha yes! Vive la France. I really do love working in France, as many people ass
ume I’m an artist doing some sort of weird work…which i am! Parisians have always been very accepting of my work, even if they have no idea what I’m doing. I’m interested to travel to other areas of France and “ leave a mark.” In particular I’d love to visit more wine regions in France and meet local producers. Wine tasting is one of my hobbies, which may have contributed to some of my photos haha! Just kidding….maybe. 😉 Arles France was also fun then to “die” in as part of BYOPAPER ARLES / Rencontres d’Arles 2018 which is a huge photography festival showcasing the work of artists from around the world.
What was the weirdest reaction of people when you were performing your art ?
In general, the weirdest reaction to my work, is there IS NO REACTION. 99% of the time no-one offers assistance. People tend to stare, but no-one is willing to help. Everyone seems to think “ not my problem” or “ someone else should help.” The other 1% of the time people gasp, rush over, or generally yell at me. I have been kicked out of a few places and the police have “ assisted” me leaving places a handful of times. ;)One event sticks out in my mind though, and interestingly enough it happened in France. I’ve never released these images, as I was waiting for the right opportunity…which seems to be now. I had been trying to take a picture in the Quartier Pigalle which is noted for its red light district and eclectic nightlife. I should not have been surprised as many people were outdoors drinking and having fun. But as I was facedown, it was shocking as all of the sudden I felt this enormous pressure and force knock the wind out of me and the overpowering stench of body odor and alcohol. Apparently my new friend had decided to participate in my photograph as well!
You say STEFDIES is a celebration of life. Does it mean you are willing to do it for the rest of your life ?
images and stories for a coffee table book (so if you know any publishers who would find this interesting, send them my way AHAHA).
