« Je l’aime beaucoup, parce que c’est un homme, un vrai et que dans la vie, on n’en rencontre pas tellement » Disait Jacques Brel en parlant de Michou, « le roi de Montmartre ». Tout vêtu de bleu (« parce que j’ai couché un jour avec un schtroumpf »), à 85 ans, Michou déborde toujours d’énergie et utilise avec panache le second degré. Une rencontre s’imposait avec ce passionné de la nuit parisienne.

 

Vous montez à Paris en 1949. Comment est née l’idée d’un cabaret ?

J’ai décidé de quitter ma ville natale Amiens à 19 ans pour pouvoir vivre convenablement. J’ai enchaîné les petits boulots où je gagnais très peu

L’idée d’un cabaret est arrivée grâce à une inconscience totale.

En 1956, Je me suis installé dans un petit village qui s’appelle Montmartre. C’est le lieu de la générosité, le lieu où la culture domine. Je m’occupais d’un simple bar au 80, rue des Martyrs. Puis, avec deux bons copains, nous avons décidé de nous déguiser en femmes célèbres pour le Mardi gras. J’avais choisi Brigitte Bardot.michou-en-bb Le succès a été immédiat alors nous avons eu l’idée de faire un spectacle. Nous voulions nous amuser ensemble, passer du bon temps. J’ai été précurseur d’une certaine manière.

J’ai adoré jouer Brigitte Bardot sur scène. Il paraît que nous avions les mêmes fesses. D’ailleurs, aujourd’hui nous avons toujours les mêmes (rires). Je finissais quasiment nu ce qui était très culotté à l’époque.

Au début, ce n’était pas simple avec les autres cabarets. Je les respectais, eux moins et puis finalement tout s’est arrangé.

Ne racontons pas tout. Je sors mes mémoires l’année prochaine.

Avec Michou, il y a aussi l’aspect social avec les spectacles pour les personnes âgées de Montmartre. Comment avez-vous eu cette initiative ?

J’ai eu une grande affection de la part de ma grand-mère. Je suis issu d’un milieu ouvrier et elle ne savait ni lire ni écrire. Elle m’appelait mimi, mes fiancés m’appelaient chouchou alors je suis devenu Michou.

Jeune, je vivais dans la misère et je ne pouvais aider financièrement ma grand-mère. J’ai eu beaucoup de regrets. C’est pour cette raison que j’ai tenu à m’occuper des personnes âgées. C’est le plus bel hommage que je pouvais faire à ma grand-mère.

Peut-on dire que vous n’avez jamais quitté la nuit ?

Mais pourquoi partir ? Toute la journée, je n’attends qu’une chose la soirée dans mon cabaret. Je ne vis que pour ça et le champagne me permet de continuer. C’est ma fontaine de jouvence.

Je suis le seul dans ce milieu qui depuis 61 ans vit de sa passion. A chaque fois, j’accueille les clients à l’entrée. C’est un pur bonheur. Ceux qui viennent sont forcément des amis.chezmimi

Le monde entier vient me voir. Bardot est venue avec son père, Dalida adorait venir et avait beaucoup d’humour. Les politiques aussi sont entrés. Les époux Chirac venaient parfois et même Jean-Marie Le Pen.

Avez-vous des conseils pour ceux qui débutent leur vie, leur carrière ?

J’ai vécu une belle époque mais je n’aurais cru jamais avoir un tel destin. Il faut s’accrocher et un jour, la chance arrive. Je vois tous ces jeunes qui essayent de vivre de leur métier. Certains ont chanté sur la Place du Tertre et sont devenus célèbres. Je pense à Zaz par exemple.

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