Il y a 100 ans débutait la révolution d’Octobre, deuxième phase de la révolution russe après la révolution de Février. La Russie enlisée dans la Première Guerre mondiale depuis 1914 et qui peine à répondre aux exigences économiques et sociales, ne parvient pas à trouver les solutions adéquates. Le gouvernement provisoire, qui avait succédé au Tsar Nicolas II, tombe face aux bolchéviques, autrefois minoritaires et qui pourtant, fin 1917, parvient à prendre les rênes du pouvoir et à le garder jusqu’à la chute de l’URSS en 1991.

La révolution russe n’a pas seulement provoqué une terrible guerre civile, elle a également bouleversé le monde entier. Jean-Jacques Marie, historien spécialiste de l’Union soviétique et du communisme, répond à nos questions. La révolution russe n’a pas fini de faire parler d’elle.

 

 

 

– Selon vous, quelles étaient les principales failles de l’Empire russe en février 1917 ?

 

 

 

La guerre révèle et exacerbe toutes les faiblesses ou tares du régime. En 1905, pour endiguer la marée de la révolution, le tsar avait concédé la création d’une assemblée   (Douma) aux pouvoirs purement consultatifs. Il avait dissous au bout de quelques 4a49617830d48e9168b620a075521ae0--tsar-nicholas-ii-tsar-nicolas
semaines les deux premières dont la composition et les demandes lui déplaisaient, avait modifié la loi électorale pour avoir une assemblée à sa botte. Il l’avait obtenue en 1912, la Douma élue alors ayant reçu le nom de Douma des Seigneurs. Mais dès que la guerre éclate Nicolas II, certain d’être Tsar par la grâce de Dieu, l’ignore complètement, désigne un  gouvernement composé uniquement de membres de la haute bureaucratie tsariste et réussit à mécontenter même la bourgeoisie industrielle et financière  soucieuse pourtant, comme lui, de gagner la guerre.

 

 

La guerre tourne vite à la catastrophe. Dès octobre 1915, le monarchiste libéral Maklakov compare la Russie à une automobile conduite à la catastrophe inéluctable par son chauffeur que les passagers harcèlent de conseils respectueux mais inutiles puisqu’ils laissent le volant à ce chauffeur qui ne les écoute pas.

Et il et ajoute. « On n’avait pas d’idée où nous allions; on avançait les yeux fermés, machinalement. »

 

Dès 1916, la production de fusils et de cartouches est plus de huit fois inférieure aux besoins. D’août 1914 à mars 1917 la dette de l’Etat quadruple. A la Douma, le Ier novembre 19I6, le chef du parti cadet Milioukov, dénonçant le gouvernement et l’entourage de l’Empereur, s’interroge « Sottise ou trahison? ».

 

Lorsque s’ouvre l’année 1917 le bilan de la guerre est accablant: en trois ans près de 15 millions d’hommes ont été retirés de la production pour partir sous les drapeaux;1,5 millions sont morts, 2 millions  blessés et mutilés, près de 3 millions prisonniers. L’hiver 1916-1917 est glacial. Des congères sur les voies ferrées bloquent les trains pendant des heures, faute de personnel pour les déblayer. Une lente paralysie gagne le pays : le charbon  s’entasse sur le carreau des mines du Donbass pendant que les usines de Petrograd, manquant de combustible, travaillent au ralenti ou s’arrêtent. L’engorgement des transports et la baisse de la production agricole provoquent de premières ruptures d’approvisionnement.

Au début de 1917, les cartes de ravitaillement se généralisent dans les grandes villes et la crainte de manquer de pain gagne la population. Les prix grimpent, les paysans gardent leur blé, qu’ils refusent de vendre au prix fixé par l ‘Etat. La faim menace les villes. La spéculation se déchaîne et déchaîne les passions.

 

Les défaites, leur cortège de morts et de mutilés, la démoralisation de millions de soldats mal vêtus, mal nourris, mal chaussés, mal armés, piétinant dans la neige et la boue en attendant la retraite prochaine et le prochain massacre, l’incurie de l’ état-major ,la corruption des cercles dirigeants englués dans les bénéfices de guerre, le discrédit de la famille royale, entachée par les frasques de Raspoutine, la  chute de la production industrielle, la paralysie croissante des transports, qui ralentit le ravitaillement minent le régime. Dans les sommets eux-mêmes certains, inquiets, pensent à remplacer Nicolas II par son frère Michel. Mais peut-on changer de tsar en temps de guerre sans hâter l’explosion menaçante? Les ombres de complots avortent sur cette peur.

 

Un rapport d’un membre de la police politique (l’Okhrana) en janvier annonce à des autorités aveugles et sourdes : « le prolétariat de la capitale est aux bords du désespoir; on pense que la plus petite explosion, due au moindre prétexte, conduira à des émeutes incontrôlables; (…) la situation économique des masses (…) est proche de la détresse. (…) la masse des ouvriers industriels est prête à se laisser aller aux excès les plus sauvages d’une émeute de la faim. Les interdictions légales qui pèsent sur les travailleurs sont devenues insupportables et intolérables. »

 

Au début de janvier les réserves de vivres de Petrograd, où s’entassent alors 90.000 réservistes et de Moscou sont d’une semaine; les files d’attente s’allongent dans le froid devant les boulangeries  Le député ultra-monarchiste Choulguine note : « La révolution était prête, les révolutionnaires n’étaient pas prêts ». La rupture d’approvisionnement menaçante va pourtant faire éclater la faiblesse organique du régime et transformer le 23 février, une manifestation d’ouvrières du textile en révolution.

 

RR

 

 

– Que la Révolution réussisse ou non, l’objectif initial des bolchéviques n’était-il pas de faire au moins mieux que la Commune de Paris ou la Révolution de 1905 ?

 

 

 

Tout dépend de quels bolchéviques on parle…Certains, très sceptiques sur la possibilité de conserver le pouvoir, espèrent avoir le temps de promulguer quelques décrets avant d’être balayés. Ainsi, la commissaire du peuple à l’assistance publique Alexandra Kollontaï déclare au capitaine Jacques Sadoul, de la mission militaire française :  « Les bolchéviques succomberont sans doute mais avant de disparaître ils auront fait retentir des mots inconnus, des formules nouvelles qui ne seront plus jamais oubliés. Les décrets du Gouvernement révolutionnaire russe seront pour le prolétariat de demain ce que furent pour le Tiers Etat les décrets de la grande révolution française, un phare éclairant un monde meilleur. De nouveaux espoirs seront éveillés, de nouvelles luttes seront suscitées ». Elle n’est pas la seule à penser ainsi que l’essentiel est de laisser un héritage pour les décennies à venir.

Lénine, Trotsky, Sverdlov et d’autres ont une conception très différente. Pour eux la révolution russe doit et peut être la première d’une série de révolutions sociales qui devraient secouer l’Europe et les empires coloniaux, la Chine, l’Amérique latine. Elle doit contribuer à transformer les révoltes provoquées par le rejet grandissant de la guerre  en révolutions victorieuses renversant le système qui avait produit la monstrueuse première guerre mondiale et briser ainsi l’isolement de la Russie soviétique. Clemenceau le craint. Il déclare le 21 janvier 1919:  « Le bolchevisme s’étend (…). Si le bolchevisme après avoir gagné l’Allemagne allait traverser l’Autriche et la Hongrie et atteindre ainsi l’Italie, l’Europe serait mise en face d’un grand danger ». Quatre jours plus tôt le 17 janvier: Henry Wilson, chef de l’Etat-major général de l’Empire britannique, notait dans son Journal  « Nous sommes assis sur une mine qui peut sauter d’une minute à l’autre ».Quelques semaines plus tard, le même Henry Wilson, face aux grèves à répétition qui agitent l’Angleterre et aux troubles qui secouent l’Empire britannique rongé par les aspirations à l’indépendance nationale écrit à l’amiral commandant la flotte anglaise de la Baltique :il  faudrait « retirer nos troupes d’Europe (continentale) et de Russie  et concentrer nos forces sur les centres d’où partent contre nous des tempêtes, c’est-à-dire l’Angleterre, l’Irlande, l’Egypte, les Indes. »

 

 

 

– Pourquoi peut-on dire qu’il y a plusieurs catégories de « Russes blancs » ?

 

 

 

Bien sûr, comme dans tout courant politique il existe des nuances  chez les Russes blancs, surtout si l’on inclut dans leurs rangs des « socialistes populaires », très marginaux, comme Nicolas Tchaïkovski, mais je ne  crois pas  que l’on puisse à partir de ces nuances 653e7162d1dec186772aa5d92a12b2c8parler de plusieurs catégories de Russes blancs.  Prenons un exemple éclairant : les principaux chefs blancs, Denikine, Koltchak, Wrangel, quoique monarchistes,  se prononcent  non pour le rétablissement de la monarchie mais pour une consultation de la population au lendemain de la défaite des bolcheviks pour définir le régime futur de la Russie . Le corps des officiers a, dans sa majorité, des convictions monarchistes profondément ancrées et affichées .Différence fondamentale ? Certainement pas .Chez les généraux blancs il s’agit d’un calcul politique plus ou moins bien compris ou accepté par les officiers. Les chefs blancs en exil sont divisés entre eux : les querelles et désaccords entre Denikine, Koutiepov, Krasnov ou Wrangel sont notoires. Finalement en 1941 Krasnov constituera une unité SS de cosaques pendant la deuxième guerre mondiale alors que Denikine refusera toute collaboration avec les Nazis. Ces différences, marquées dans ce second exemple, permettent-elles de définir  deux catégories de Russes blancs ? C’est bien douteux.

 

 

 

 

– On retient souvent la peur des sociétés européennes face au danger bolchévique mais y’a-t-il eu également une certaine séduction dans ce que Lénine présentait comme le « pays le plus libre du monde » ?

 

 

 

La « séduction » tient à trois facteurs :

–           le rejet massif de la guerre, des massacres et des ruines qu’elle a provoqués, et le fait que selon le mot de la socialiste allemande Rosa Luxembourg « les bolcheviks ont osé » ,et eux seuls, rompre avec le système qui avait engendré la boucherie .

–           les bolchéviques affirment une ambition mondiale : ils ne veulent pas seulement renverser le système en Russie, mais présentent la révolution russe comme une étape, la première, d’un bouleversement planétaire.

–           malgré la guerre civile, la famine, et les ravages meurtriers du typhus et du choléra le nouveau régime annonce la formation d’un nouveau système de relations humaines, marqué en particulier par les mesures pour l’émancipation des femmes( depuis des mesures législatives comme le droit au divorce et le mariage civil jusqu’à des mesures sociales comme la création de cantines publiques, crèches et j’ardins d’enfants pour libérer les femmes des tâches ménagères ,création qui restera marginale vu les conditions terribles de la guerre civile et la famine ambiante).

 

 

 

– L’idée du complot mondial juif est né dans la Russie tsariste et la propagande blanche a souvent lié les bolchéviques avec les Juifs. La Guerre civile a-t-elle servi de prétexte pour relancer les attaques antisémites ?

 

 

 

Les Protocoles des sages de Sion qui attribue aux juifs  le projet diabolique de vouloir contrôler et dominer le monde ont été fabriqués en 1903 par les deux policiers russes Pierre Ratchkovski et Mathieu Golovinski ; Nombre de Blancs croient en l’authenticité de ce faux. Ils ne sont pas les seuls Winston Churchill et Henry Ford y croyaient bien ! Certains généraux blancs y ajoutent foi. Les soldats de Denikine entraient souvent dans les villes en chantant à tue-tête

Nous irons au combat hardiment

Pour la sainte Russie

Et nous massacrerons

Toute la racaille des youpins.

ou encore …

Buvons pour la sainte croix

Et pour la liturgie

Et pour le slogan : « Mort aux Juifs ! »

Et sauvons la Russie !

 

Une caricature de l’armée blanche représente le Christ portant sa croix, harcelé par un marin et une prostituée, marchant sous les ordres de Trotsky, suivi d’un quatrain vengeur :

À travers le sang et les poitrines des cadavres

Léchant leurs lèvres pâles,

Le petit fils-de Judas envoie de nouveau

Le Christ crucifié sur le Golgotha.

 

Une autre caricature blanche, très répandue, représente Trotsky, le nez fortement busqué, l’étoile de David sur la poitrine, enjambant le mur du Kremlin au-dessus de monceaux de crânes.  Une autre, moins connue, montre une jeune fille en robe blanche, symbole virginal de la Russie, étendue ligotée au pied de Karl Marx. Dressé au – dessus d’elle, Trotsky, en tablier de boucher, brandit un coutelas qu’il va plonger dans son sein palpitant. Six bolcheviks juifs entourent à sa droite l’ordonnateur de ce crime rituel. Un autre dessin montre Trotsky, le nez toujours aussi busqué, les lèvres dégoulinantes de sang comme un vampire, embroché par la baïonnette d’un soldat de l’Armée des Volontaires.

C’est là et alors que naît l’idée du « judéo-bolchévisme », destinée à un triste avenir.

 

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– La religion fut-elle totalement pourchassée par le jeune pouvoir soviétique ou il existait tout de même une certaine tolérance ?

 

 

Beaucoup dépend du moment auquel on se place (pendant la guerre civile ou après)…et de quelle religion on parle. D’abord bien sûr de la religion et de l’’Eglise orthodoxes.

L’Eglise orthodoxe entre vite en conflit avec le gouvernement bolchévique car celui-ci le deuxième jour du congrès des soviets fait voter le transfert aux comités agraires des terres appartenant à la couronne, aux grands propriétaires ainsi qu’à l’Eglise, en particulier aux monastères, souvent richement dotés. A ce premier motif de conflit s’ajoutent la constitution d’un état-civil retirant aux diverses églises l’enregistrement et la comptabilité de leurs ouailles, la promulgation de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, de l’Eglise et de l’école, et l’instauration à la fois du mariage civile et du divorce.

 

D’abord persuadée, comme tout le monde, dont certains dirigeants bolchéviques eux-mêmes, que les bolchéviques n’allaient tenir que quelques jours, au mieux quelques semaines, e  L’Eglise orthodoxe n’avait d’abord rien dit rien dit. Soudain, le 2 décembre, le patriarcat présente au nouveau gouvernement la bagatelle de vingt-quatre exigences. Elle exige le maintien de tous les privilèges l’Eglise russe dans l’Etat et l’appartenance du chef du gouvernement à la confession orthodoxe et ajoute : « le calendrier de l’Eglise orthodoxe est reconnu comme calendrier de l’Etat ». Au cœur de ces exigences, la  quatorzième et la quinzième concernent le mariage et le divorce. Le patriarcat exige: «  Le mariage religieux, conformément au  règlement religieux est considéré comme la forme légale du mariage. » et «  Les décisions de la  justice ecclésiastique dans les affaires de divorce et de la Stnicholasharbinreconnaissance de l’illégalité ou de la nullité du mariage célébré par l’Eglise sont considérés comme ayant force de loi. » La dix-neuvième revendication affirme : « Dans toutes les écoles laïques d’Etat et privées, l’éducation des enfants orthodoxes doit correspondre à l’esprit de l’Eglise orthodoxe ;l’enseignement de la loi Divine pour les élèves orthodoxes est obligatoire tant dans les écoles primaires et moyennes que dans les établissements d’enseignement supérieur ;les fonctions d’enseignement de la loi Divine dans les écoles relèvent du budget de l’Etat » ; la vingtième concerne l’armée : « La satisfaction des besoins religieux des membres de ‘l’Eglise orthodoxe qui servent dans l’Armée et la flotte doit être garanti par les soins de l’Etat :chaque unité de l’armée doit disposer d’un prêtre orthodoxe. » La liste des exigences se conclut, bien sûr,par l’argent : «  L’Eglise orthodoxe reçoit sur les fonds de la Trésorerie de l’’Etat sur un budget spécial , établi par la direction supérieure de l’Eglise et confirmé par voie législative, une dotation annuelle correspondant à ses besoins  et présentera les comptes des sommes reçues conformément aux règles habituelles. »

 

Le gouvernement bolchevik n’accorde aucune des  revendications. Le patriarche Tikhon fulmine; il qualifie, dans une déclaration publique du 19 janvier, les nouveaux gouvernants « d’esprits insensés» engagés dans une « entreprise réellement satanique ».Il leur promet la « géhenne éternelle » et interdit à tous les fidèles, sous peine d’excommunication  « d’entretenir une quelconque relation avec ces rebuts du genre humain. »

 

Dans la guerre civile qui se déchaîne alors le clergé orthodoxe se range le plus souvent du côté des Blancs. L’Eglise orthodoxe est donc soumise à une persécution que le retour de la paix civile dès la fin de 1920  va modérer. De plus, à cette époque Lénine veut rétablir avec la paysannerie, souvent croyante, des rapports que les réquisitions de vivres organisées pendant « le communisme de guerre » avaient sérieusement détériorés. Ce souci pragmatique amène Lénine à s’opposer à la propagande antireligieuse. La liste des mots d’ordre prévus pour le Ier mai. L’irrite. Dans une note à Molotov, il proteste contre le mot d’ordre « dénoncer le mensonge de la religion » : « C’est impossible. C’est un manque de tact. Précisément au moment de Pâques il faut (…) éviter absolument toute offense à la religion

 

Le 21 avril, la Pravda publie une lettre invitant à l’occasion du Ier mai «  à n’admettre en aucun cas aucune manifestation offensant les sentiments religieux de la masse de la population. » alors que les komsomols (jeunesses communistes) aimaient à parodier et ridiculiser les diverses manifestations religieuses. En même temps le parti bolchévique suscite ou du moins encourage une scission dans l’Eglise orthodoxe qui prend le nom de Eglise vivante et affirme sa volonté de collaborer avec le régime.

 

 

 

– Que retenir de l’alliance entre bolchéviques et anarchistes puis de leur division ?

 

 

 

Cette alliance a toujours été fragile et provisoire. L’anarchisme russe est surtout un courant paysan anti-autoritaire dont le meilleur représentant est Makhno et son armée insurrectionnelle qui veulent constituer une sorte de république paysanne autonome au cœur de l’Ukraine.

Cette aspiration à créer des communes autonomes plus ou moins vastes nourrit tous les groupes anarchistes de l’Altaï à Moscou. Les marins de Kronstadt qui se soulèvent en mars 1921 sont certes, pour certains d’entre eux, influencés par l’anarchisme, assez répandu  dans la marine dont le recrutement est largement paysan, mais leur révolte exprime d’abord et surtout un rejet du communisme de guerre et des réquisitions contre lesquelles leurs familles sur le continent se révoltent.

Peu avant leur insurrection des révoltes armées massives de paysans ravagent la région de Tioumen et d’Ichim au bord de l’Oural et la région de Tambov au Sud-Est de Moscou. Kronstadt se nourrit du même ressentiment et de la même protestation, plus que d’une idéologie anarchiste.

 

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– A quelle date peut-on affirmer que les troupes blanches sont totalement éliminées d’URSS ? Existe-t-il toujours des Tsaristes après le départ des Nazis ?

 

 

Après la défaite de Wrangel installé en Crimée en novembre 1920 , ne restent que de rares détachements blancs  au fin fond de la Sibérie , ceux du baron Ungern, capturé puis fusillé en septembre1921 et ceux de Semionov  qui se réfugie en Chine l’année suivante, en 1922.

La collaboration d’assez nombreux Blancs avec les nazis a éclairci leurs rangs. Ainsi Krasnov et Chkouro, chef de troupes de réserves cosaques intégrées à la Wehrmacht ont été pendus à Moscou en janvier 1947. Accusé de complicité avec les Japonais, Semionov, arrêté par le NKVD, est fusillé à Moscou en août 1946. Il est néanmoins resté de vieux monarchistes comme Rodzianko (mort en 1970) et Denikine (mort en 1947) émigrés aux Etats-Unis.

 

 

 

– Comment est perçue cette période trouble que fut la guerre civile dans la Russie de 2017 ?

 

 

Tout comme en France, il est difficile de répondre en se fondant sur les médias et autres moyens de communication d’une indépendance pour le moins très relative.

 

De plus, tout dépend perçue par qui ?

 

Pour l’Eglise orthodoxe la révolution russe est une apocalypse. Elle la maudit. Pour la couche des oligarques et des affairistes qui pullulent dans le pays, elle représente un passé à jamais révolu. Pour le pouvoir elle est un mauvais souvenir difficile à effacer pourtant de l’histoire nationale puisqu’elle a « ébranlé le monde ».

Aussi a-t-il formé un comité chargé de la commémoration de la révolution présidé par Sergueï Narychkine, le chef des services de renseignements étrangers et qui, à ma connaissance, n’a rien organisé de significatif.

Pour la masse de la population laborieuse  c’est-à-dire 80 % de la population qui vit dans des conditions difficiles, il est malaisé de répondre. Une partie d’entre  elle, soumise aux conséquences destructrices des privatisations-pillage, a sans doute la nostalgie d’une époque où existait le droit au travail – remplacé aujourd’hui par le droit au licenciement, partout cyniquement présenté comme créateur d’emploi.

 

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