Avec la sortie cette année de six adaptations de ses romans sur le grand et le petit écran : « La tour sombre », « Ça », « The mist », « Mr. Mercedes » et « 1922 », Stephen King reste un des écrivains américains les plus populaires depuis ces quarante dernières années. Traitant de nombreux sujets, il reste pour beaucoup de lecteurs le « King of horror ».

Pour parler de son style et de ses œuvres, nous avons échangé avec Emilie Fleutot, créatrice du site https://stephenkingfrance.fr/

 

 

– En quoi Stephen King reste un auteur incontournable de la littérature américaine ? Quel style a-t-il apporté ?

 

 

Je ne pense pas qu’il ait apporté un style particulier, même s’il a contribué à populariser le genre de l’horreur : il n’est pas le seul et surtout il est loin de ne faire que de l’horreur. Il est en revanche incontournable dans la littérature américaine car extrêmement populaire, mais aussi parce qu’il n’écrit que sur ce qu’il connaît. Et ce qu’il connaît le mieux, c’est l’Amérique : ses extravagances, ses bons côtés et ses travers. Il connaît les américains, leurs défauts, leurs qualités, et tout ce qui constitue l’Amérique profonde. Il aime son pays, ça se sent, mais il est également très critique vis à vis de lui, surtout pendant Bush, et encore plus depuis Trump.

 

 

– Le cinéma adapte de nombreux romans et nouvelles de Stephen King. L’oeuvre du King of Horror n’est-elle déjà pas un hommage au cinéma ? N’est pas une transposition du 7ème art dans la littérature ?

 

 

Ses livres ne sont pas des hommages au cinéma, bien que King soit un grand cinéphile et ait été extrêmement influencé par le cinéma dans sa jeunesse. C’est justement parce qu’il a été autant influencé, qu’il a autant pris de plaisir à aller au cinéma, qu’il a décidé d’inventer le principe des Dollar Babies : pour 1$, les droits de certaines de ses œuvres sont revendus à des étudiants en cinéma ou aspirants réalisateurs, pour qu’ils puissent se faire la main dessus. C’est sa façon à lui de rendre au cinéma tout ce qu’il lui a donné. Il est très détaché de ses adaptations, parfois producteur éxécutif ou complètement absent du projet, il s’en détache de plus en plus.

 

 

– Y’a-t-il une différence d’écriture entre Stephen King et Richard Bachman (son pseudonyme) ?

 

 

Et oui, même si à la base il a dû prendre ce pseudonyme parce qu’à l’époque on ne pouvait pas publier plus d’un livre par an, il en a profité pour publier sous ce nom des romans moins branchés « monstres » mais plus psychologiques, beaucoup plus tragiques, plus durs. King dénonce, dans tous ses romans, mais c’est dans ceux sous Bachman que l’horreur humaine est la moins camouflée.

 

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– Y’a-t-il un profil type du personnage principal des œuvres de Stephen King ?

 

 

Tous ses personnages sont très différents : en creusant la psychologie de ses personnages, King dénonce les maux de notre société. Les monstres ne servent qu’à appuyer son propos, ou le « métaphorer ». En revanche, il y a une mécanique au niveau des personnages qui ne bouge pas et qui est systématique dans ses romans : c’est le combat du Bien contre le Mal. Il aime les histoires de gentils qui se battent contre les méchants. Si ça peut manquer de subtilité dit comme ça, c’est en général loin d’être le cas.

 

 

– Avec entre autres « Carrie », « Chantier » ou « Dolores Claiborne », Stephen King s’est concentré sur les victimes qui se révoltent. La vengeance est-elle une réponse justifiée selon l’auteur ?

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Je pense que King a voulu exprimer un côté revanchard de personnes qui ont souffert à cause des autres. On pourrait aussi citer « Charlie » ou « Grand chauffeur ». Ça doit aller de pair avec sa volonté de « bien contre le mal » : quand on fait le mal ça nous retombe toujours dessus. Tous ses romans n’ont pas des happy endings (Carrie se venge mais meurt, Dolores ne s’en sort pas indemne…) et tous ses personnages maltraités ne prennent pas de revanche, mais je pense qu’il a besoin de donner du caractère à des gens que l’on aurait tendance à victimiser : une ado harcelée, une femme battue…

 

 

 

– Les enfants et adolescents sont souvent des personnages clés chez Stephen King. Sont-ils aussi ceux qui lui ressemblent le plus ?

 

 

Je ne dirais pas que King ressemble à des enfants, ou inversement. C’est son sujet préféré car pour lui, on peut tout faire quand on est enfant, simplement parce qu’on est enfant. Si un adulte se comportait comme un enfant, il se ferait enfermer en moins de 2h. Je pense que du coup, ça lui offre une réelle liberté d’écriture. On ne va pas juger les actes d’un enfant puisque « oh, c’est un gosse ».

 

 

– Le caractère sexuel est très présent dans le roman « Ça » alors qu’il est effacé du téléfilm et du dernier film. Le sexe est-il perçu par les adolescents de l’histoire comme, à l’image du clown Grippe-sou, à la fois attirant et terrifiant en même temps?

 

 

Non le caractère sexuel n’est pas réellement présent dans le roman. Bev se fait abuser pIt-International-Coverar son père, mais c’est tout. Et la scène de gang bang n’est qu’une scène sur un roman de 1700 pages. King lui-même dit qu’il ne sait plus pourquoi il a écrit ça comme ça et ça fait partie des « wtf » de son palmarès, mais c’est comme ça, et le sexe n’est pas plus présent que ça dans le livre. Dans le livre, pour les personnages de l’histoire, le fait de tous coucher avec Bev est leur seul moyen de tous se reconnecter les uns aux autres pour réussir à ne faire qu’un face à grippe-Sou, sortir des égoûts et le battre. On a ça aussi dans la nouvelle adaptation mais c’est moins explicite. Le sexe ne les préoccupe pas outre mesure.

 

 

 

– L’état du Maine avec sa vie monotone est un lieu central des histoires de Stephen King, est-il un personnage à part entière ?

 

Oui c’est certain !

 

 

– En quoi le roman « La tour sombre » relie de nombreuses histoires de Stephen King ?

 

 

Pour faire court, cette tour est au centre de tous les univers, qu’elle maintient sur ses rayons. Elle est donc au centre de ses œuvres. Donc la plupart de ses œuvres y font référence, mais certaines œuvres sont aussi reliées entre elles parce qu’elles sont partie du même univers. Dans « 22/11/63 », le professeur rencontre Bev et Eddie. Le barman de « Shining » est aussi le voisin d’un des gamins de « Ça ». Vous évoquiez « Dolores Claiborne » : le livre a une scène en commun avec Jessie. Ce qui est intéressant c’est que certains livres n’ont pas du tout le même sens selon si on connaît l’histoire de La Tour Sombre ou pas : « Insomnie », « cœurs perdus en Atlantide »…

« La Tour Sombre » est au cœur de l’univers de King, mais c’est un ovni dans sa bibliographie.

 

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