Affiche, film, publicité,… le visuel est omniprésent dans nos sociétés. Il faut savoir bien regarder pour nous émouvoir. Mais en un un clignement d’œil, de multiples émotions peuvent surgir. L’image devient alors la passerelle entre le spectateur et l’artiste. Tel est l’art du graphiste – surprendre, interpeller, nous faire réfléchir.

Avec « Oh dis », Audrey de Zutter, jeune graphiste de Belgique, nous donne cette liberté d’interpréter son art et par conséquent nous pousse à s’interroger sur cette « ligne conductrice philosophique ». Voici nos questions.

 

 

Comment peut-on décrire votre style ? Quelles sont vos inspirations ?

 

 

En général, j’ai du mal à expliquer mon style, les mots me dérangent un peu. Je n’ai pas envie d’être mise dans une case, les dessins me ressemblent mais peuvent changer légèrement d’apparence. Tout dépendra de l’état d’esprit dans lequel je serai au moment du ZUTTER7dessin. Il n’est pas question de parler d’un état de transe ou autre, c’est tout simplement que parfois on ressent plus l’envie de tracer des courbes légères et un autre jour on aura envie de dessiner de manière plus dure. Il est certain que si on regarde en globalité mes différentes réalisations, on se retrouve dans un domaine d’illustrations, on pourrait peut être parler de minimalisme pour certaines.

Un style forgé par mes études graphiques, qui m’ont appris à mieux analyser une information et surtout à pouvoir la synthétiser pour devenir quelque chose de plus fort.

Concernant mes inspirations artistiques, je n’en ai pas précisément, l’important c’est l’ouverture au monde, ouvrir les yeux sur ce qu’il se passe autour de soi. Si on s’entraîne à analyser de la bonne manière, tout peut devenir inspirant. En prenant une émotion, une situation, un objet important dans ce moment, je pense à une mise en scène ou une manière de rassembler ces trois éléments puis je dessine directement en synthétisant l’idée.

 

 

« Oh dis! » est votre expression d’un art spontané. Est-ce aussi la volonté d’interpeller le spectateur ?

 

 

Peut-être, je n’y ai pas pensé réellement. J’ai un faible pour les contrastes forts, que ça soit dans la musique, le graphisme, l’architecture, les films, la danse, l’art dans toutes ses formes…

Les éléments qui marquent les esprits m’intéressent beaucoup et naturellement, ce que je fais ou dis retransmet ce que j’aime et donc, qui je suis. Ayant une personnalité discrète de prime abord, j’ai toujours utilisé l’impact visuel pour pouvoir m’affirmer sans avoir réellement besoin de m’exprimer. Les gens qui me connaissent savent que je suis quelqu’un de spontané, qui aime exprimer sa pensée de manière légère. « Oh dis », résume cet aspect de ma personnalité et la manière dont arrive l’idée d’un dessin, sa réalisation aussi mais il m’arrive aussi de devoir les retravailler pour arriver à un impact plus fort.

 

 

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Le visage expressif est souvent accompagné d’une ou des mains. Est-ce une signature ?

 

 

Les mains représentent énormément de choses et sont parfois utiles dans lZUTTER5’expression d’une émotion, force, tristesse, angoisse. La seule signature présente (tout en étant invisible) dans chaque dessin, est une ligne conductrice philosophique.

Quelle que soit la raison pour laquelle je l’ai dessiné et ce qu’il représente il devra toujours m’inspirer de l’espoir.

Une volonté de voir quelque chose de positif dans n’importe quelle situation. En résumé quoi que vous aimiez dans mes réalisations, il faut le voir comme quelque chose de positif même s’il vous inspire son contraire.

 

 

Dans certaines de vos œuvres, vous apparaissez. Votre art reflète-t-il également votre quotidien ou des épisodes de votre vie ?

 

 

Tout ce qui est dessiné représente un élément du quotidien ou une émotion en lien de près ou de loin avec ma vie, mais je pense que c’est le cas de beaucoup de gens. Quoi qu’on fasse dans une journée, nos gestes, nos paroles seront les reflets d’un sentiment en lien avec notre quotidien et notre manière de le gérer. Certains parleront, feront un sport, une danse, une musique,… et d’autres s’expriment en dessinant.

 

 

Vos dessins ont illustré vêtements, décor de théâtre ou encore cookies. Où aimeriez-vous les emmener à présent ?

 

 

J’ai eu la chance d’être contactée par «Sans Allure», un magasin de vêtement vintage, c’était un réel plaisir de pouvoir travailler avec elle et de voir mes illustrations brodées sur ses pièces magnifiquement choisies.ZUTTER6

Au niveau des décors, j’ai travaillé pour l’ «Atelier M», une maison de jeunes à Charleroi connue pour leurs ateliers Slam. Toujours dans le registre du «décor», il y a eu le «Théâtre de L’ancre» (aussi à Charleroi), où j’ai été exposée au coté de l’artiste, «Basti DRK» et l’installation de «Sans Allure» pour la deuxième édition du Focus «Me, myself & I» contenant cinq récits autobiographiques dans lesquels les artistes convoquaient sur scène leurs quotidiens.

Concernant les cookies, c’était une collaboration avec des amies pendant nos études pour financer notre voyage à Berlin, rien d’officiel mais très drôle à faire.

Il est possible de me commander un/des dessin(s) en lien avec votre personnalité, mais ça je l’intègre dans le domaine de mon travail de graphiste.

Rien de ce que j’ai fait pour le moment avec mes dessins était prévu, je n’ai pas d’idée précise d’un but à atteindre, je veux que ça reste une passion, quelque chose qui me détend et qui ne soit pas dirige par une obligation. J’ai beaucoup de contrôle sur le reste et mes choix professionnels donc je mets un point d’honneur à laisser ça dans les mains du hasard, ce qui pour le moment fonctionne. La seule chose qui a toujours été dans ma tête pour la suite, en continuité au plaisir que j’ai eu à voir les dessins brodées sur un vêtement, c’est de les voir gravés dans la peau des gens, mais si ça ne se fait pas, ce n’est pas grave. Ce qui facilite les possibilités de futur, c’est ma nature éclectique, je peux tout apprécier et donc m’adapter à n’importe quelle demande artistique.

 

 

Quels sont vos projets ?

 

 

J’ai toujours aimé créer que ça soit par le dessin, la gravure, peinture, sérigraphie, tout en observant et analysant de manière précise ce qui m’entoure, ce qui m’a amenée à faire des études pour devenir graphiste. Directement après mes études, j’ai travaillé dans une maison d’édition d’estampes «Bruno Robbe Edition» située à Mons, un endroit où l’on rencontre quotidiennement des artistes talentueux et inspirants.

J’avais un lien direct avec ce que j’aimais faire mais il manquait un autre point de ma personnalité, c’est le partage et l’envie d’apprendre aux autres et apprendre en retour. Je suis partie pour devenir animatrice culturelle à la Province du Hainaut, grâce à ça j’ai pu expérimenter différentes techniques artistiques avec différents publics. Puis j’ai travaillé au BPS22, musée d’art contemporain (Charleroi), en travaillant pour ce lieu, l’envie de partager des techniques artistiques aux autres s’est confirmée, je me suis donc lancée directement en parallèle dans les cours du soir pour devenir enseignante.

Ayant fini mes études pour être enseignante, je garde beaucoup de temps pour trouver un poste dans ce milieu, sans oublier que je reste graphiste freelance. Concernant ma passion, je me laisse «porter par le vent». Cependant d’autres projets sont en cours, mais je ne préfère pas en parler tant que ce n’est pas déjà mis en place. L’avenir nous le dira mieux que moi.

 

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  • 4ème photo : « Remember Me » photographe Leslie Artamonow et maquillage Barbara Chila. Les vêtements portés sont en collaboration avec Sans Allure
  • Photos des grands dessins peints directement sur le mur à l’Atelier M
  • Dessins accrochés sur un mur noir – Théâtre de l’Ancre.

 

Pour en savoir plus :

La page Facebook « Oh dis » : https://www.facebook.com/ohdisartworks/

La page Instagram d’Audrey de Zutter : https://www.instagram.com/audrey_de_zutter/

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