Avec une guitare, un piano, un ordinateur et surtout avec sa voix, Joy Blank se met en scène. Chanteuse et compositrice, cette jeune bretonne est actuellement dans un studio d’enregistrement parisien pour son nouvel EP tout en préparant une tournée cet été. L’occasion pour nous d’en savoir plus sur son style et son essence artistique.

 

 

La musique a-t-elle été une logique dans votre parcours ?

 

 

Logique, je ne pense pas que ce serait le terme le plus approprié: Certes mon environnement familial a favorisé un certain développement artistique : ma mère peintre, écrivain, ayant l’oreille absolue et mon père qui était un profond artiste dans l’âme.
Mais la musique n’a pas été pour moi une construction logique, car j’ai un rapport complètement passionnel avec elle. Le cœur a ses raisons que la raison ignore ! Depuis toute petite, je me suis plongée dans la création très naturellement. Je ne savais pas pour autant que ce serait ma vocation: après avoir essayé les études de maths-informatique, j’ai obtenu une licence de droit à la Sorbonne. J’hésitais avec une carrière liée à l’environnement, les animaux. Jusqu’à ce que je me rende compte qu’il m’était impossible de continuer de vivre sans être pleinement investie dans la musique.

 

 

L’anglais pour la chanson était-il logique dans votre travail écriture ? Comment vient l’inspiration ?

 

 

Pour le coup, c’est un peu plus logique: ma mère ayant étudié la littérature américaine, mon prénom Joy… J’ai appris les rudiments de la langue anglaise assez jeune. Lorsque je compose, l’anglais me vient en premier. Mon attention dans la musique se porte thumbnail1particulièrement sur la mélodie et les sons, bien avant le texte. Je laisse libre cours à l’inspiration, j’essaie tant bien que mal de ne pas la brider. Et si c’est l’anglais qui vient en premier alors je l’accepte. Cela pourrait être une toute autre langue qui s’imposerait d’elle-même, voire une langue qui n’existe pas, alors je l’accepterais également et utiliserais ce nouveau «  langage » dans mes textes. Je pense qu’il faut limiter le moins possible la composition avec des contraintes culturelles, géographiques ou commerciales. C’est la raison d’être de l’œuvre qui prime.
Concernant mes périodes d’inspiration, comme beaucoup d’artistes, celle-ci vient plus particulièrement dans les moments de profondes mélancolies. La mélancolie étant assez présente chez moi, j’ai pas mal de compositions en stock ! Quand cela arrive, je me pose sur le piano, la guitare ou l’ordinateur et ça vient.

 

 

Le fait d’être féministe et anti-spéciste influence-t-il votre écriture ?

 

 

Complètement ! Je ne me verrais pas être une artiste sans «  message ». L’art a un grand pouvoir, c’est un micro amplifié vers le monde. Le pouvoir de la parole, de l’expression. J’ai cette chance de pouvoir m’exprimer publiquement et de communiquer mon envie de voir ce monde évoluer. Il est essentiel pour moi d’avoir des textes profondément engagés et engageants Mes textes ne portent pas tous sur les animaux, l’écologie ou les femmes. Je parle aussi beaucoup d’amour, d’introversion, d’introspection, de deuils… thèmes bien plus personnels. Et même dans ces textes, je m’assure d’être authentique et d’ouvrir le monde vers une meilleure connaissance de soi et donc des autres, de renverser les codes sur ce qu’est un homme/une femme/ un animal. Je souhaite exploser les limites corporelles. Chanter en tant qu’être. Point.
Par exemple, dans la chanson «  I am Beneath The Machine »,  le narrateur peut aussi bien être un animal dans un abattoir qu’un humain dans les rouages de la société actuelle.

 

 

Le projet Joy Blank est-il un projet « solitaire » ou il a pu se nourrir de différentes collaborations ?

 

 

C’est seule dans ma chambre en Bretagne sur mon ordinateur que j’ai commencé à composer: j’avais enregistré une douzaine de maquettes dans un style expérimental. Puis je suis rentrée dans une école de musique. C’est là que j’ai rencontré Rémi Drouillard, qui malheureusement nous a quittés en novembre dernier, avec qui j’ai entretenu une relation professionnelle et amoureuse. J’ai réalisé mon premier EP avec lui avec l’aide de Dino Trifunovic et d’autres musiciens tels que Amine Ouazanni, Math VJ, Christian Leroy.  Pour les compositions plus récentes sur lesquelles je travaille actuellement, je suis revenue à mes habitudes de loner.

 

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Y’a-t-il d’autres influences que la pop dans vos chansons ?

 

 

Oui ! C’est vrai, je compose énormément de pop. Mais comme évoqué précédemment, j’ai commencé dans un style beaucoup + alternatif. Je travaille actuellement sur des morceaux hip-hop/trip hop. Dans tous les cas, je suis très influencée par la musique classique.

 

 

Le fait d’être en concert, de voir les réactions du public apporte-il plus d’inspiration pour les morceaux ?

 

 

J’aurais tendance à séparer l’inspiration – moment de retrouvailles avec soi-même – de la mise en relation avec le public. De nature introvertie, mon rapport avec l’extérieur est assez spécial.
En ce qui me concerne, la composition et l’inspiration font appel à des projections mentales, dans le futur, le passé… Alors que la scène est un moyen de vivre intensément le moment présent. Elle me permet de lâcher prise, d’avoir confiance en moi, d’oser, de me connecter aux autres et d’exprimer les accumulations de messages et d’idées. Comme un remède à tous les maux, une libération. Ce n’est pas ma source d’inspiration musicale mais plutôt d’énergie vitale. C’est l’expiration après l’inspiration. Je ne me verrais pas vivre sans l’une ou l’autre.

 

Quelle est votre actualité ?

 

Je vais sortir mon 1er EP courant 2019. Et j’organise une série de dates en France depuis le printemps.

 

 

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Pour en savoir plus :

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